ON A LU... ET ON A AIMÉ

  Sommaire  

NOTRE BIBLIOTHÈQUE DANS LE DÉSORDRE DES YEUX ET DU CŒUR
Parce qu’un livre n’a pas d’âge et ne se démode jamais.


Nos impressions * MOYEN ** BIEN *** EXCELLENT **** SUPER

EN AVANT-PREMIÈRE (Sortie le 3 avril).

  *** CARGO BLUES de Audrey Sabardeil

Éditions le Bruit du monde. 384 pages. Prix : 21€. JPEG - 31.9 kio La mer et les gabians, voilà le décor planté de la Méditerranée ; à Marseille surtout ! La Corse et l’Italie pour témoins dans le lointain. L’Afrique déjà présente dès Noailles qui amène sur son marché coloré ses saveurs et ses parfums. Avec la Bonne-Mère pour phare et protectrice bienveillante. Pastaga, figatellis, navettes de la rue Sainte et kalash comme quotidien et connivences de façades. Car sous le bleu azur se cache l’économie - plus tellement souterraine - du trafic de drogue. Et tous les quartiers jadis « tranquilles » sont désormais concernés. Un système qui avale et broie dès 7-8 ans, séchant l’école pour faire le « chouf » celui qui crie quand les « bleus » débarquent au milieu des tours… Marseille quartiers nord ; un ancrage, une fierté ! écrit Audrey Sabardeil. Marseille-centre quartier de misère, des camés jusqu’à en mourir, des murs noircis et des portes cochères crasses, matelas à terre, squats et marchands de sommeil. Marseille maritime comme un cargo plein de blues, entre deux rives, du Vieux-Port à Odessa, de l’Estaque à Alger avec des expressions bien métissées par les ans et les comptoirs, mariant l’arabe, le rom, l’albanais, et le marseillais pour faire le compte. Marseille fada, une ville de fous animée par un peu trop de passion. Une ville des excès et de la magouille des entre-soi comme pour le drame de la rue d’Aubagne (8 morts) mêlant négligence des politiques et des administratifs… Marseille misère, Marseille violence. Marseille mafia sans vergogne et sans pitié. Mosaïque du monde comme un puzzle de proxénètes de tous les pays, serbes, russes, albanais, ex-yougos dirigeant des réseaux de prostitutions, avec le crack pour moteur du futur ! Cargo blues nous entraine dans l’opération « place nette » destinée à raser les vieux quartiers insalubres pour y faire du neuf. Ultra neuf ! Peinture fraîche payée par l’argent sale des dealers, promoteurs, flics ripoux… la liste est longue. Un refrain, pas de fiction, déjà entendu en 1945 avec la rafle sur le Vieux-Port et la destruction du quartier du Panier qui a vu surgir de ses ruines peu après les bâtiments ventrus et cossus actuels. Au travers d’une histoire ordinaire, Audrey Sabardeill nous entraine via ce premier roman prometteur dans un vrai scénario à la Olivier Marchal. Un 3e roman réussi dont on tourne les pages avidement. La Méditerranée est un bon creuset pour nous raconter des histoires.

Jean-Pierre Tissier

Présentation et rencontre publique avec Audrey Sabardeil pour la sortie du livre, le 3 avril à 18 heures à la librairie Maupetit à Marseille


  **** IN EXTREMIS de Anouk SHUTTERBERG

Sortie le 13 mars 2025. (Thriller) Récamier Noir. 400 pages. Prix : 20,90€. JPEG - 17.8 kio Le résumé. Entre pics enneigés et tueur sadique, un nouveau thriller sous haute tension dans le milieu des sports extrêmes. En Savoie, le torrent de la Leysse à Chambéry est le théâtre de mises en scène macabres, étrangement esthétiques, avec la découverte de têtes de femmes maquillées avec soin et coiffées de couronnes d’edelweiss. Les indices convergent vers Val Fréjus, station réputée pour les sports de glisse. C’est alors que Marie, athlète médaillée aux Jeux Olympiques férue d’activités au risque absolu, s’évapore. Axelle, sa sœur journaliste locale, mène l’enquête et infiltre la petite communauté des fans d’adrénaline. En altitude, derrière la bonne humeur et les sourires, un psychopathe se cache. Dans ce huis clos à ciel ouvert, le paysage hostile s’accorde avec une atmosphère angoissante. Là-haut, tout le monde est suspect. Quel sera, pour Axelle, le prix à payer pour découvrir la vérité ? Un thriller machiavélique et glacial qui ravira les amateurs de sensations fortes.
« La traque du tueur en altitude, le relent de la bête tout près, celui du psychopathe qui joue au chat et à la souris... C’est le leitmotiv lancinant et parfois terrifiant de ce 4e opus d’Anouk Shutterberg qui nous entraine en haute-montagne entre sports de glisse de l’extrême et vie débridée le soir dans les bars et chalets enneigés, car la nuit tombe si vite... C’est là que l’incarnation du Mal sévit à ciel ouvert comme dans un film ou une pièce de théâtre avec son lot d’horreurs charriant des têtes décapitées de jeunes femmes fleuries d’edelweiss dans le torrent traversant le village.
Jouer un rôle toute sa vie tel est le challenge que s’est fixé un jour le jeune Bekers à 21 ans en tuant de manière « acceptable et accidentelle » ses propres parents qui le regardaient toujours de travers avec son pied bot. Mais ce petit diable avait déjà sévi à 11 ans en faisant volontairement un croche-pied à son frère, le faisant chuter dans un ravin. Le faisant revivre des années plus tard, comme dans un rôle de composition pour jouer dans cette deuxième vie avec des jeunes femmes séquestrées et violentées sadiquement jusqu’à l’impossible. Séquestrer et jouer ou le Diable fait acteur ! Avec deux rôles à jouer. Celui du Sauveur grimé, maquillé, transformé, venant rassurer et délivrer des sévices dans cette salle de tortures et celui du Malheur pour mieux sublimer la terreur soudaine et la douleur inhumaine de ses proies. In extrémis est un thriller fou, implacable et sur le fil du rasoir, où incarner deux personnages si différents dans la réalité aux yeux de tous est une prouesse quotidienne phénoménale, et ce plusieurs fois par jour, sans que personne ne s’en rende compte. Attrapé in-extremis, l’homme qui voulait faire du théâtre mais dont le père n’avait jamais accepté, nous rappelle un jeune politicien allemand qui lui se voulait peintre, et dont le refus familial l’a transformé en un esprit fou et satanique toujours en fureur. Il faut vraiment se méfier des contrariétés éternelles. »

Jean-Pierre Tissier

  *** UN CRIME PARFAIT de Olivier WAGNER

Edition Ubaye et Navarre 180 pages. Prix : 12€. Sorti le 5 septembre 2024. JPEG - 25.6 kio Le résumé. Fred Lelièvre en est sûr, réaliser un crime parfait ne doit pas être bien compliqué et il va le prouver. Mais on a beau avoir tout planifié, quand la concierge de votre immeuble tombe amoureuse de vous, rien ne se passe comme prévu. Un roman policier inattendu qui vous tient en haleine du début à la fin.
« C’est un livre qu’il faut absolument lire, car lorsque l’on le commence on essaie inévitablement d’entrer dans la peau du personnage qui cherche à venger la mort de son fils, mais par un crime parfait ! Mais il va falloir compter avec la concierge ! Et là, toutes les phases du crime s’enclenchent … et le jour venu, on termine le livre en se disant « Ben mince alors ! » Car la fin est totalement imprévisible mais le crime est parfait ! »

Muriel Gaillard

  **** LES VEUVES de Pascal ENGMAN

Sorti le 5 mars 2025. 520 pages. Editions Nouveau monde. Prix : 22 €. JPEG - 14.9 kio Le résumé Stockholm, mois de novembre, un policier est retrouvé mort dans un parc. L’homme, qui travaillait au sein d’un service de lutte contre les gangs, a été tué de deux balles dans le dos. Un peu plus loin, la police découvre aussi le corps d’une femme. Probablement un dommage collatéral. Les enquêteurs se concentrent sur le meurtre de leur collègue. Lorsque Vanessa Frank est appelée sur l’affaire et qu’elle découvre que la jeune Syrienne décédée était sa fille adoptive, les investigations prennent une nouvelle tournure. Vanessa est sous le choc. Natacha était-elle vraiment celle qu’elle prétendait être ? En tentant de faire la lumière sur ces deux meurtres, l’enquêtrice va se retrouver au cœur d’un réseau terroriste islamiste implanté en Suède. Avec l’aide officieuse de son ami, l’ex-soldat d’élite Nicolas Paredes, elle suit la piste d’une cellule dormante. Vanessa doit avancer avec prudence – sa mission est plus complexe et dangereuse que jamais. Mais n’est-ce pas déjà trop tard ?
* Les Veuves est le deuxième thriller traduit en France par Catherine Renaud de l’auteur star suédois Pascal Engman, après Féminicide, paru en 2023 chez Nouveau Monde.

« Voilà un vrai polar glaçant dans tous les sens du terme car l’histoire se passe en Suède où dès 13 heures il fait nuit, où il pleut énormément, où il neige aussi … Et au milieu de cette météo catastrophique aux antipodes de notre Provence, on suit une équipe de combattants de Daesch prêts à tuer des milliers de personnes au nom de l’Islam. Mais la Police suédoise et la SapÖ les traquent. On plonge tout de suite dans ce livre et on ne le quitte qu’à la dernière page. Epoustouflant ! »

Muriel Gaillard

  **** VERSANT NOIR de Lison LAMBERT

Sorti le 12 février 2025. Editions Hugo publishing Collection Impact. 248 pages. Prix : 19,96 €. JPEG - 24.6 kio Le résumé Versant Noir est un thriller d’aventure à la tension asphyxiante qui vous embarque dans une course contre la mort au sommet de l’Everest entre vertige et vengeance. Vous allez vous attaquer à quelque chose qui vous dépasse. Car parfois, la montagne tue. Chaque année, en moyenne, cinq alpinistes perdent la vie durant l’ascension de l’Everest. Alex, vingt-cinq ans, ancienne championne de saut à ski et Jef, son père, guide de haute-montagne aguerri ont suffisamment l’expérience des sommets pour le savoir. Même s’ils n’ont encore jamais gravi cette éminence que les Népalais nomment « la déesse qui touche le ciel ». Quand ils acceptent l’invitation d’Aniruddha – un jeune sherpa qui vient de fonder la première agence d’expédition commerciale népalaise – et se joignent à la cordée vers le sommet, ils pensent pouvoir maîtriser les éléments. Mais sur l’Everest, la zone de la mort n’est peut-être pas celle qu’ils redoutaient. Versant noir est un livre IMPACT, la collection de polars et de thrillers reconnectés aux questions sociétales (le post #meetoo, les nouvelles technologies, les questions environnementales...).
« C’est un livre vraiment passionnant qui nous mène au Népal au pied de l’Everest avec toute l’énorme organisation nécessaire pour une ascension. Un récit très bien écrit avec des paysages qui font rêver mais aussi une cordée d’évidence vouée à l’échec. Pourquoi tous ces morts et cette enquête menée par les deux rescapés. Le clash de la fin nous donne encore froid dans le dos. Terrible ! Glaçant ! A lire absolument ! »

Muriel Gaillard

  **** ANTOINE, UN FILS AIMANT de Sandrine COHEN

(Éditions Belfond noir). Sortie le 6 février 2025. 384 pages. Prix : 20€.. Coup de cœur Blues & Polar/Comtes de Provence 2021 pour son premier polar « Rosine une criminelle ordinaire » paru aux Editions Le Caïman, - mais elle n’avait pas pû venir au festival - Sandrine Cohen sort son 3e roman noir.
JPEG - 32.4 kio Le résumé. À dix-sept ans, Antoine Durand est un lycéen brillant, sans histoires, qui grandit dans la banlieue huppée de Meudon. Jusqu’à ce dimanche de février : en plein repas familial, Antoine pointe un fusil de chasse sur son père. Pour le braver, mais l’arme est chargée ; Xavier meurt sur le coup. Enquêtrice de personnalité, Clélia Rivoire se charge du dossier. Son boulot : retracer la trajectoire de vie du prévenu pour qu’il comprenne son passage à l’acte, et apporter des pièces au dossier en vue du procès. Mais le garçon est un roc. Aucune émotion, un discours maîtrisé et une fine connaissance du système judiciaire français. Pourquoi refuse-t-il la main tendue de Clélia ?

« Clélia Rivoire n’aime pas l’autorité et a parfois du mal à se contrôler et à se supporter. Mais elle possède un don de perspicacité incroyable pour faire surgir des vérités dissimulées… et des secrets de famille ! Car c’est là qu’ils se cachent, ces horribles mystères intrafamiliaux tapis au creux des abimes de l’âme humaine. Justement, là où Clélia excelle dans l’analyse des comportements déviants. Enquêtrice de personnalité auprès des tribunaux, telle est sa fonction, avec pour mission de percer les mystères de ces vie cabossées dès l’enfance pour en comprendre les rouages.
Mais la sienne de personnalité reste tourmentée. Border-line, forte en gueule, ingérable, mais fragile – comme la merveilleuse chanson de Sting - car elle a subi son propre lot de blessures profondes et ineffacables. Elle doit en l’occurrence expliquer le geste d’Antoine 17 ans (mineur) qui a tué son père d’un coup de fusil dans la cuisine de leur maison. Accident ou pas, voire crime avec excuse de minorité donc. Clélia veut trouver un sens à ce geste face au mutisme d’Antoine, mais peut-être que tout n’a pas de sens ? Que la violence surgit parfois sans raison ? Comme une pulsion… La Justice est une affaire de droit pas d’affect disent les avocats. Et pourtant ils ne se privent pas d’effets de manches voire de silences, pour jouer de l’affect face aux jurés en Cour d’assises… Clélia se heurte à un mur alors que la Justice doit être rendue. Mais elle est dans un monde qui préfère punir que comprendre et soigner. Un système dans lequel elle suffoque. La vérité, rien que la vérité, toute la vérité, c’est ce qu’elle veut pour arrêter le cycle de la violence. Y parviendra-t-elle ?
Sandrine Cohen avec son écriture fluide pleine de questionnements, mais empreinte d’humanité pose un regard sur une société autant Dr Jekill que Mr Hyde car le silence tue aussi sûrement que les coups ou la maltraitance.
Mais quelle est l’origine de cette violence qui se perpétue dans les familles au-delà des générations comme un gène maudit. Une main noire dans une main blanche, une main d’homme dans une main d’homme ? Il suffit de peu pour enclencher la violence depuis des siècles et la perpétuer. La Justice n’a donc pas la tache facile ; car comme disait André Malraux, « Juger c’est évidemment ne pas comprendre, car si l’on comprenait on ne pourrait plus juger. » L’épilogue du livre de Sandrine Cohen montre toute la complexité du problème car il faut bien que la Justice passe. Mais à quel prix. »

Jean-Pierre Tissier

  *** SANS COLLIER de Michèle PEDINIELLI

Éditions de l’aube. Format semi-poche 120 x 180. Sortie le 24 janvier 2025. 256 pages. Prix : 10,90 €. JPEG - 50.5 kio Le résumé. On les appelait canl sciolti, chiens sans collier, parce qu’ils ne voulaient appartenir à aucune organisation politique dans cette Italie des années soixante-dix, quand toute une jeunesse rêvait de renverser la table pour changer le monde ! Ce pan de l’histoire italienne va faire irruption de manière inattendue dans la vie de Ghjulia Boccanera, détective privée, occupée à rechercher un jeune ouvrier mystérieusement disparu d’un chantier pharaonique de Nice. Entre menaces étranges et réminiscences floues, les chemins sont complexes pour dénouer les fils de cette histoire dans laquelle tout le monde semble porter un secret…
« Polar certes, mais polar aux ramifications sudistes historiques et politiques nouant intimement la France et l’Italie au cœur de la Riviera. Au travers de ce que le soleil, la mer et les paillettes drainent derrière eux au quotidien depuis des lustres, du promoteur immobilier à l’ouvrier étranger sans-papier et aux marchands de sommeil. Chacun, pourtant aux antipodes des autres ayant néanmoins besoin de bras et de sueur pour mener à bien leurs réalisations bétonnées. Eh oui, il y a toujours des épines aux plus belles roses… Ghjulia Boccanera détective privée née à Nice, après avoir été journaliste à Nice-matin évolue comme un poisson dans l’eau dans ce milieu niçois où la Corse n’est jamais loin et où les réminiscences des années de plomb italiennes si sanglantes et meurtrières des seventies constituent une trame revendicatrice portée à l’époque par une jeunesse avide de refaire le monde, mais de façon anarchiste et révolutionnaire. Détruire mais ne jamais gouverner ! Entre deux bouffées de chaleur dues à sa ménopause, l’enquêtrice pourfendeuse de l’expansion niçoise bétonnée à outrance nous ramène à l’explosion de la gare de Bologne le 2 août 1980 avec son cortège funèbre de 85 morts et 200 blessés. Le « Coup de folie de la Loge P2 » synonyme de douleur et d’incompréhension, car que peut-on gagner avec cet acte terroriste si injuste et si meurtrier ? Un polar très méditerranéen où il ne faut pas se perdre dans les vieilles ruelles niçoises ou les travées de chantier, mais nous sommes en Italie où même les muets parlent aussi avec les mains. »

Jean-Pierre Tissier

« Dans ce polar, la détective privée – et ancienne journaliste indépendante - enquête sur deux affaires. L’une concernant un parti politique italien composé de jeunes révoltés en guerre contre le gouvernement en place, l’autre concernant la disparition de deux ouvriers immigrés dans le monde du BTP. Mais tout le livre est émaillé de citations et d’expressions niçoises dont raffole Guhjulia Boccanera et on ne peut que sourire lorsqu’elle évoque sa ménopause qui la rend prolixe et bien d’autres jurons de la cité niçarde dignes d’un San Antonio ayant migré sur la Côte d’azur. J’ai adoré ! »

Muriel Gaillard

  **** COMMANDANT SOLANE de Jérémie CLAES

Editions Héloïse d’Ormesson. Prix : 22 €.
JPEG - 51.8 kio Le résumé Sur la plage de Cannes-La Bocca, des corps s’échouent sous les yeux effarés des vacanciers. Quarante-deux au total, dans un état effroyable : carbonisés et mutilés. Pourquoi ont-ils été si sauvagement exécutés ? Révolté par ce drame que l’on cherche à étouffer, Solane, flic à la retraite, reprend du service et se lance dans une enquête explosive. Il pourra compter sur Jasmine, activiste pour les droits des réfugiés, et Moussa, seul survivant du massacre. Mais dans ce département gangréné par le Rassemblement Patriotique, parviendront-ils à déjouer les sombres desseins d’une milice qui mène une croisade terrifiante ? Thriller percutant et humaniste, Commandant Solane dénonce l’inaction politique face à la tragédie des migrants et la montée des groupuscules nationalistes. Malgré le piège implacable qui se referme, Jérémie Claes nous offre aussi des parenthèses savoureuses où l’humour et la dérision se révèlent des armes redoutables.

« Ce deuxième roman de Jérémie Claes – après « L’Horloger » qui a été le premier de nos cinq Coups de cœur Blues & Polar/Comtes de Provence 2024, c’est comme un bonbon délicieux que l’on savoure à toutes les pages. Cette fois-ci, le sujet est l’immigration et la montée des groupuscules nationalistes. On est donc confronté de plein fouet à l’horreur que subissent tous ces migrants tentant de franchir la Méditerranée pour arriver sur les côtes italiennes. Et d’un autre côté, on a le commandant Solane qui nous fait sourire avec son franc-parler et une description enchantée du haut-pays cannois qui nous fait rêver et voyager… C’est un très, très, très bon livre dans la lignée de l’Horloger. Vraiment formidable ! »

Muriel Gaillard

« Une nouvelle fois, Jérémie Claes – dont ce n’est que le 2e roman – nous embarque sans tambour ni trompette, mais avec cloches et mortier de gros calibre dans une aventure tonitruante et rocambolesque où l’humour est comme un spéculoos dont on croque une miette toutes les 3- 4 pages avec délice. Un livre qu’on dévore et qu’on déguste à petites lampées de ces vins charnus ou gouleyants dont le caviste bruxellois Jérémie Claes nous abreuve à la moindre occasion grâce au duo Solane-Le Busard, ces deux grands flics fins connaisseurs du Bellet des coteaux niçois et du Pibarnon rosé de Bandol… « On appartient à la Roya avant d’être Italien, Français, Arabe ou Africain ! » Cette phrase en forme de credo humaniste est le fil rouge de ce livre qui s’ouvre sur un médecin légiste face à 42 corps autant noyés que martyrisés ou calcinés. Une énigme qui pue l’enfer et fend le cœur. Mais que ce livre est poignant et terriblement poilant également car Jérémie Claes distille un humour surréaliste entre San Antonio, Georges Simenon et les Monty Phyton. Et ces situations burlesques nous aident à avaler la pilule de la tragédie qui se noue quasi-quotidiennement en Méditerranée avec ces vagues noires venue d’Afrique qui s’échouent sur les plages de la Côte d’azur et de la Riviera causant désordre et effroi. Ces vagues de mort qu’on ne veut pas voir. Vagues porteuses de tant d’espoir d’une vie nouvelle en Europe, portées par de frêles esquifs surchargés de toutes parts, pourris, troués, en route pour l’enfer et ses abysses éternels. On y découvre tous les aspects si divers de la politique migratoire, ses effets, ses non-effets, son manque d’efficacité et de fraternité aussi. Avec deux mondes de pensée qui s’affrontent, non pas à mains nues mais à coups d’explosifs dans une boite gay cannoise, au Planning familial, signant ainsi leurs forfaits d’odeurs passéistes et nauséabondes. Un cocktail explosif qui prend corps à Lampedusa premier port italien en Méditerranée depuis l’Afrique. Plus proche d’elle que des côtes italiennes. Là des milliers d’âmes perdues errent ; Sénégalais, Maliens, Tunisiens, Marocains, Algériens... souvent francophones bloqués plus tard à Vintimille, où là des passeurs mafieux au service d’oligarques russes proposent leurs services… avec une ombre au tableau aux allures sataniques qui surveillent tous ces mouvements pour le pire, et rarement le meilleur. »

Jean-Pierre Tissier

  *** DEAL de 6

Sortie le 15 janvier 2025. Editions Nouveau monde. Collection Sang-froid. Format Poche. Prix : 9, 50€.
JPEG - 23.8 kio Premier livre de 6, Deal est une plongée ultra réaliste dans la tête, le quotidien d’un jeune devenu dealer dans les années 90. Mais un de ceux dont on ne parle jamais. La face cachée de la pyramide. Sec et provocateur, ce récit d’une trajectoire personnelle est aussi celui d’une époque et de tout un système, que l’on ne connaît souvent que par le prisme des médias. Un roman noir impossible à lâcher.
Le résumé. « Jamais la question du bien et du mal ne m’a taraudé. Jamais la peur de l’interdit ne m’a assailli. En tout cas pas au point de faire machine arrière. Tout était simple et naturel, comme si cela avait toujours été là. « Mais pourquoi il a fait ça ? Hein pourquoi ? Maman était gentille, papa n’était pas là ? Le béton, l’immigration ? Bourdieu à l’apéro et Jung au dessert ? » Les bonnes âmes pensent souvent, à tort, que le crime, l’illicite, appelez ça comme vous voulez, est un non choix, une malédiction qui s’abat sur vous et dont vous êtes la pauvre victime innocente écrasée par le poids d’un tragique destin qui s’impose à vous. Mais à de très rares exceptions, c’est un choix. Certes, vous êtes souvent trop jeune pour en saisir toutes les conséquences à l’échelle d’une vie, mais vous savez très bien ce que vous êtes en train de faire. Je savais très bien ce que je faisais. Bien sûr, il y a l’attrait de l’illégal, le sulfureux, l’excitant et plus prosaïquement avec les drogues la possibilité d’avoir sa consommation gratuite, mais ça n’explique pas tout… »

« Ce livre est un guide étoilé du consommateur de drogues toutes sortes habitant une cité. On y apprend comment on commence à consommer comme dans un un Abécédaire c pour cocaïne, c pour cannabis, c pour coke, c pour crack, h pour haschich, b pour beu, h pour héroïne, et un s... comme saloperie mortelle ! On découvre aussi les prix, les moyens de consommer… C’est intéressant et instructif et on regarde peut-être les drogués d’un autre regard. »

Muriel Gaillard

  *** MUSIC CONNECTION

 LES PARRAINS DE LA MUSIQUE AMÉRICAINE DE STEVEN JEZO-VANNIER

JPEG - 48.5 kioLe trépidant récit de l’alliance historique entre musique populaire américaine et mafia au XXe siècle. Editions Le Mot et le reste. Sorti le 22 novembre 2024. 176 pages. Prix : 22 €.
Le résumé. Les plus belles fleurs poussent dans le fumier, dit l’adage. La musique américaine a germé dans le terreau fertile de La Nouvelle Orléans, à l’aube du XXe siècle. Dans les bas quartiers où ils sont nés, musiciens et gangsters ont scellé une alliance aux intérêts réciproques. Ils ont cheminé côte à côte des bordels de Storyville aux buildings de Los Angeles, profitant du tremplin des clubs d’Al Capone et des théâtres de Broadway. À Chicago, New York, Kansas City, la musique a explosé partout où la pieuvre mafieuse a étendu ses tentacules. L’âge d’or de la Prohibition a offert à la pègre le contrôle de l’activité musicale. Jazz, blues, rock, et pop ont évolué sous la protection des parrains de la mafia, jusqu’à leur chute dans les années 1990.

Quatre millions d’italiens et siciliens ont traversé l’Atlantique bercés par le rêve américain à l’aube du XXe siècle, aux côtés d’irlandais, européens de l’Est et juifs. Avec dans leurs bagages leur propre culture, souvent violente et brutale, dans la lignée de la mafia sicilienne apte à se fondre dans toutes les opportunités visant à se faire de l’argent facile et sale, notamment en Louisiane, où la Nouvelle-Orléans avec son « Vieux carré français » véritable pépinière de lieux interlopes a été la matrice de la musique américaine née dans les clubs tenus par les malfrats. Le point de départ d’une union étrange où en pleine période de ségrégation envers les noirs, la pègre et les musiciens eux, vont faire une longue route ensemble en faisant abstraction du racisme, chacun y trouvant son compte.
Cette naissance du « jass » devenant le jazz – car plus facile à prononcer - Steven Jezo-Vannier la raconte d’une manière savoureuse riche d’anecdotes allant des débuts du business commun où les musiciens noirs sont en vedette alors des ricains blancs lynchent chaque jour des noirs ou les pendent aux arbres dans le sud, générant l’incroyable blues qui noue les tripes qu’est le « Stange fruit » de Billie Holiday. Ainsi nait - en réaction - le blues dit « hot » pour danser et célébrer ce partenariat malfrats et musique, car ce sont les gangsters qui font tourner la pompe à dollars… Intérêt commun et dépendance réciproque et qui va s’accentuer avec la prohibition le 17 janvier 1920 et un trafic d’alcool réalisé à 90% par les Siciliens et les Juifs. Jeux, saloons, bordels, bars… tout devient clandestin et la corruption fonctionne à plein régime. C’est un fantastique voyage dans le temps et dans l’histoire du jazz de Sidney Bechet, Louis Amstrong, Lionel Hampton, Duke Ellington, Earl Hines, Fats Waller… et du blues chanté surtout par les femmes à l’époque via Ma Rainey et la grande Bessie Smith…
On découvre l’histoire des premiers microsillons et les subtilités pas toujours évidentes de Cosa nostra qui a favorisé l’innovation musicale en développant les clubs à coups de whisky et de porte-flingues.
On y apprend même que Al Capone était (dans sa face cachée) un grand sentimental qui adorait lquand l’orchestre jouait pour lui « Les roses de Picardie » à qui Yves Montand a redonné une seconde jeunesse dans les années 80. Les cornets et trompettes des musiciens étaient alors remplis de billets comme la pochette colorée du chef d’orchestre.
Il n’y a pas de bouillonnement musical sans que plane l’ombre d’un doute. Intérêts communs et dépendance réciproque. Un livre qui se déguste avec un bon whisky irlandais et un morceau de Count Basie.

Jean-Pierre Tissier

  **** LIGNE ROUGE de LAURE ROLLIER

Éditions Récamier Noir. 280 pages. Prix : 20€. Sortie le 30 janvier 2025.JPEG - 16 kioLe résumé Tic-tac, tic-tac... Il est temps de suivre la ligne rouge. " Les secrets bien gardés ne le restent jamais pour léternité. Niels et Jennifer, anciens amis denfance, pensaient pouvoir composer avec leurs secrets respectifs mais le moment est venu pour eux de sy confronter. Niels, sapeur-pompier, se rend dans les Landes afin de vider la maison de sa grand-mère décédée. Sur place, il découvre une pièce cachée dont les murs ont été recouverts de menaces à son encontre. Jennifer, pâtissière reconnue, reçoit des messages inquiétants signés " Ligne rouge ". Les souvenirs longtemps enfouis remontent à la surface. Qui est ce maître chanteur bien décidé à faire de leur vie un enfer ? Niels et Jennifer nont plus le choix : ils doivent mettre les rancœurs et le passé de côté, et affronter leurs vieux démons s`ils veulent avoir une chance de survivre.
« Voilà un livre excellent avec des personnages du quotidien comme vous et moi et que l’on connait tous ; un pompier, une pâtissière, une grand-mère… mais tous et toutes ont un drame qui les relient sans qu’ils et elles le sachent. Et on se plaît alors à lire ce lire comme un « page-turner » avec une fin, mais alors, complètement surprenante ! A lire absolument »

Muriel Gaillard

  *** UN SEUL ŒIL de Michèle PÉDINIELLI

Editions de L’ Aube (noire). 256 pages. Prix 19,90€. Sorti le 24 janvier 2025.
JPEG - 30.7 kio Le résumé. Dans une ville défigurée par des chantiers gigantesques, le sol vacille sous les pieds de Ghjulia Boccanera : Dan, son âme sœur, est plongé dans le coma après un accident suspect, et la PJ niçoise est mobilisée par un événement dramatique qui touche l’un des siens, le commandant Santucci. La détective privée se lance alors dans l’enquête sur l’agression de son ami, épaulée par une tenancière de speakeasy de la mode, un agent de renseignement amoureux et une vieille chienne rescapée de l’enfer. Au milieu de ce tourbillon fou, s’élève la voix de Dan qui, lui, raconte une histoire d’amour et de mort...

« Elle jure comme un charretier en mode socca-niçard et pan bagnat miss Ghjulia Boccanera détective privée niçoise amoureuse de sa vieille-ville comme personne et titulaire d’une bande-son bien présente au creux de ses lignes, avec une préférence pour les airs jazzy mélancoliques tristes à pleurer, comme le Strange fruit de Billie Holyday et ses fruits cueillis par le Ku Kux Klan accrochés aux branches.
On s’y attache à cette ancienne journaliste qui enquête façon Nice-Matin avec ses vieilles connaissances chères à la Presse de proximité.
Voilà un polar qui sent l’Italie toute proche, car outre que ça dessoude, il y a de la pasta, de la sauce tomate écarlate et un amour immodéré pour le commissaire Montalbano. Ajoutez-y un gros zeste d’humour de d’esspressions à la San Antonio, bref il y a de la marrade dans ce truculent « Un seul œil » où il n’est pas toujours facile de suivre le déroulement des événements avec des flash-backs où on ne sait pas toujours qui parle. Néanmoins, c’est un excellent polar qui sent bon le sud et qu’il faut lire d’une traite pour ne pas perdre le goût de la pissaladière ou d’un bon verre de Bellet des hauteurs niçoises.
On est loin des polars nordiques aux fades harengs de la Baltique arrosés de vodka ou d’aquavit. Ici on vit… et on meurt aussi ! »

Jean-Pierre Tissier

« Voilà un très bon polar dont l’intrigue se passe dans cette magnifique ville de Nice et l’auteure qui y est née ne se prive pas de descriptions foulillées et colorées sur cette cité où elle a grandi... J’adore l’humour caustique et les jeux de mots dont elle use, qu’elle place dans la bouche de sa détective privée Ghjuilia Boccanera. C’est une avalanche de mots bien sentis, en même temps que son ami nous raconte son histoire d’amour sur fond de galerie d’art. J’ai vraiment beaucoup aimé ce livre qu’on dévore jusqu’à la dernière page. »

Muriel Gaillard

  *** « LA LONGE » de SARAH JOLLIEN-FARDEL

Édition Sabine Wespeiser. 160 pages. Prix : 18 €. Sortie le 9 janvier 2025. JPEG - 12.2 kio Le résumé. Tous les matins, au réveil, Rose, la narratrice du puissant deuxième roman de Sarah Jollien-Fardel, lutte pour ne pas être assaillie par la réalité crue, dans cette chambre aux parois boisées où elle vit désormais attachée par une longe. Rose est devenue folle de douleur au moment où, trois ans auparavant, des policiers sont venus lui annoncer la mort de sa petite fille, Anna. Cette douleur, elle n’est pas parvenue à la surmonter, au point de devenir un danger pour elle et pour les autres. La vie était joyeuse, avant l’accident. Rose se souvient de son enfance dans un village de montagne, rythmée par la phrase inscrite sur une poutre du bistrot de sa grand-mère adorée : « Tu es d’une espèce qui aime la lumière et déteste la nuit et les ténèbres ». Son amitié immédiate avec Camil, le petit garçon qui venait passer ses vacances sur les hauteurs, devenu bien plus tard son mari et son indéfectible soutien ; leurs lectures et leurs promenades au cœur d’une nature somptueuse ; la naissance de leur enfant ; leurs métiers qu’ils aiment, lui est architecte, elle ostéopathe. Une vie apparemment sans histoires, dans laquelle Rose, ressassant le passé, traque les failles, elle qui ne s’est jamais remise de la mort de sa propre mère, le jour de sa première communion. Les souvenirs de Rose vont peu à peu, dans une narration haletante, nous révéler les circonstances de l’accident, et celles de sa propre réclusion. Mais, le jour où Rose, percevant soudain une présence inconnue derrière sa porte close, entend filtrer à travers la paroi des phrases extraites d’un livre de Marguerite Duras, nous, lecteurs, avons l’intuition que la lumière pourrait gagner.

« Jusqu’où peut nous mener la douleur insupportable et insoutenable de la perte d’une enfant ? Il n’y a rien de pire ! Et plus rien ne compte alors, quand de surcroit un sentiment de culpabilité s’insinue, non sans raison, dans l’esprit de Rose à la mort d’Anna, sa jeune fille, renversée à vélo par une camionnette. La dépression qui s’installe, les angoisses qui montent comme des vagues folles, incontrôlables, le vide absolu, les kilos qui s’entassent sur un corps inerte sans envie de vivre, l’alcool qui boursoufle les idées noires, des verres de vin rouge ingurgités dans les bistrots… plus de dignité, le grand vide ! Et soudain le sentiment de vengeance. Punir ce gamin qui harcelait Anna, confondre ce « sale gosse » présent derrière elle au moment de l’accident. Le faire payer cher car les anges n’existent plus… « La Longe » de Sarah Jollien-Fardel nous entraine dans un récit enlevé où des fantômes rôdent, où la nature est omniprésente mais lointaine, car si l’amour est toujours là, la réclusion est le remède pour Rose. Attachée à une longe, une laisse comme pour les chiens, bâillon sur la bouche pour contenir le hurlement de sa douleur. Au travers de ce portrait de femmes de caractère réunies au cœur d’un paysage montagnard au calme absolu, on suit pas-à-pas la descente aux enfers de Rose en guettant chaque trait de lumière synonyme d’espoir. »

Jean-Pierre Tissier

  *** IL ÉTAIT UNE FEMME ÉTRANGE de David Lalait-Helo

(Ed Héloïse d’Ormesson). Sortie le 9 janvier 2025. 176 pages. Prix : 18€. JPEG - 45.8 kio Le résumé. À la nuit tombée, sous le grand arbre d’Amapolas, Eusebio, le vieux conteur, promet un voyage étourdissant : la fabuleuse histoire de María Dolores Pinta de las Aguas Dulces, le seul être au monde qui eut trois vies et deux sexes ! Mais il ne dira pas comment cette femme le hante depuis que, dans sa jeunesse, il a admiré son corps inerte. Une beauté majuscule et théâtrale, une énigme inouïe à laquelle il a voué son existence. David Lelait-Helo évoque avec éclat la puissance de de l’amour maternel et ses possibles ravages. Comment se construire quand vos sourires d’enfant ont été accueillis par des regards de glace ?
« C’est une belle histoire que ce livre qui raconte la naissance de jumeaux – une fille et un garçon – dont la mère ignore totalement l’existence voire le maltraite. Au fil des ans, ce garçon décide de devenir fille et devient alors le miroir de sa mère avec tous les changements que cela apporte à son apparence. C’est un roman prenant même si on devine assez vite la fin de l’histoire. »

Muriel Gaillard

 *** B.R.I LES PATRONS DE L’ANTI GANG SE METTENT À TABLE DE SIMON RIONDET.

Mareuil éditions. 183 pages. Prix : 21 €. JPEG - 19.7 kio Pour la première fois les anciens chefs de l’Antiganag racontent leur unité.
« Voilà un très bon livre qui retrace avec précisions 60 ans de cette Brigade dont certains sont très connus du grand public. On découvre toute l’histoire très riche des interventions de cette brigade »pas comme les autres".

Jean-René Gaillard

  **** EMBRASSER MES ÉTOILES de CAROLE DECLERCQ

Editions La Trace. Sorti le 3/10 2024. Prix : 20€.
JPEG - 6.5 kio Le résumé. Inspiré librement de l’histoire de Rita Atria : courageuse jeune fille issue du milieu mafieux qui a pris la douloureuse décision de collaborer au début des années quatre-vingt-dix avec la justice, brisant ainsi la loi de l’omerta. Rina a vécu une enfance pleine de violence et de non-dits dans une famille différente des autres. Et pour cause : son père est le « parrain » d’une petite ville du centre de la Sicile. Autour d’elle, des hommes disparaissent, « bus par le soleil » ; les femmes sont des veuves impeccables qui portent avec orgueil l’uniforme du deuil ; les enfants sont des orphelins à qui l’on fait jurer vengeance dès le plus jeune âge. Lorsque le père de Rina est assassiné, le monde de la jeune fille s’effondre. Son frère, le seul homme encore vivant de la famille, est lui-même en sursis. Doit-elle se résigner à la mort ? Pour Rina, c’est hors de question. Au risque de faire voler sa vie en éclats, elle décide de mener sa propre vendetta. Elle va être soutenue dans sa démarche par le juge Paolo Borsellino. Mais on ne s’attaque pas impunément à la loi du silence…

« A San Vito Lo Capo incontournable »carte postale de la côte sicilienne" avec sa longue plage blanche, ses grottes, ses criques et ses eaux translucides sous un ciel d’azur, l’esprit de la resquille et du profit a depuis longtemps supplanté l’âme des poètes. Ici, la douleur s’exprime différemment selon que l’on est homme ou femme. Car les femmes sont les gardiennes de la tradition, des us et coutumes, avec la Méditerranée pour toile de fond ; le noir du deuil pour teinte universelle de ce Sud baigné, rongé, raclé par le sel et le soleil.
Carole Declercq dépeint avec des mots justes, simples et ciselés, un univers particulier où cosa nostra, ndrangheta, la mafia, la pieuvre qui déploie ses tentacules partout dans la société agit là sans crainte ni pitié comme des grands gosses maniant la terreur pour credo . Les femmes n’ayant que leurs yeux pour pleurer.
Rina, fille et sœur de mafieux est l’incarnation littéraire fictionnelle d’une authentique jeune sicilienne qui a décidé un jour de parler à la police comme Témoin de Justice auprès d’un juge comme le propose l’Etat italien depuis plusieurs années pour juguler toutes ces vagues de tueries récurrentes et cette infiltration nauséabonde jusque dans les pores de la vie quotidienne tel un virus sans thérapie pour l’éliminer. Avec ce livre remarquablement écrit, entre essai, documentaire et thriller, aux mots soupesés au plus juste, on suit le parcours de Rina, encore mineure, de sa déclaration au juge Borsellino à l’assassinat du célèbre juge Falcone explosé, atomisé dans sa voiture blindée avec ses gardes du corps, puis du juge Borsellino lui-même ; son mentor, qui avait reporté comme une filiation empathique envers elle…
Entre tragédie antique et réalité, Carole Declercq pénètre avec des mots aiguisés dans tous les maux d’une société vérolée et rongée jusqu’à l’os par la corruption, l’appât du gain, la magouille, au détriment de l’intérêt général.
Rina du haut de ses quinze ans n’a pas hésité à pousser la porte d’une Gendarmerie de village, au beau milieu de son trajet scolaire - se sentant menacée – pour devenir par devoir et courage, une Résistante de la Légalité. Mais accompagnée de facto par une Marche funèbre qui pourtant n’est pas destinée aux enfants.
Dans ce récit de fiction et de réalité Carole Declercq nous adresse un message frémissant empreint de tout ce que peut nous apporter la littérature : l’Education ! Seul remède homéopathique à la folie et la violence des hommes, puisque même les remèdes de cheval ne les achèvent pas pour autant. Un livre qui éclaire comme le soleil au matin sur les eaux bleues et denses de San Vito Lo capo. »

Jean-Pierre Tissier

« Quel plaisir de lire ce livre ! Aussi bien pour son écriture où chaque phrase et chaque mot sont à leur place, toujours glissés en rythme et d’une manière percutante. Mais aussi pour l’histoire, et quelle histoire ! Celle de la Cosa Nostra où habituellement on ne regarde que les mafieux et les parrains qui tirent les ficelles et récoltent les fruits de leur organisation destructrice basée sur la menace, l’intimidation, la violence, le racket... Mais là, Carole Declercq s’intéresse à leur entourage et à toutes ces femmes qui très jeunes portent le deuil. Et surtout aux enfants qui gravitent dans ce milieu très noir avec des assassinats sordides à la pelle, avec ces « morts bus par le soleil » car non-retrouvés. Et arrive l’histoire (bien réelle à Palerme mais modifiée pour la circonstance) de cette fille qui décide d’arrêter ce cycle infernal et annonce qu’elle va tout raconter à la Police. Mais la Cosa Nostra veille, et à elle seule, sèmera encore plus de morts, jusqu’à sa propre mort. Un livre à lire absolument ! »

Muriel Gaillard

  **** SOUFRE DE NICOLAS DRUART

JPEG - 14.9 kio Editions Harper Collins Noir. 400 pages. Sorti le 2 octobre 2024. Prix : 21,50€. Le résumé. L’Homme-Allumettes… Dites trois fois son nom et priez pour rester en vie. Cette légende urbaine, le capitaine Antoine Aubert n’y accorde aucun crédit. Mais lorsqu’il hérite du meurtre filmé de deux adolescentes, ses certitudes vacillent. Celui-ci défie toutes les lois de la physique : dans une cabine du téléphérique toulousain, perchée à cinquante mètres au-dessus du vide, l’Homme-Allumettes semble surgir de nulle part. L’affaire, déjà inédite, prend des proportions vertigineuses quand une youtubeuse célèbre consacre une vidéo sur cette histoire horrifique et que des milliers de personnes réalisent l’invocation pour se faire peur. Car une question primordiale demeure : comment traquer un individu qui a plus de traits communs avec un fantôme qu’avec un être humain ?
« Quand on commence à lire ce livre, on ne peut plus s’arrêter et la présence du mot thriller accolé sur la couverture est parfaitement justifiée. C’est une histoire fantastique basée sur une légende très loin de Merlin l’enchanteur ou de Brocéliande, mais complètement urbaine, et sur la capacité ultra-rapide de notre jeunesse d’intégrer les réseaux sociaux à notre mode de vie et de pensée… L’enquête du commissaire à qui l’on veut faire croire qu’il enquête sur une recherche de fantôme et le monde de la fête foraine est particulièrement exaltante. »

Muriel Gaillard

  **** TRAUMA(S) de KARINE GIEBEL

JPEG - 145.3 kio Editions Récamier Noir. 760 pages. Prix : 36,99€. Sortie le 10 octobre 2024. Le résumé. Avec Trauma(s), Karine Giebel met un point final à son roman Et chaque fois, mourir un peu. Après des années sur le front sans arme ni gilet pare-balle, après des années à soigner les autres au péril de sa vie sous l’égide de la croix rouge internationale, après avoir pris de plus en plus de risques jusqu’au risque de trop, une autre guerre attend Grégory. Lors d’une dernière mission en Afghanistan les rôles s’inversent : les humanitaires deviennent des cibles. Après tous les combats qu’il a menés, Grégory va devoir sauver sa propre vie et celle de ses collègues…
« La folie ne rend jamais ses proies. Comme une descente aux enfers sans retour possible quand le cerveau se débat pour aligner les mots, Trauma(s) nous entraine dans l’odyssée de la guerre et de l’horreur au quotidien sur les champs de bataille du monde entier avec les disciples d’Henri Dunant et de la Croix Rouge internationale. Et Karine Giebel au travers de cette œuvre en deux « pavés » de poids (1300 pages au total) nous fait pénétrer lentement, années après années, dans le cerveau et les neurones de celles et ceux qui risquent leur vie pour sauver celle des autres. Humanitaires sont-ils, médecins, chirurgiens, infirmiers et infirmières ; le logo du CICR pour sésame, de moins en moins respecté dans les zones de conflits. Afghanistan, Lybie, Syrie, Yémen, Casamance, Libéria, Rwanda, Congo, Kenya, Soudan, Tchétchénie, Bosnie-Herzégovine, Serbie, Kosovo… la liste est longue et mouvante et les passeports tapis de tampons jaunis aves le temps. Certains tachés de sang, de sueur et de larmes, blood, sweat & tears et un stress post-traumatique qui ne se dissipe pas. Car on ne ressort pas indemne de ces zones-là. Et la résilience ne se soigne pas avec du Doliprane !
Karine Giebel enfonce donc le clou très profondément, là où ça fait mal, dans la tête d’un monde où l’on envoie des fusées privées pour astronautes VIP dans l’espace, tandis que l’on décapite à l’ancienne avec des machettes longues comme le bras des ethnies hostiles au Rwanda, mais aussi des profs de français comme Samuel Paty ou Dominique Bernard agrégé de Lettres modernes poignardé à Arras au nom d’Allah dans notre propre pays : la France !
C’est alors un très long récit qui se mérite, débuté dans le premier tome en juillet 1992 au Kenya, qui va nous entrainer jusqu’au cœur d’un autre drame familial et personnel dans les Alpes-de Haute-Provence, jusqu’en août 2024.
Trente-deux passées au peigne fin de l’écriture, via toutes les horreurs de l’humanité que vivra Grégory infirmier de l’hôpital de Digne-les-Bains dont la vocation est d’être un « humanitaire » au service des blessés de guerre ou des cataclysmes.
Des massacres ethniques de l’ex-Yougoslavie, à l’enfer du Califat de Daesch assiégé à Mossoul en passant le drame de la Promenade des Anglais à Nice, l’Afghanistan mortifère des Talibans et ses otages français, sans oublier l’arrivée du Covid 19 jusque dans les services psychiatriques et l’Ukraine attaquée par la Russie de Poutine… le stress post-traumatique s’insinue sournoisement et insidieusement dans le cerveau de Grégory, frappant sans discernement, ni pitié, transformant le plus calmes en démons, car la folie ne lâche pas ses proies.
Il faut lire ce livre d’une puissance inouïe où Karine Giebel au beau milieu d’un phrasé tranquille fracasse soudainement les mots comme une cocotte-minute prête à siffler. Et à chaque fois mourir un peu… Un ouvrage impressionnant loin du polar habituel à la Giebel, mais si puissant. »

Jean-Pierre Tissier

  **** ET CHAQUE FOIS MOURIR UN PEU de Karine Giebel.

Prix : 22€. 504 pages. Ed Récamier .
JPEG - 65.2 kio
Le résumé. Monter au front sans arme ni gilet pare-balles. Soigner les autres au péril de sa vie. Se sentir utile en ce monde. De Sarajevo à Gaza, en passant par Grozny, la Colombie ou l’Afghanistan, Grégory se rend au chevet des sacrifiés sous l’égide de la Croix-Rouge internationale. Chaque victime sauvée est une victoire sur la folie des hommes. Chaque vie épargnée donne un sens à la sienne. Peu importe les cicatrices et les plaies invisibles que lui laisse chaque conflit. Poussé par l’adrénaline, par un courage hors du commun et par l’envie de sauver ceux que le monde oublie, Grégory prend de plus en plus de risques. Jusqu’au risque de trop. Jusqu’au drame... Ne pas flancher, ne pas s’effondrer. Ne pas perdre la raison. Choisir. Sauver cette jeune fille, condamner cet adolescent. Soigner ce quadragénaire, laisser mourir cet enfant. Choisir. Endurer les suppliques d’une mère, d’un père. Certains tombent à genoux devant lui, comme s’il était Dieu. Choisir. Tenter de sauver cette femme. Sacrifier sa petite fille qui n’a que peu de chances de survivre à ses blessures. Choisir. Et chaque fois, mourir un peu.

« Lui-aussi il entend des voix. Celles des milliers de morts et de blessés, mutilés, massacrés, violées qu’il a soignés en Bosnie, Colombie, Rwanda, Kosovo, Afghanistan… En enfer ! Car le paradis n’existe pas pour Grégory taillé comme une armoire normande, infirmier à l’hôpital de Digne-les-Bains (Alpes-de Haute-Provence) mais quasiment médecin pour le comité international de la Croix-Rouge (CICR) la plupart de son temps.
Lui-aussi, entend des voix ; celles de sa femme et de sa fille tuées dans un accident de voiture, à la sortie d’un virage en Ubaye… alors qu’il soignait des enfants et des prisonniers, près de Sarajevo à ce moment-là.
Et toutes ces voix résonnent et reviennent chaque nuit dans ce sommeil éveillé, comme une transe cauchemardesque ravagée par les coups de machettes, les explosions, et les brasiers faits de corps humains. Toute l’expression du Stress Post-Traumatique nourrie par l’adrénaline du secours à n’importe quel prix qui le guide. Sauver ou périr comme la devise des sapeurs-pompiers. Soigner sans distinction de race, de sexe, ou de religion comme la devise du CICR ! Le sourire des enfants pour seule récompense ! Voilà pourquoi il risque sa vie et demain il recommencera. Avec ces fantômes de plus en plus nombreux derrière lui et qui lui demandent pourquoi il ne les a pas sauvés, eux ! Alors, il y voit comme une malédiction, une menace, avec l’idée que sa femme et sa fille ne sont pas mortes par accident, mais par vengeance.
Ceux qui ont le cœur trop grand sont souvent tristes lui dit une femme sur un lit de douleur. C’est un voyage au cœur des catacombes de l’humanitaire et des misères du monde que nous livre ici Karine Giebel. Une sarabande macabre des cauchemars nés des catastrophes et des conflits du monde qui s’insinuent pernicieusement dans la mémoire de Grégory : à y perforer le disque dur du cerveau.
Car ces viols méthodiques et répétés sur les femmes et les fillettes dans tous les conflits ne sont pas le fruit de malades mentaux… mais UNE ARME DE GUERRE !!! Mutiler, détruire la femme, la rendre inutile ! Une arme de destruction massive pensée et réfléchie pour réduire à l’esclavage en raison du manque d’empathie des religions et des croyances ancestrales. C’est un livre d’une force inouïe qu’on lit en se mordant les lèvres souvent, loin du polar, mais au cœur de la psychiatrie tant pour les victimes que pour les soignants sans oublier les enfants-soldats qui resteront marqués à jamais. Un livre addictif qu’on grave en nous comme une scarification lente à guérir. Blood, sweat & tears et la voix de Clayton Thomas résonnent depuis dans ma tête…"

https://youtu.be/SFEewD4EVwU?si=z6dIhFHVRbzJ3i5r

Jean-Pierre Tissier

« Ce roman est une nouvelle facette de Karine Giebel, loin de ses polars habituels. C’est un roman puissant, qui prend aux tripes, vous met les larmes aux yeux, mais par moment j’ai l’impression de lire un reportage sur Médecins sans frontière tellement c’est cash, brutal, si réaliste et effrayant ... mais c’est toute la violence dont l’homme est malheureusement capable sur tous les continents. Un livre perturbant qui tient en haleine néanmoins, mais on souffle à la fin de ce gros pavé de 500 pages où sont contenues toutes les douleurs du monde. »

Muriel Gaillard

  *** LA PETITE FILLE DU PHARE DE CHRISTOPHE FERRÉ

JPEG - 23.5 kio (Éditions Mon poche. 620 pages). Prix : 10,30€. Sortie le 14 novembre 2024. Le résumé. Ploumanac’h, Côte de granit rose. Le temps d’une soirée dans un bar proche de leur maison, Morgane et Elouan laissent la garde de leur bébé, Gaela, à son frère adolescent. Au retour, un berceau vide les attend. Aucune trace d’effraction, nulle demande de rançon. Les pistes se multiplient, mais l’enquête piétine.Très vite, la police judiciaire pense que la petite fille ne sera jamais retrouvée. Pour les parents de Gaela, l’enfer commence. D’autant qu’on fouille leur passé, et que celui-ci présente des zones d’ombre. Morgane est bientôt suspectée d’avoir orchestré la disparition de sa fille... Un suspense au dénouement aussi stupéfiant qu’une déferlante sur les côtes bretonnes.
« Si l’on aime les histoires avec des rebondissements en série, alors on doit se plonger dans ce livre car il ne passe pas un chapitre sans qu’il y ait un épisode totalement inattendu. Il y a d’abord cette histoire de disparition d’enfant puis les accusations portées sur ses parents, plus particulièrement la mère… Mais là tout se complique car la test ADN apporte des preuves à charge. Et puis la fin du livre arrive, fracassante ! A lire absolument si on aime l’action ! »

Muriel Gaillard

  *** « L’ENFANT QUI SEMA LA MORT » de AUGUSTE CORTEAU

JPEG - 10.2 kio (Éditions Belfond Noir). 208 pages Sorti le 26 septembre 2024. Le résumé. À Chryssodéndri, village enclavé près de la frontière turque, le temps s’est arrêté un matin de septembre. Depuis qu’Antónis, dix-sept ans, est entré dans la salle de classe, a tiré sur ses camarades et son professeur avant de s’immoler par le feu. Douze morts, et cette question : pourquoi ce carnage ? C’est ce que se demande Fíllipos Séxtos, tenancier de bar athénien et auteur dilettante. Amateur de récits de vie, Fíllipos écoute les gens pour les comprendre. Et le cas du jeune Antónis l’intrigue. Pourquoi un garçon qui veut se suicider fait-il le choix d’entraîner ses amis avec lui ? La vengeance serait-elle le mobile, comme le croit la police ? Pourtant, ce jeune athlète était sans histoires… De la mère du tueur aux parents de sa petite amie plongée dans le coma, en passant par le fou du village, Fíllipos frappe à chaque porte pour percer le mystère d’Antónis. Saint incompris ou monstre en puissance : qui était cet enfant qui a plongé tant de familles dans les ténèbres ?

" Un monstre existentiel ou un acte inavouable sommeille en chaque âge de la vie … hier le racisme, aujourd’hui l’ambiguïté de genre ; quelle sera celui de demain ? Vaut-il mieux conforter sa mise sous silence, quitte à ce qu’il éclate au grand jour dans l’horreur d’un passage à l’acte monstrueux , ou nous faut-il le révéler par des paroles saines et compréhensives ? Un questionnement qui se pose au fil de cette longue descente aux enfers (un peu trop longue à mon goût, avant de toucher la révélation de l’intrigue !), dans laquelle nous embarque Auguste CORTEAU. Tant qu’il y a une voix perspicace pour mettre à jour la vérité, l’espoir en l’humanité de chacun réside ! C’est ce à quoi nous invite l’auteur dans l’énoncé de cette devinette de « l’arbre qui tombe dans la forêt : Si l’on veut qu’il fasse du bruit, il faut bien que quelqu’un soit là pour l’entendre ! ».
Cela se passe à Chryssodendri, petit village grec qui cherche la sérénité de son avenir dans le silence mortifère de son passé monstrueux... « S’il m’avait parlé, s’il m’avait confié sa douleur existentielle, il aurait cessé d’être une victime pour devenir héros. Au lieu de cela, il a préféré devenir assassin. » … Triste constat et regret que fait Maro, la mère douloureuse d’Antonis, cet adolescent de 17 ans qui imagine se consoler en semant la mort dans sa classe avant de s’immoler par le feu de son désespoir. Si un tel acte ne peut être excusable, est-il au moins justifiable ? … A condition qu’on ne referme surtout pas la porte à la parole qui nous habite au plus profond de chacun de nous ; et celle de la l’adolescence n’est surtout pas un fleuve de tranquillité ! En tout cas, A.Corteau va habiller de suffisamment de constance son enquêteur Sextos pour remonter jusqu’à la source du désespoir de cet adolescent au prise avec sa question ; et une question bien d’actualité !"

Philippe Coutable

« C’est avant tout, un livre plaisant à lire. Qant à son écrire, j’avoue que j’ai dû quelquefois avoir recours au Dictionnaire, car il y a des mots que je ne connaissais pas. De surcroît, l’auteur à un humour noir, voire très noir qui néanmoins m’a bien fait sourire. L’histoire en elle-même est cette recherche d’un patron de bar qui veut savoir pourquoi un élève tue ses camarades et son professeur. Alors il analyse toutesles personnes qu’il rencontre et son enquête le mène finalement aux divers traumatistes qu’a subi cet élève. Un bon roman. »

Muriel Gaillard

  *** PAR LE VERBE, PAR LE GLAIVE de Georges Salinas

JPEG - 43.7 kio (Editions Mareuil). Prix : 18 €. Sorti le 26 septembre 2024. Après Le Chat d’Oran (2019) et Le murmure des âmes perdues (2022), Georges Salinas, aujourd’hui directeur de la sécurité du président de la République et ancien chef-adjoint de la BRI, signe un polar haletant au plus près du réel qui plonge le lecteur dans les coulisses du terrorisme international. Une véritable fresque qui remonte aux origines des mouvements radicaux. Le résumé : 13 novembre 2015, des attaques sévissent dans Paris. François Delarocha, chef de la BRI est rappelé de toute urgence au 36, quai des Orfèvres. Alors qu’il enfile son gilet de protection, il pense à sa famille en espérant qu’ils sont tous à l’abri. Dans quelques minutes, il sera au Bataclan et devra donner l’assaut...
« Un très bon livre dont la première partie est très réaliste et colle à la pratique du quotidien en restant très conforme aux faits. La deuxième en revanche semble plus romancée. Néanmoins une lecture très agréable pour un tel sujet »

Jean-René Gaillard

  *** LE RÉSEAU CONSTELLATION DE CLAUDE D’ABZAC

JPEG - 12.2 kio Editions Nouveau monde- Sang-froid. Sortie le 23 octobre 2024. 416 pages. Prix : 10, 50€ Le résumé. Octobre 1945. À la recherche de sa famille disparue pendant la guerre, le colonel de gendarmerie Michel Lanvaux enquête sur un réseau de résistance auquel sa femme appartenait. Mais les survivants de ce réseau sont tous menacés ou assassinés et Lanvaux est soupçonné d’être à l’origine de ces crimes. Avec l’aide de ses deux adjoints et d’un inspecteur de la Criminelle convaincu de son innocence, il tente de démêler les fils d’une vaste machination. Qui est prêt à tout tenter pour protéger le secret du réseau « Constellation » ? Les services français, déchirés entre communistes, gaullistes et anciens vichystes ? La direction générale du renseignement soviétique (GRU) ? Lanvaux comprendra peu à peu le rôle joué par son épouse dans une affaire d’espionnage où la raison d’État justifie les pires horreurs. *Historienne, spécialiste de la Seconde Guerre mondiale et des services de renseignement français, Claude d’Abzac est l’auteure de plusieurs ouvrages, dont un roman Opération Cyclope (Nouveau Monde et Folio policier). Elle a contribué à L’Armée de Vichy, de Robert Paxton.

« Ce livre nous retrace l’après-guerre de 39-44 avec les réglements de compte entre ceux qui ont échappé aux camps et ceux qui ont profité de la Guerre. Et puis il ya les réseaux de Résistance toujours présents et actifs malgré la paix revenue, sans oubllier les Services secrets français, anglais et russes. Tout en étant un roman attractif plein d’actions c’est aussi la description de l’Histoire vue d’un autre oeil. Un excellent livre de voyage. »

Muriel Gaillard

  *** LE PASSEUR DE FRANCK MANCUSO

JPEG - 16.5 kio (Récamier noir) Prix : 20,50€. 256 pages. Sortie le 30 octobre 2024. Le premier roman de Franck Mancuso, scénariste et réalisateur ayant travaillé plus de 20 ans à la la PJ.
Le résumé. L’homme avait collé le canon de l’arme contre sa tempe. La déflagration se confondit avec le grondement du tonnerre et le croassement rauque de l’oiseau noir. Le corps s’affaissa sur la chaussée. Soudain, deux halos jaunes éclairèrent la scène. Une silhouette grossit dans ses pupilles dilatées. Gabriel Spaak, commandant à la brigade criminelle, avait tout programmé. Inconsolable depuis la mort tragique de sa femme et de son fils, il s’était isolé au milieu de la nuit pour en finir. Jusqu’à ce que ce chauffeur de taxi, surgi de nulle part, ne chamboule ses plans. Moralité, au lieu de se la couler douce en enfer, il se retrouve à enquêter sur deux morts suspectes. Deux morts que la médecine légale ne parvient pas à expliquer. Deux morts que rien ne relie et sur lesquelles les policiers du 36 se cassent les dents. »
« Quel plaisir de lire ce roman qui mêle intrigue policière et mythologie. Jusqu’à la fin on se demande quel va être l’épilogue et là… on est littéralement scotché ! Et c’est précisément le moment qu’intervient la mythologie. C’est un livre surprenant qu’on ne lâche plus, une fois commencé. Pour un premier roman c’est un vrai bonheur de lecture ! »

Muriel Gaillard

  *** TOMBÉE DU CIEL d’Alice Develey

JPEG - 87 kio (Editions L’Iconoclaste). Sorti le 22 août 2024. 400 pages. Prix : 20,90€. Le Prix Première Plume Furet du Nord/Decitre récompense chaque année depuis 2017 - en partenariat avec L’Express et le Crédit Agricole - un primo-romancier de la rentrée littéraire. Cette année, il salue le roman d’Alice Develey, paru aux éditions l’Iconoclaste.
Le résumé Alice a quatorze ans quand elle est internée dans un hôpital. Elle découvre un autre langage, un autre monde fait de blouses blanches et d’insomnies. Comment tombe-t-on malade à cet âge ? Qu’est-ce qui peut conduire un enfant à cesser de s’alimenter ? Entre ces murs où elle subit des traitements révoltants, Alice rencontre d’autres filles comme elle, tombées du ciel. Elle décide de raconter ces vies minuscules dans un cahier. Écrire devient un moyen de ne pas oublier, et surtout de résister. Tombée du ciel est un roman d’amitié, d’adolescence et de révolte.Retour ligne automatique
« C’est un livre très fort et poignant. Car on ne peut imaginer tout ce qui se passe derrière des services de pédopsychiâtrie dont on pourrait penser que c’est de la science-fiction parfois. Mais non ! La réalité est bien là. Dans ce livre où l’anorexie est le moteur du livre d’Alice Develey, on assiste à tous les soi-disant traitements je pense plus maltraitance et à l’issue finale qui est la mort. Ce livre laisse un goût amer lorsqu’on le termine. »

Muriel Gaillard

« Je ne suis qu’une gosse de 14 ans dans un pyjama trop grand... j’avais si faim de tout – comble de l’ironie pour une anorexique ! » Par ces mots d’un réalisme inouï où la révolte adolescente ne rencontre que l’impuissance parentale et institutionnelle, Alice Develey campe là le cadre d’une fiction qui se nourrit des débris de ses souvenirs. Dans un style alerte, crû et sans ambages, son personnage Alice nous embarque dans un voyage qui visite toutes les affres d’une adolescente qui, face aux transformations (inquiétantes parce que solitaires) de son corps – face à ses questions sociétales restées sans réponses – face à des parents englués dans leurs propres difficultés, n’aura pour seule réponse que son enfermement dans ce syndrome de l’anorexie ... « une maladie de l’autre, guidée par la peur de ne pas être ce qu’il faut et comme il faut », jusqu’à en oublier de vivre ! En proie à sa colère et sa révolte, mais à la bonne hauteur de sa faim de vie, Alice ne connaîtra que les impasses mortifères et les paradoxes suicidaires d’un service hospitalier psychiatrique qui ne sait que répondre à ce manque personnel par le manque institutionnel. A chaque page, Alice Develey creuse le vide du non-sens où l’absence du désir de vie devient la valse dévorante de chaque jour : « Pourquoi m’a-t-on fait ce que l’on m’a fait, alors que j’étais qu’une enfant à l’aube de sa vie ? ... il faut vivre, s’essayer, se tromper, recommencer » et se sentir justement accompagnée pour apercevoir un trou de lumière qui fait sens à notre vie ! Là est sûrement la vraie nourriture qui est à même de calmer la faim dévorante d’une adolescence durement éprouvée ! Dans toutes ses pages de révolte et de colère, teintées d’une forte humanité, Alice Develey nous offre là malgré tout quelques pistes apaisantes pour tout lecteur en quête des mots de la vie... aussi durs et ingrats soient ils !"

Philippe Coutable

  **** MAMAN S’EN VA-T-EN GUERRE de Dorothée Olliéric

JPEG - 103.4 kio (Editions du Rocher) Sorti le 4 septembre 2024. 304 pages Prix : 19,90€ Le résumé. « Il y avait une urgence à écrire ce livre et je suis heureuse d’expliquer pourquoi « Maman s’en va-t’en guerre » dit Dorothée Olliéric. En ce qui me concerne, c’est pour la passion du reportage… et le besoin viscéral d’être là où l’histoire est en marche ! Il y a bien sûr des moments dangereux, mais des rencontres inoubliables… Un livre attendu avec impatience par Blues & Polar qui avait recueilli les confidences de Dorothée Olliéric Grand reporter à France Télévision l’an dernier, après ses reportages en Afghanistan et sur le front de guerre en Ukraine. Dorothée c’est au-delà du reportage puisqu’elle s’investit également pour les femmes afghanes personnellement.
« Avec ce nouveau livre, Dorothée Olliéric - visage familier des téléspectateurs de France 2 sur les conflits guerriers du monde entier - nous plonge dans son quotidien de reporter de guerre pour le Service public. Cependant, ce ne sont pas des descriptions de scènes guerrières, mais plutôt des ressentis et des ambiances dont elle nous parle. Ce sont ses collègues cameramen et preneurs de son et la complicité qui les lie qu’elle met en avant, notamment dans les moments graves, mais elle évoque aussi ces rencontres improbables et inoubliables au milieu des bombes et des tirs de snipers. Dorothée nous raconte aussi la relation extraordinaire qu’elle a avec son mari (le journaliste de Canal + grand spécialiste du cinéma Philippe Wendel) qui comprend et accepte ses départs soudains alors qu’elle est en vacances… et les anniversaires où elle n’est pas là. C’est un livre extraordinaire et je pense qu’on ne regardera plus ses reportages de la même façon, après sa lecture. »

Muriel Gaillard

  *** SURFACING de Cléa Koff

Sortie le 17 octobre 2024. (Editions Héloïse d’Ormesson). 368 pages. Prix : 22€.
JPEG - 30.8 kio Le résumé. 2003, Los Angeles. Un corps est retrouvé lors d’un chantier sur le campus de l’Université de Los Angeles. Craignant qu’il s’agisse de fragments archéologiques liés à un rituel Native American, le directeur fait appel à l’agence 32/1 : la séduisante Jayne Hall et sa meilleure amie Steelie Lander. Cette agence st spécialisée dans l’identification des cadavres et plus particulièrement des victimes de génocides. Tout à la fois médecins légistes, anthropologues et enquêtrices, les deux amies gardent de leurs missions au Kosovo et au Rwanda un souvenir brûlant. Pourtant, le corps du jeune étudiant, en réalité mort il y a moins de deux ans, n’a rien d’un vestige. Éric Ramos et Scott Houston, du FBI, vont être co-saisis – c’est alors qu’un second cadavre est découvert. Joignant leurs forces, les deux équipes se mettent sur la trace d’un tueur dont l’obsession pour la « pureté de la race » l’a entraîné dans une spirale de théories conspirationnistes fatale. Jayne Hall se va se retrouver dans la ligne de mire d’un assassin.
« Au début, il y a la découverte sur un chantier, du corps d’un étudiant, suivie de la découverte d’un nouveau corps. Mais la question est de savoir s’il s’agit d’une découverte relevant de l’archéologie, et s’il s’agirait d’Amérindiens. Et là, alors que la question des ethnies qui forment l’Amérique est étudiée très sérieusement, le Ku Klux Klan de sinistre mémoire refait surface. C’est livre intéressant et distrayant malgré le sujet, mais le comparer à un thriller glaçant, c’est un peu exagéré… »

Muriel Gaillard

  *** LE BAL DES CENDRES de Gilles Paris

(Mon Poche) sorti le 22 août 2024. 304 pages. Prix : 8, 90€.
JPEG - 89.7 kio Le résumé. Lior, Thomas, Sevda, Anton, Ethel et bien d’autres passent leurs vacances à Stromboli, à l’hôtel Strongyle, dans l’intimité de ce lieu paradisiaque géré par un Français, Guillaume, et sa fille adolescente, Giulia. Ils sont sensibles, lâches, infidèles, égoïstes, enfantins. Elles sont fortes, résilientes, légères, amoureuses. Le volcan, menaçant et imposant, n’est pas seulement dans la montagne. Il est en chacun d’entre eux. Lorsqu’il gronde et que la vie ne tient plus qu’à un fil, que les mystères les plus sombres remontent...
« Vivre sur une île est une vie à part où les rapports humains sont souvent particuliers et les suicides nombreux, que l’on soit à Ouessant, Sein, Man, en Corse, en Sicile… ou sur Stromboli, au pied du volcan où les entrailles de la terre explosent et crachent régulièrement des torches enflammées à l’image des coulées de lave ayant recouvert Pompéi et ses habitants pour l’éternité. Ils - et elles – sont sept ! Sept personnes autant en vacances qu’en villégiature, mais avec tous des attaches à ce lieu posté sous les ténèbres du géant et où monter vers le sommet est un sport palpitant, mais non sans danger. Car on ne grimpe pas vers les enfers avec de simples baskets et sans casque. « Le Bal des cendres » se marie fort bien avec le format Mon Poche car cette petite saga est agréable à lire et ressemble à un carnet de notes personnelles où chacun fait part de ses sentiments. Humeurs et amours dans un cadre idyllique mais sauvage, car le Stromboli comme une bombe à retardement en suspens veille et se manifeste sans prévenir. Escalader ce sommet comme une quête vers le Graal est un rituel excitant qu’il faut surtout ne pas aborder de face mais plutôt comme les cyclistes du Giro via une série de lacets virevoltant vers le cratère. Et là, dans cette montée en forme de rituel des regards se croisent, des amitiés naissent, des amours aussi pour le pire et le meilleur. Un excellent livre pour rêver sur une plage hors de portée du Stromboli. »

Jean-Pierre Tissier

  **** EN ATTENDANT LE DÉLUGE de Dolores Redondo

JPEG - 42.6 kio (Gallimard). 560 pages. Prix : 21€. Sorti le 15 août 2024. Le résumé. À l’origine de ce roman époustouflant, des faits réels : entre 1968 et 1969, celui que la presse écossaise a surnommé Bible John tua trois jeunes femmes rencontrées dans une discothèque de Glasgow et disparut. En 1983, Noah Scott Sherrington, policier obsédé par Bible John depuis près de quinze ans, s’apprête à l’arrêter sous une pluie torrentielle quand il est foudroyé par une crise cardiaque. À peine remis, écoutant son intuition et résistant aux injonctions des médecins et de sa hiérarchie, il suit la piste du meurtrier jusqu’à Bilbao, port où s’active secrètement l’ETA. Alors que les fêtes patronales de l’Aste Nagusia battent leur plein, des jeunes femmes sont assassinées à la sortie de discothèques... Noah, enquêteur tenace et doté d’un cœur fragile, au sens propre comme au figuré, va-t-il enfin retrouver sa cible ? Les terribles inondations qui vont bientôt ravager la ville feront-elles obstacle à son projet ?
« La prémonition pour credo, l’intuition pour stratégie ainsi que mêler des faits objectifs à des sensations subjectives, telle était pour Noah Scott Sherington, la meilleure façon de se forger une opinion sur un endroit. Ce qui en respire...Ce que l’on ressent dans un lieu potentiellement habité de drames pour ce policier obsédé par le sérial killer mythique qu’était réellement Bible John dans les années 1968-69. Un tueur dont personne n’avait jamais vu le visage ; pas même un portrait-robot s’en approchant. Tout commence en Ecosse, à Glasgow, à Dundee… dans la brume, le vent, les tempêtes, la vase, la boue, des fantômes semblant sortir des vagues déchainées… puis à Bilbao au Pays Basque espagnol par la grâce de Dolorès Redondo auteure espagnole de la Série noire chez Gallimard, qui se revendique comme une écrivaine de la tempête. Et effectivement, sa plume nous entraine sur les océans, auprès des marins au long cours, ceux qui naviguent sur ces grands vaisseaux de commerce et les porte-containers capables de tout transporter même l’inimaginable. Et ce flic tout-terrain au corps qui ne le suit plus, marchant à la nitroglycérine pour cause de défaillance cardiaque congénitale, se lance pourtant à corps perdu tel un kamikaze à la poursuite de son obsession : Bible John ! Dolores Redondo que je n’avais jamais lue nous entraine alors dans un road-trip sans répit à travers Bilbao sur les pas de ce serial-killer inventif, rusé, meurtrier d’une vingtaine de femmes. Et toutes au moment où elles avaient leurs règles. Mais pourquoi ? c’est là que réside l’indicible et folle question qui taraude notre enquêteur. Un livre haletant qui nous laisse à bout de souffle. J’ai vraiment découvert une très légitime écrivaine de la tempête. Force 4 ! »

Jean-Pierre Tissier

« C’est un roman passionnant mêlant la quête effrénée d’un serial-killer depuis l’Ecosse jusque en Espagne, à Bilbao précisément au moment des fêtes de la ville qui durent une semaine et se déroulent dans une liesse incroyable avec des milliers de personnes souvent avinées…Dolorès Redondo qui est une voix importante du polar en Espagne nous décrit avec justesse ces moments festifs avec la foule, les bars, la féria… et au milieu de cette ambiance de feu, ce flic sur le point de mourir qui va néanmoins jusqu’au bout de son enquête avec l’aide d’une jeune psychiatre qui lui décode les faits et gestes de ce tueur en série. Mais pour corser la situation, l’effroyable inondation bien réelle de Bilbao en 1983, ajoutée à la situation politique de l’époque via les menaces de l’ETA soutenue par l’IRA irlandaise fournisseuse d’armes ajoute une dimension presqu’irréelle au drame qui se joue. Cela donne un cocktail détonant et un suspense fou. Alors, on ne lâche plus le livre, on surnage sur les flots en furie et on dégaine son arme en sursaut, jusqu’à la dernière page avec des larmes plein les yeux. Magnifique ! »

Muriel Gaillard

 **/* À LA RECHERCHE DU PLAISIR PERDU de Gabrielle Lazure.

JPEG - 43.6 kioÉditions Héloïse d’Ormesson. Sortie le 3 octobre 2024. Prix : 20€. Gabrielle Lazure comédienne et écrivain est la fille de Denis Lazure, psychiatre et homme politique québécois. Elle a notamment joué dans La Belle Captive (Alain Robbe-Grillet), La Crime (Philippe Labro), Les Rivières pourpres 2 (Olivier Dahan) ... C’est son premier roman.
Le résumé. « Tromper son mari ce n’est pas la fin du monde », claironne un site de rencontre extra-conjugale. Nancy, la soixantaine épanouie, s’interroge. Elle dont le mariage s’étiole, elle la sage libraire, osera-t-elle franchir le pas ? Avide de se sentir de nouveau désirée, Nancy prend le problème à bras-le-corps et s’inscrit sur une appli. Les profils d’hommes défilent sous ses doigts, tous plus séduisants les uns que les autres. Cela paraît si facile, il n’y a plus qu’à croquer la pomme... Dans ce roman libertin et sans tabou, Gabrielle Lazure décortique le plaisir avec une sincérité et une pulsion de vie aussi décomplexées qu’enivrantes.
« La B.O du livre de Gabrielle Lazure que l’on a pu voir dans de nombreux polars, est à son image ; très seventies ! Les Beatles y côtoient Neil Young, Bashung à ses débuts, et le torride « Je t’aime moi non plus » du duo Birkin-Gainsbourg. Un slow langoureux, libertin et sans tabou à l’image de ce livre plutôt très hot et cru, mais à ne pas laisser trainer sur le guéridon…s’il y a des petits enfants dans la maison ! Car on est là dans le porno de Canal + version années 90. Nancy, mariée, deux enfants, et la soixantaine toujours seyante aimerait bien retrouver le temps de ses vibrations anciennes côté corps, bien plus que côté jardin. Et elle est prête à tout pour faire vibrer l’instant présent écrit-elle, définissant ainsi sa nouvelle vision du bonheur. Mais l’amour, même avec les réseaux sociaux et les sites de rencontres les plus simples ou sophistiqués reste une affaire compliquée, même si la chose reste simple depuis la nuit des temps. Car aujourd’hui on ne sait pas qui se cache derrière la carapace du beau et jeune mâle bodybuildé, et au pays des libertins, il faut néanmoins toujours être sur ses gardes. Car les arnaques sont légion. Notamment avec ces inattendus « brouteurs », ces imposteurs camouflés – souvent établis au Sénégal – qui empruntent des profils et des photo-montages, créent la confiance et arrivent finalement à extorquer beaucoup d’argent à des femmes seules (ou pas ?) tombées amoureuses, sans jamais avoir vu à qui elles ont affaire, et qui un jour doivent avancer de l’argent pour financer l’opération en Urgences d’un enfant ou une chimio thérapie. Car ils savent jouer du pathos sur la corde sensible du violon les bougres, et souvent comme Nancy bien des femmes un peu trop naïves mordent à l’hameçon. Bref, de plans Q en plans B, la libraire franco-québécoise trouve l’addition lourde, mais reste déterminer à connaitre encore l’empire des sens, et même découvrir de nouvelles voluptés. Elle essaie tout Nancy, un peu comme Emmanuelle des seventies, sans trop changer sa vie semble-t-il… Mais la fiction sait aussi offrir des miracles. Comme au foot, dans le « money time ».

Jean-Pierre Tissier

  **** LE MURMURE DES HAKAPIKS de Roxanne Bouchard

JPEG - 17 kio (Editions de l’Aube). Sortie le 13 septembre 2024. Tarif : 19,90€. Le résumé. Cap-aux-Meules, Îles-de-la-Madeleine, Gaspésie, Québec. Simone Lord embarque à titre d’observatrice sur un chalutier qui part à la chasse aux
phoques. Le voyage s’annonce pénible, avec une météo hostile. Elle n’est pas la
bienvenue sur ce bateau, et comprend rapidement que rien ne se déroulera
comme prévu… De son côté, l’inspecteur Joaquin Moralès, le cœur esseulé,
tente de se remettre de son divorce en participant à un périple de ski de fond
aux abords du fleuve Saint-Laurent. Mais voilà que la psychologue judiciaire….
« C’est un livre à lire en plein été car encore une fois la talentueuse Québécoise nous emmène dans le Grand Nord du Québec à la chasse au phoque. C’est un livre passionnant car plein de détails sur cette chasse qui permet la survie de ces chasseurs du bout du monde. On y retrouve la même équipe d’enquêteurs que dans « La Mariée de corail ». Mais c’est un bouquin dont la fin nous surprend totalement. On ne s’attend pas à ça ! A lire absolument ! Vraiment terrible ! »

Muriel Gaillard

  *** LA VIKING de Jacques-Olivier Bosco.

(Editions Fayard noir) Sorti le 24 avril 2024. Prix : 20€.
JPEG - 82.3 kio Le résumé. Samantha, jeune mère divorcée, refuse de faire le deuil de sa sœur jumelle, Bianca, disparue depuis presque dix ans en Indonésie. Dans quelques mois, l’administration la considérera officiellement morte. Convaincue que Bianca est toujours en vie, Samantha redouble d’efforts et sillonne le monde pour la retrouver avant la date fatidique. Alors qu’elle commence à se faire une raison, un nouveau malheur la frappe : ses enfants sont kidnappés.S’engage alors une course contre la montre dans laquelle Samantha tente de démêler les mensonges et de découvrir les terribles secrets que lui cachent ses proches. Mais qui est cette femme blonde qui apparaît derrière chaque menace ? Et si c’était elle ?
« Elle est passablement énervante Samantha, jamais vraiment concentrée quand il le faudrait, et terriblement pointilleuse quand ce n’est pas du tout le moment. Le syndrome du souvent à côté de la plaque ! Charmante et très professionnelle comme une hôtesse de l’Air peut l’être, mais irritante, excessive et contournant toujours les problèmes. Elle a de surcroit une vie ponctuée de drames terribles et soudains comme la mort horrible accidentelle de son bébé tombé de ses bras en glissant sur une tache d’huile… et la disparition de sa sœur jumelle. Bref, elle a toujours l’air de débarquer d’une autre planète ! Ce qui est un peu le cas d’ailleurs puis qu’elle traverse le monde de long en large en avion professionnellement - et l’Asie fréquemment - toujours à la recherche de sa jumelle disparue à Osaka… mais on n’a jamais retrouvé son corps. C’est là, au tiers du livre, que la trame Bosco nous attrape par la manche et nous tire pour parler du père. Un domaine inhérent à ses romans comme Loupo « Prix Blues & Polar 2014 ». Et l’écriture devient émotion. Suicides, un gène familial qui ne s’interrompt pas, les pages deviennent envol, réflexion, analyse des sentiments, ponctuées de séquence scène hard plutôt brulantes comme dans les bons vieux OSS 117… Mais on s’embrouille aussi facilement dans ce canevas de personnages qui surgissent de la jungle, animés par la Cause, celle qui fait commettre aux hommes endoctrinés par l’esprit si chers aux camarades asiatiques, les pires saloperies synonymes de tortures, viols en série, décapitation, disparitions… Et à partir de là, il faut tout lire d’une traite pour ne pas s’y perdre."

Jean-Pierre Tissier

 ** DANS L’OMBRE DE VAN GOGH de Marie-Noël Paschal

(Editions Saint Trophime).JPEG - 125.5 kio Marie-Noël Paschal offre aux lecteurs son 6e roman, un nouveau « pôl’arts » dont elle a le secret.
« C’est un livre intéressant dans la mesure où l’auteure nous dévoile de très nombreuses anecdotes concernant Van Gogh et on voit qu’il y a eu là un gros travail de recherches. L’autre histoire sous-jacente concerne le
harcèlement à l’école et donc tout ce qu’a pu subir cet adolescent. C’est un livre agréable qui se lit facilement. »

Muriel Gaillard

  *** TEMPO de Martin Dumont

(Les Avrils).
JPEG - 39.4 kio Le résumé. À trente ans, Félix Pogam vit à Belleville avec sa compagne et leur bébé. Le soir, il joue de la guitare dans les bars avec l’espoir tenace de voir sa carrière solo démarrer. Car la gloire, Félix l’a déjà frôlée. Avec ses amis, ils avaient le talent, l’audace, l’osmose. Il y avait la fièvre, l’excitation et l’insouciance. Signature en label, disque et tournée ; leur groupe a décollé puis tout s’est arrêté. Félix, lui, n’a jamais renoncé. D’ailleurs, Marc, son manager, le lui répète sans cesse ; il doit persévérer. Pourtant, arrivé en ce point précis où l’existence l’exige, Félix doit faire un choix : poursuivre encore le rêve ou changer de regard sur sa réalité.
« Tout pour la musique… chantait avec son énergie coutumière France Gall en 1981. Un refrain qui court toujours 43 ans plus tard, dès que l’occasion se présente. Car le mystère de la création musicale existe toujours, inextricablement porté par des notes qui surgissent soudainement en tête, ou des bribes de mots qui finissent par se transformer en refrain. Des notes ciselées ou à construire, face à une peine infinie, une chambre en désordre, une bouteille de bourbon qui traine, moitié -vide/moitié-pleine, c’est selon, un vieux 45 ts d’Otis Redding qui tourne en boucle, The dock of the bay… un t-shirt roulé en boule… et le gosse qui pleure et demande son biberon. C’est un peu ça le blues, cette musique de toutes les émotions et des états d’âme. Et finalement la mélancolie qui touche Félix Pogam dans ce Tempo bien nommé. Lui aime jouer dans les bars, à la façon de ce rock- garage british que portait Doctor Feelgood avec bonheur dans les pubs. Mais son truc perso, c’est la joie du groupe ! Celui qui comme une chanson, naît très vite, d’un coup parfois. Comme une alchimie qui se trouvait là naturellement à la fin d’un bœuf partagé entre inconnus au petit matin. Car le groupe, pour qui a eu le bonheur d’en créer un comme moi, et de tourner ensuite entre potes dans les bars et pubs de vallées perdues, c’est une aventure que le monde ne peut pas comprendre… ou supporter ! C’est le lot de Félix avec ses potes, avec sa femme, et son petit garçon encore bébé… Martin Dumont nous entraine en suivant le tempo de la vie dans un monde de mélancolie auréolé de notes bleues, ces fameuses notes bleues du blues, ces altérations d’un demi-ton mineur qu’il découvre sur le tard ; celles qui font pleurer les étoiles comme faisait si bien BB King, et raviver les émotions. La magie du premier concert chez Kacem, dans le troquet du bout de la rue. Mais tout ça ne dure pas. Les reprises, ça marche toujours, mais quand tu composes musique et paroles comme Félix Pogam, c’est une autre musique. Il faut sentir le riff ; celui qui va te faire taper du pied un peu comme la basse de Bill Wyman dans Jumpin Jack flash avec les Stones. Cet exercice solitaire mêlé de drames humains fait de Tempo un livre agréable à lire. Encore plus pour ceux qui vivent aussi avec en tête « Tout pour la musique ! »

Jean-Pierre Tissier

 ON A RELU

  *** TROIS JOURS D’ENGASTE de Philippe Carrese +

Sorti en 1994 chez Méditorial (Corse) puis en 1999 chez Fleuve Noir.] 191 pages. JPEG - 593.5 kio
Le pitch : Quand Bernard Rossi s’est levé ce matin-là, ça n’allait pas très fort. Milhoud s’était tué en moto le jour d’avant et sa voisine, Madame Mostagonacci, ne lui avait pas ouvert sa porte pour son petit café du matin. Pour cause ! Elle avait été écrasée la veille par un chauffard. Bernard veut alors absolument savoir à quoi ressemble ce jobastre. (...) C’est le début d’une course folle qui durera 72 heures. Au cours de ces quelques heures, un immeuble sera dynamité, des voitures cassées, un homme égorgé, plusieurs autres tués par balles... Le pauvre Bernard, qui n’en avait pas tant demandé, se retrouve mêlé à une histoire politicienne qui le dépasse largement. Trois jours d’engatse est le premier roman de Philippe Carrese, et déjà on y retrouve les éléments incontournables : le « parler marseillais » bien sûr, l’humour mordant, les personnages décrits avec beaucoup de minutie, les actions qui s’enchaînent à une rapidité vertigineuse... Mais surtout il y a Marseille. Marseille en long, en large et en travers. Philippe Carrese nous offre une visite guidée, drôle, critique, grinçante, mais aussi tendre et inquiète. « Relire l’ami Philou aujourd’hui, sur un coup de spleen, cinq ans après son décès en mai 2019 est un moment de tendresse et de franche rigolade qui fait du bien après cet épisode électoral dominical qui en a surpris plus d’un et sur lequel la plume vive et mordante du marseillais-napolitain nous aurait apporté son lot d’engaste à venir, façon madame Irma. C’est en cherchant où étaient les calissons que je suis tombé sur ce vieil exemplaire écrit par le parrain historique de Blues & Polar toujours présent à notre festival depuis l’origine. Trois jours d’engaste... et trois jours de marade ! On pense très fort à toi Philippe ! Le Carrese & friends gravé pour toujours dans nos cœurs ! »

J.-P.T

JPEG - 42.1 kio

 NOTRE 5e COUP DE CŒUR BLUES & POLAR/COMTES DE PROVENCE 2024

  **** QUAND L’ABIME TE REGARDE d’Éric Emeraux

JPEG - 26.3 kio Prix : 21.00 €. 400 pages. Récamier noir. Grand Format. LE RÉSUMÉ. Le 24 février 2022, jour de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Michel Rinocci, colonel de gendarmerie, surnommé « Rhino », se trouve sur le mont Igman, en Bosnie-Herzégovine. Il a été témoin de l’exhumation d’ossements de plusieurs victimes bosniaques sauvagement assassinées pendant la guerre, en 1995. Il était présent. Chasseur alpin dans les commandos montagne en mission de renseignement, il avait assisté impuissant à leur nuit d’agonie. Hanté depuis cette époque par ses fantômes, une chance lui a enfin été donnée de leur rendre justice. Sept mois auparavant, un braqueur l’a mis sur la piste de celui qu’il a traqué sans relâche, Mirko Nikolić, dit Vuk, qu’il pensait être mort.
Cette nouvelle traque qui, ne sera évidemment pas sans dommages ni violences, va également révéler des secrets : qu’il s’agisse de ses proches, de ses collaborateurs, ou même de son amour passé, tout n’a pas été dit. Et cela va chambouler ce qu’il pensait être vrai. Finalement, l’abîme n’avait jamais cessé de le regarder.
Ancien Chef de l’Office central de lutte traquant les crimes contre l’humanité, les génocides et les crimes de guerre (OCLCH) – unité interministérielle fondée en 2013, son expertise est toujours sollicitée dans le monde entier.

« 1992-1994 ce n’est pas si loin ; et pourtant on se demande encore – notamment quand on est fan de foot – comment les joueurs, le public, les militaires, la Police et les supporters du Dynamo de Zagreb, de l’Etoile rouge de Belgrade, du Partizan de Belgrade, d’Hadjuk split, Sarajevo, Velez Mostar, Rijeka… pourtant réunis sous les couleurs de la Yougoslavie ont fini par transformer leur amour du ballon rond en balles meurtrières tirées par les snipers de l’armée Serbe de Bosnie, qui arrosaient la tristement nommée Sniper Alley, quand femmes et enfants allaient chercher de l’eau au seul point d’accès de la ville, pendant le siège de Sarajevo. Bilan : 225 morts !
Henki Bilal a dessiné ce siège si meurtrier tandis que le groupe nantais Tri Yann l’a chanté. Absurdité d’un conflit ethnique à deux heures d’avion de Paris, avec des atrocités commises de part et d’autre qui se sont déroulées à la pelle, notamment pour enfouir et dissimuler les crimes de guerre et contre l’humanité avec des tas de charniers engloutis sous la terre, les croix et les fleurs. Le silence des bois isolés et la terre brûlée pour d’autres.
Traquer les criminels de guerre et les auteurs de crimes contre l’humanité, Eric Emeraux l’a fait dans la réalité au sein du Pôle dédié à cette recherche pour identifier un jour ces fantômes qui hantent la face B de la Terre. Et il a créé un personnage de fiction qui lui ressemble bougrement : « Rhino » colonel de l’OCLCH * chargé de mener à bien les arrestations des bourreaux de tous poils qui ont sévi dans ce conflit. Et l’on plonge dans l’enfer au-delà de l’inimaginable avec un retour aux supplices et tortures du Moyen-âge lorsqu’on brûlait les sorcières… mais on est au XXe siècle ! Et la fiction, en réécrivant souvent la réalité, permet de disséquer la complexité de cette guerre au cœur de l’Europe qui trouve de nombreuses ramifications aujourd’hui avec le conflit en Ukraine et la montée de l’Extrême-Droite qui ne se cache plus comme à Milan et Paris récemment. Et avec la montée de l’Islamisme radical, la volonté d’implanter la charia à nos démocraties, et les attentats barbares, la théorie du grand remplacement prend corps de manière littéraire et passionnante dans ce livre car on va de campagne en château, avec la volonté d’une organisation secrète de stopper l’expérience multiraciale de l’Occident. Mais la « mort de trop » de la fille d’un militaire au concert du Bataclan déclenche la rage, la haine et l’envie de mutualiser et fédérer les vengeances en s’alliant avec les pays (Serbie, Russie…) garants des traditions religieuses face aux dépravés européens. La fiction du polar permet ainsi d’inclure la réalité politique et la position ambigüe de la France – notamment de François Mitterrand en 1992 – sans oublier une trame amoureuse qui n’a pas de frontières, mais en revanche de nombreuses contradictions quand l’abime te regarde avec effroi. Car on est dans la barbarie et l’horreur absolue ! Et les 650 pages de ce « gros pavé » sont vraiment nécessaires pour comprendre la complexité de cette situation. Un roman aux lignes visionnaires car la Justice internationale qui existe aujourd’hui très officiellement a une importance capitale pour punir les auteurs de ces massacres d’innocents. Sans jamais les lâcher ! »

Jean-Pierre Tissier

« C’est un très gros livre qui se lit néanmoins facilement, avec des personnages attachants car je pense qu’ils existent vraiment quelque part. En effet, l’histoire se passe au moment de la guerre entre Serbes et Bosniaques en 1977. Et les exactions décrites ont sûrement eu lieu. L’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité dont Eric Emeraux a été l’ancien chef est malheureusement toujours au cœur de l’actualité et les dernières pages nous amènent au plus près de nous avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie de Vladimir Poutine. Ce livre est une histoire sans fin mais c’est un livre que j’ai beaucoup aimé. »

Muriel Gaillard

JPEG - 42.1 kio

 NOTRE 4e COUP DE CŒUR BLUES & POLAR/COMTES DE PROVENCE 2024

  *** CHRISTELLE ROTACH DIRECTRICE DE PRISON « Tout ce qu’on ne peut pas dire »

(Editions Plon) avec Delphine Saubaber. JPEG - 27.5 kio Sorti en 2019. Avant la prison de la Santé, dont elle a rouvert les portes aux côtés de Robert Badinter le 1er janvier 2019 - après quatre années de fermeture - Christelle Rotach a codirigé ou dirigé les prisons de Lyon, Fleury-Mérogis, Nanterre et Les Baumettes à Marseille. * Delphine Saubaber qui a co-écrit cet ouvrage avec Christelle Rotach est un ancien grand reporter à l’Express, prix Albert Londres 2010.

« Diriger une prison, on se demande bien en quoi cela consiste très précisément… Est-ce un travail purement administratif assis derrière un ordinateur qu’on gave de statistiques, ou un vrai travail pugnace sur un terrain qu’on devine plutôt miné aujourd’hui avec une surpopulation carcérale se développant de manière exponentielle, comme cela n’est encore jamais arrivé en France ? Christelle Rotach qui a dirigé les prisons de Lyon, Fleury-Mérogis, Nanterre et les Baumettes à Marseille - avant de rouvrir la Santé à Paris le 1er janvier 2019 - s’est confrontée durant des années à des hommes et des femmes privés de liberté, assimilables parfois à des bêtes sauvages. A l’heure de changer de fonction pour l’Inspection générale de la Justice, elle a pris le parti de parler de son vécu, sans tabou. Et c’est un univers proche du tremblement de terre perpétuel ou de l’éruption proche d’un volcan qu’elle nous décrit avec justesse, et humanité. Avec des phrases qui frappent comme dans un slam de Grand Corps malade.
 Je vis dans la pénombre.
 Je fais une overdose de noirceur. La prison ne connaît jamais le silence.
 Terroristes, djihadistes, c’est le gang des barbus au regard glaçant.
 Comme celui de Francis Heaulme, le tueur en série croisé dans une audience à Draguignan…
 Et tous vont sortir un jour ! «  »Au fil des pages, on frémit en pensant, à ces « bombes à retardement » que sont ces détenus endoctrinés, radicalisés, pour lesquels la prison et ses surveillants ne sont pas préparés, si éloignés qu’ils sont des dealers de quartier, des criminels, ou des vieux braqueurs de la Brink’s en tôle pour des dizaines de piges. Christelle Rotach directrice de prison est un livre « coup de poing » et de mise en garde contre notre société bien trop divisée entre elle par manque de fraternité souvent, et de bienveillance toujours, mais aussi à cause de la religion qui pour certains passe avant les lois de la République, et de sa culture aux antipodes de la nôtre. On en oublie trop vite que notre mode de vie laïc – qui ne date que de 1905 en France – a peu d’équivalent dans le monde et que de nombreux pays notamment au Moyen-Orient en ignorent même le sens. Celui-ci ne figurant même pas dans leur vocabulaire. Un livre qui permet de comprendre l’univers carcéral pour répondre – avec l’expérience et le vécu - à ceux qui ont réponse à tout ! "

Jean-Pierre Tissier

JPEG - 42.1 kio

 NOTRE 3e COUP DE CŒUR BLUES & POLAR/LES COMTES DE PROVENCE 2024

  **** MÉMOIRES D’UN EXPERT PSYCHIATRE d’Angélina DELCROIX

JPEG - 10.8 kio (Hugo publishing) 480 pages. Sorti le 4 octobre 2023. Prix : 19,95€.
Le résumé. Adam Jacuri est expert psychiatre auprès de la Cour d’appel de Lyon. Arrivant en fin de carrière, il décide de confier ses mémoires à Jessie Maure, auteure de thrillers. Alors qu’il prend la décision de se retirer définitivement du circuit en allant vivre sa retraite en Bretagne près de la forêt de Huelgoat, des disparitions inquiétantes vont commencer à affoler la population locale. Adam soupçonne un ancien patient et craint pour sa propre vie, mais la gendarmerie ne le prend pas au sérieux. Alors, quand les premiers corps sont découverts, il décide d’enquêter seul dans cette région vaste et mystérieuse. Alternant entre souvenirs criminels, maladies mentales, et conséquences personnelles et familiales d’un tel métier, ce thriller nous entraîne dans les coulisses des unités pour malades difficiles et dans les labyrinthes psychiques qu’un expert est censé parcourir.

« Pour Blues & Polar qui s’apprête cet été à célébrer la Psychiatrie dans le roman policier, ce thriller d’Angelina Delcroix est un vrai petit bijou d’introspection. Car il livre au travers d’un polar authentique et bien particulier, les divers aspects d’une enquête lorsque le fait-divers et les meurtres associés semblent l’œuvre d’un fou. Un mot sur lequel se posent bien des questions sans forcément avoir de réponse. Car tous les experts et psychiatres – comme l’a montré le récent procès à Aix-en-Provence d’une infirmière agressée cutter sous la gorge pendant 2 heures à la Prison de Luynes – ne tombent pas tous d’accord sur une même situation. Et c’est là toute la finesse et la justesse de ce livre passionnant où la vérité semble si ténue qu’on ne sait pas si elle existe réellement. Car la psychiatrie et la Justice ne font pas toujours bon ménage lorsqu’il s’agit de chercher à comprendre le mal. Un psychiatre peut-il prédire à 100% le comportement d’un individu. Et que se passe-t-il en cas de récidive ? Le sujet qui a commis des horreurs est-il coupable ou réadaptable ? Quelles sont les limites de l’irresponsabilité ? Et si la prison n’est pas une solution ; quelle est l’autre solution ?
« Quand on est psychiatre on parle avec le diable en personne » explique Adam Jacuri expert au cœur du roman d’Angelina Delcroix. Peut-on alors, comme tout être humain (sauf les politiques évidemment !) être habité par le doute, car il y a des maladies qui ne se guérissent pas. De plus, l’intime conviction en criminalité amène subjectivité obligatoirement... Et quels risques représentent alors les malades mentaux pour la société ? Avec en filigrane cette question qui nous taraude certains fous pourraient-ils faire semblant ? Au point d’entendre un des tueurs du roman expliquer : « Soyons fous et nous ne serons pas jugés sur nos actes. Car seule la folie nous protège. » En effet, le discernement aboli lors du passage à l’acte, c’est l’irresponsabilité selon la Loi et donc aucune poursuite judiciaire. Alors que le discernement altéré, c’est procès d’assises, jugement… et peine ! La nuance est d’importance et complètement au cœur de ces Mémoires d’expert-psychiatre très réussies."

Jean-Pierre Tissier

« Ce livre est à la fois un thriller plein d’action et de suspense, mais aussi un vrai documentaire sur la profession de psychiatre. Notamment sur la difficulté des rapports de la société avec les personnes souffrant de troubles psychiatriques et sur l’équilibre fragile et difficile à mettre en place entre Justice et psychiatrie. Pour preuve le moment où un psychiatre doit statuer sur la remise en liberté d’un malade mental ou sur sa détention en centre spécialisé voire en prison. Toute la vie future de ce malade repose ses seules épaules. Edifiant et vraiment passionnant ! »

Muriel Gaillard

« Je suis Adam Jacuri, expert psychiatre auprès de la Justice, sain de corps et d’esprit... Et pourtant au fil de ces mémoires, vous allez vous convaincre que je suis fou et coupable. Comment mettre un terme à cet enchainement de folies criminelles qui a pris naissance probablement en partie à cause de moi ? Pour cela, qu’une option : si je veux prouver que de faux psychotiques se sont organisés en marge de la justice, je dois intégrer leur monde et comprendre comment c’est possible. Mais jusqu’où l’intégrer sans y laisser sa peau et sa santé psychique ?!!
456 pages qui filent à la vitesse de la lumière, tellement son style est alerte et réaliste ; tellement son scénario est savamment élaboré et nourri de matière clinique et judiciaire très documentée et vécue, où la vie des protagonistes ne tient bien souvent qu’à un fil … de rasoir !
456 pages où des questions de société nous accompagnent jusqu’à son dernier paragraphe : Est-on fou à perpétuité ? Criminel un jour, criminel toujours ? Les voies de la psychiatrie rejoignent-elles celles de la Justice ? L’Hôpital psychiatrique ou la prison, pour qui et pour quoi y faire ? On parle d’affaire classée, mais est-elle classée pour tous ? Le trouble psychiatrique est-il vraiment toujours en lien causal avec le passage à l’acte criminel, et où se situe objectivement la limite entre pleine conscience et inconscience pathologique ?
456 pages pour un puissant thriller où l’on veut tourner la page avant même d’avoir fini la précédente ! Où l’on va à chacune des pages vérifier si l’on a bien fermé notre porte ! Et tout ceci, dans la plus grande attention à cette fragilité qui habite chacun des personnages, et nous par la même occasion ! Un livre qui se clôt sur des paroles habitées de la croyance insatiable en l’autre (et même après le pire !) est pour moi un grand livre de Vie ! »

Philippe Coutable

JPEG - 42.1 kio

 NOTRE 2e COUP DE COEUR BLUES & POLAR/LES COMTES DE PROVENCE 2024

  **** LE CIRQUE DU DIABLE d’Olivier DESCOSSE

Editions X.O. Sorti le 2 novembre 2023. Prix : 21, 90€. 517 Pages. JPEG - 48.5 kio

LE RÉSUMÉ. Après Peurs en eau profonde, (le précédent roman d’Olivier Descosse venu à Blues & Polar à nos tout-débuts), Chloé Latour revient pour une traque exceptionnelle, menée dans une nature hostile où les dangers sont partout. Avec Paul Cabrera, flic récurrent d’Olivier Descosse, elle va remonter jusqu’au terrifiant secret dissimulé au cœur de la montagne. Massif de la Meije. Un corps congelé, entièrement nu, retrouvé par des surfeurs lors d’un « ride » dans un endroit inaccessible. Haut Var. Trois cadavres calcinés, découverts dans une bergerie abandonnée, en pleine forêt. Deux énigmes confiées à deux flics que tout oppose. Paul Cabrera, policier aux allures de biker muté à la Crime après avoir fait ses armes à la Bac Nord, et Chloé Latour, cheffe de groupe à la BC de Marseille dont la classe et la froideur suscitent défiance et jalousie. Des glaciers inviolés aux ZAD sauvages de la région de Grenoble, des sportifs de l’extrême aux groupes survivalistes, le lien qui unit tous ces meurtres apparaîtra peu à peu. Des meurtres commis par un tueur aux capacités hors du commun dont la perversité n’a d’égale que la détermination.

« Mare nostrum d’un vert émeraude comme figée dans ses reflets bleutés, ses eaux profondes, ses fosses abyssales inconnues et mystérieuses… Puis la haute-montagne, ses espaces neigeux immenses et démesurés, d’un blanc immaculé, profondément silencieux et glacés. C’est dans ces décors hypnotiques hors du temps qui passe, mystérieux et affolants, réservés aux hyper-professionnels de l’Apnée en Méditerranée et du « ride extrême » du côté de la Meije en Briançonnais, qu’Olivier Descosse – passionné de longue date des territoires de l’extrême - a planté le décor de ses deux derniers livres « Peurs en eaux profondes et « Le Cirque du diable ». Et avec son style qui déroule des lignes noires sur blanc, comme un écheveau méthodiquement préparé à nous faire vibrer et frissonner, on pénètre petit à petit dans un univers fou qui va nous emmener du monde de la poudreuse à celui des financiers investisseurs, en passant par la violence inouïe voire rituelle d’un serial killer, sans que l’on sache vraiment pourquoi les meurtres claquent là, au milieu du vent par surprise, dans une forêt ou dans le repli profond d’un glacier en haute altitude.
Haletant, fascinant… on tourne les pages de ce thriller qui nous laisse pantelant comme en avançant, neige jusqu’aux genoux, découvrant des indices petit à petit avec le traditionnel duo Police-Gendarmerie soupçonneux l’un de l’autre, comme il sied aux enquêtes se déroulant hors des grandes zones urbaines. En y ajoutant, l’Armée, la Légion… et les V2 que l’Allemagne Nazie voulait installer un partout sur des points stratégiques en France. Notamment dans les Alpes, frontières naturelles de l’Italie. Le duo Paul Cabrera (ancien de la BAC Nord) et l’élégante Chloé Latour (Crim’ de Marseille) chargée de l’enquête fonctionne parfaitement malgré des sautes d’humeur et une certaine attirance réciproque bien qu’illusoire…
On se régale à parcourir ces 500 pages oscillant entre Haut-Var et Gap, Draguignan et Briançon. Un terrain que l’Aixois Olivier Descosse connait parfaitement. Le bonheur du frisson, c’est ça le plaisir du polar ! »

Jean-Pierre Tissier

« Vous ouvrez ce livre et aussitôt vous plongez dans la neige, les glaciers, avec cette idée bien ancrée que le monde va à sa perte… et que seul un petit groupe de personnes bien sélectionnées va survivre. Mais encore et toujours, on s’aperçoit qu’il n’y a que l’argent qui compte ; même face à l’essentiel de la survie. C’est un roman qui pourrait faire penser à de la science-fiction, mais jusqu’à quel point ? C’est l’interrogation que lève Olivier Descosse toujours brillant dans son écriture. Un livre fascinant et glaçant dans tous les sens du terme. Terrifiant ! »

Muriel Gaillard

JPEG - 42.1 kio

 NOTRE 1er COUP DE CŒUR BLUES & POLAR/LES COMTES DE PROVENCE 2024

  **** L’HORLOGER de Jérémie CLAES

JPEG - 51.3 kio
(Editions Héloïse d’Ormesson) 459 pages. Prix : 22€. Sortie annoncée le 8 février 2024.
Né en 1975 à Bruxelles, Jérémie Claes est caviste et chroniqueur à la télévision belge. Il vit entre Louvain-la-Neuve et Namur, et retourne régulièrement en Provence, à Forcalquier (tout près de Manosque et Blues & Polar... ) et à Gourdon, le magnifique village de ses vacances d’enfance au-dessus de Grasse, Cannes.... « L’Horloger » est son premier roman

LE RÉSUMÉ. L’universitaire new-yorkais Jacob Dreyfus lauréat du Prix Pulitzer, voit sa tête mise à prix depuis qu’il a participé par le biais d’une année d’infiltration, au démantèlement d’une milice suprémaciste qui a sévi jusqu’au Capitole. Le procès qui s’ensuit a fait tomber le redoutable sénateur de Géorgie King, mais c’est sa femme qui est prise pour cible. Après cet assassinat, Jacob est exfiltré avec son fils sous une nouvelle identité dans un petit village de Provence, où il tente de se reconstruire. Mais dix ans plus tard, alors qu’il coule enfin des jours apaisés dans une bastide des gorges du Loup, son passé le rattrape lorsqu’il apprend le décès de sa famille entière éparpillée aux quatre coins des USA. Ils sont tous morts à la même seconde exactement sans qu’on puisse expliquer leur décès. La seule vengeance peut-elle expliquer la chasse à l’homme acharnée dont il est la proie ? En compagnie de Solane, le vieux flic français anarchiste et épicurien chargé de sa protection, Jacob se lance dans une traque obsessionnelle de la vérité. Thriller étourdissant qui nous entraîne de la Louisiane à Bruxelles, de la Patagonie à Paris, « L’Horloger » est une mécanique implacable qui révèle la part la plus sombre de l’humanité, mais aussi la plus lumineuse.

« D’entrée on est subjugué par cette écriture vivante et d’une grande musicalité, où chaque phrase frappe les mots avec une précision d’horlogerie suisse et où chaque mot est essentiel. Pas question de lire en diagonale. Sacré livre d’une force inouïe que ce premier roman de Jérémie Claes dont on sort étourdi devant l’imagination à la limite du réel ; tant ce caviste bruxellois fait preuve tout au long de ses lignes ciselées d’une touche jazzy avec le piano de Thénolious Monk omniprésent ainsi que d’une note épicurienne amenant des respirations grand-vineuses et gastronomiques provençales savoureuses. Mais la quête de vérité sur des crimes étranges tous commis sur une même famille - les Dreyfus - à minuit, le même jour, pile au moment du changement d’année, le 31 décembre, va nous entrainer loin, très loin. Des camps nazis d’Auschwitz à Birkenau jusqu’aux expériences damnées du sordide docteur Mengelé en passant par Jacob Dreyfus journaliste « Prix Pulitzer » ayant dû fuir les USA sous une nouvelle identité après avoir infiltré les rangs des suprémacistes blancs ricains, dont un sénateur proche de Donald Trump. On navigue dans un futur proche et un passé assez simple mais dangereux. « Les nazis sont cons mais vindicatifs ! » Cette phrase résume parfaitement toute l’aventure folle qui va se débiter sur 460 pages. Réguler les démographies, faire périr les imbéciles, laisser vivre les génies, tel est le credo de cet Horloger mystérieux qui tire les ficelles de ce plan diabolique d’épanouissement total de la race aryenne. La tête, la main, et l’outil parfait des dictateurs, rois et gouvernants. Un thriller qui file le frisson à l’ère d’internet et de l’intelligence artificielle. Ne dit-on pas que certains psychiatres ont analysé que la folie est parfois à la base de la créativité… Un livre formidable capable de mêler l’histoire à venir des Etats-Unis, les grands et petits vins de France, le jazz de Monk et le voyage de la Nouvelle-Orléans à Forcalquier via le Gourdon, piton rocheux merveilleux au-dessus de Grasse. Une découverte en forme de mise garde pour les mois qui viennent dans le possible retour du grand blond ricain pommadé avec quelques cailloux dans sa chaussure… « 

Jean-Pierre Tissier

« Extraordinaire ! Ce livre bien qu’ancré en Provence, nous parle du gouvernement américain, de son président déjanté, des Services secrets, du programme de sauvegarde des témoins, de la Guerre, des juifs, de l’Extrême-Droite radicale de par le monde… Mais où commence vraiment le roman et où se terminent le document ? Pour un premier roman c’est une vraie pépite ! Vraiment exceptionnel ! On ne quitte plus cet « Horloger » lorsqu’on commence à le lire. »

Muriel Gaillard

" Mystère, précision et une logique de récit implacable autant qu’infernale ! Mieux vaut ne pas avoir le souffle court , ni un rendez-vous impératif quand on s’embarque dans ce thriller de Jérémie CLAES ; son 1er roman ! Telle une mécanique d’horlogerie de grande précision, les rouages des événements de cette énigme romancière s’enchaînent implacablement jusqu’à sa résolution : certains personnages sont, semble-t-il, en mesure de secréter naturellement cette hormone qui donne force et éternité ? L’extraire et la maîtriser entraînent bien évidemment jalousie et puissance non partageables … mais à quel prix ! Dans une écriture qui va toujours à l’essentiel et dans un scénario aussi précieux et affûté qu’une mécanique de précision, J.CLAES nous conduit jusqu’au grand Horloger … qui n’est pas celui qu’on croit, puisqu’Il est « Elle » ! Pour plus d’implication et de suspens, J.CLAES place cette énigme comme un enjeu très actuel puisqu’il est contemporain ; tout en nous faisant remonter le temps jusqu’au camp d’Auschwitz pour en situer le cœur, et traverser différents continents (des USA jusqu’à un petit village du Sud de la France, en passant par la Belgique et La Patagonie) puisque les acteurs en jeu sont mondiaux … et tout ça sur une toile de fond très jazzy où Thélonius MONK joue sa partition, et les Grands Vins nous mettent l’eau à la bouche tout en calmant nos impatiences !
Un grand bonheur que cette lecture de « l’Horloger » de J.CLAES, même si on en sort bien essoufflé d’avoir traversé avec Jacob Dreyfus et son fidèle acolyte Solane tous les pièges que la toile internationale lui tendait... et ce, jusqu’à la dernière des 450 pages qui vient éponger notre ultime sudation !"

Philippe Coutable

 ET TOUS LES AUTRES...

  *** SEINE CRIMINELLE de Pascal Marmet (M+ éditions)

310 pages. Prix : 19,90€. Sorti le 13 juin 2024. JPEG - 746.6 kio
Le résumé. Septembre 2017. À quelques jours du transfert du 36 quai des Orfèvres vers la rue du Bastion, le commandant François Chanel rassemble une équipe atypique pour arrêter un serial killer qui noie des gens dans la Seine. Ce nouvel opus des enquêtes du commandant décode les travers de cette intelligence artificielle aux conséquences déconcertantes et offre au lecteur une déclaration d’amour à la Seine qui tient ici un rôle magistral avec ses bouquinistes, véritables âmes de Paris. Rares sont les polars scientifiques et amoureux...
« Voilà un livre captivant ! Bon au début on a un noyé dans la Seine… mais les noyades s’enchainent et le commandant Chanel ne sait plus quoi penser malgré l’assistance de toute une équipe atypique spécialiste de la fameuse Intelligence artificielle à ses côtés. Car lui fait plutôt appel à son intuition, à son flair et à son bon sens d’enquêteur pour arriver à dénouer le fil de ce sac de nœuds. Et Chanel a plus d’un tour dans son sac… Au passage, l’auteur nous parle de ce jeune aux baskets vertes et de son amoureuse qui étaient dans son livre précédent…. Très agréable à lire. Vivement le prochain ! »

Muriel Gaillard

  *** SERRER LES DENTS de Marie-Laure Brunel-Dupin et Valérie Peronnet

Sortie le 20 mars 2024. Prix : 21, 90€. Editions Gallimard Black lab.
JPEG - 5.9 kio Le résumé. Janvier 2004 : la gendarme Mina Lacan et son équipe d’analystes comportementaux sont dépêchés en Alsace sur le lieu d’un double homicide avec deux femmes assassinées dans leur maison dévastée par un incendie criminel. Commence alors un minutieux travail d’élaboration du profil du tueur. Dans le même temps, les profileurs sont appelés à la rescousse sur une affaire de viols en série entre Megève et Saint-Tropez. Le tout nouveau groupe dirigé par Mina, de plus en plus sollicité par ses collègues enquêteurs, parviendra-t-il à faire matcher profils et suspects ? Une nouvelle plongée dans la folle vie de Mina Lacan, première profileuse de la Gendarmerie et le plaisir de retrouver son inénarrable jumelle Martha, sa famille hors norme, ses amis précieux et sa hiérarchie irascible.

« Pour son deuxième opus consacré lui-aussi au profilage – méthode innovante dans la Gendarmerie pour étudier les scènes de crime et cerner les possibilités d’identification potentielles de leurs auteurs – Marie-Laure Brunel-Dupin assistée de Valérie Peronnet use de pédagogie avec le lecteur avec vraisemblablement la même méthode que face à Médart son supérieur hiérarchique de fiction (quoique ?) très « vieille école » peu enclin aux techniques modernes surtout lorsqu’elles sont portées par des femmes ; malgré les résultats probants déjà enregistrés. Et là on constate au cours de cette exploration que le fameux « bain storming » (lavage de cerveau) cher aux agences de Pub et aux rédactions journalistiques est toujours une bonne méthode pour obtenir des trouvailles insoupçonnées parfois. Mais on ne sort pas indemne de ce nouveau métier où les images de scènes de crime, absolument obligatoires à visionner et étudier minutieusement ne sont pas sans laisser de trace dans notre cerveau. Elles restent, s’incrustent, se mélangent aux rêves personnels et le danger du « burn-out » vous guette si le sommeil vraiment réparateur est aux abonnés absents. Après un très long développement de l’enquête où l’on finit par aller à l’essentiel - sinon on fait du surplace - la gendarme Mina Lacan et son équipe d’analystes comportementaux réalisent que boucler un dossier sans aveux fait aussi partie du boulot. « Il n’y a que dans les films dit-elle que ça marche à tous les coups ! » Ça n’empêche pas la justice de le condamner. Car ça avoue rarement un psychopathe, même si ce n’est pas toujours étanche. » Serrer les dents résume parfaitement le parcours et la difficulté à identifier et retrouver les auteurs de crime d’une violence inouïe ressemblant à des rituels sataniques authentiques. »

Jean-Pierre Tissier

  *** LE LIVRE DE LA ROSE d’Alain Baraton (Editions MONPOCHE)

sorti le 6 juin 2024. Prix : 8, 20€. JPEG - 12.9 kio« Les secrets de la belle aux cent pétales révélés par le jardinier de Versailles que l’on écoute avec attention sur France Inter, tôt le matin sont dans cet ouvrage. Et dans le Polar, les roses sont omniprésentes et pleines d’épines… De nombreux films lui doivent leur succès, tout comme des poèmes, des chansons, des tableaux… C’est cette histoire avec ce petit livre qui tient dans la poche, comme un carnet de jardinier, que nous conte avec de nombreuses anecdotes et citations Alain Baraton. Allons voir si la rose a toujours des choses à nous dire… Un petit livre précieux que j’ai dévoré ce matin grâce à trois d’attente chez le médecin. Merci monsieur le jardinier de Versailles ».

Jean-Pierre Tissier

 *** LES HEURES DE LA NUIT NE REMPLACENT JAMAIS CELLES DU JOUR de Vanessa Caffin.

Editions de la Martinière). 304 pages. Prix : 19€. JPEG - 8.1 kio Le résumé. On a tous chez soi une vieille boîte à chaussures remplie de nos lettres des années lycée. Imaginez que vous ouvriez cette boîte. Imaginez que vous n’ayez aucun souvenir des amis qui vous ont écrit, ni de votre premier amour. Un trou noir. Imaginez qu’une des lettres qui vous était adressée se finisse par ces mots : « Florence dit que tu es un monstre, qu’elle t’a vue faire, elle jure qu’elle a entendu les cris. Je ne veux pas la croire. » Partiriez-vous, comme Alice, près de trente ans plus tard, à la recherche de votre mémoire blessée ? Même au prix de tout ce que vous avez de plus cher ? Un roman remarquable de maîtrise et d’acuité sur les secrets de famille et leur impact sur nos vies. À la façon d’une Ruth Rendell française, Vanessa Caffin déploie une intrigue virtuose et haletante.

« Lorsqu’on commence ce livre on ne sait pas trop où Vanessa Caffin que je ne connaissais pas va nous emmener avec pour point de départ trois copines de collège et un environnement familial plutôt compliqué, voire violent. Puis au fil des pages on comprend et là je me dis « C’est le père qui a tué sa femme ! » Eh non ! Et c’est là que le livre se révèle. C’est un roman vraiment passionnant car comme dit l’auteure « Rien n’est pire que les souvenirs ».

Muriel Gaillard

  *** UNE LÉGENDE CORSE e cose torte strappanu de Thierry Colombié

(Nouveau Monde Editions – collection Sang froid (poche). 288 pages. Prix : 9, 50€. JPEG - 49.8 kio Une succession d’évènements tragiques et tonitruants racontée par trois témoins : un truand, un informateur et une policière. Trois points de vue radicalement différents qui racontent la chute d’un parrain corse et en contrepoint la naissance d’une « légende » du grand banditisme. Un cycle lunaire en mode Rashomon où chaque voix insulaire décrit comment e cose torte strappanu (les choses tordues se cassent). Un polar qui nous plonge dans le cerveau de ceux qui détiennent les ficelles du vrai pouvoir en Corse. Aussi troublant que glaçant. Chercheur, spécialiste de la criminalité organisée en France, Thierry Colombié est aussi réalisateur, scénariste et auteur d’essais et romans sur le Milieu français. Depuis 2021, il est l’auteur de Polar vert (Milan), une série sur les crimes écologiques.
« Comment deux clans peuvent-ils décider du sort d’une ile comme la Corse ? C’est l’objet de ce livre qui je pense, n’est pas vraiment un roman mais bel et bien la réalité de la vie sur l’ile avec toutes ses « magouilles » et ses guerres de « territoire. C’est très bien écrit de surcroit. Un bon livre très interessant. »

Muriel Gaillard

  **** LA VIKING de Jacques-Olivier Bosco

dÉitions Fayard noir. Prix : 20€. Sorti le 17 avril 2024.JPEG - 82.3 kio Le résumé. Samantha, jeune mère divorcée, refuse de faire le deuil de sa sœur jumelle, Bianca, disparue depuis presque dix ans en Indonésie. Dans quelques mois, l’administration la considérera officiellement morte. Convaincue que Bianca est toujours en vie, Samantha redouble d’efforts et sillonne le monde pour la retrouver avant la date fatidique. Alors qu’elle commence à se faire une raison, un nouveau malheur la frappe : ses enfants sont kidnappés. S’engage alors une course contre la montre dans laquelle Samantha tente de démêler les mensonges et de découvrir les terribles secrets que lui cachent ses proches. Mais qui est cette femme blonde qui apparaît derrière chaque menace ? Et si c’était elle ?
* Jacques-Olivier Bosco est l’auteur de plusieurs romans dont Brutale (2016) et Coupable (2018). Il a été Prix Coup de cœur Blues & Polar /Les Comtes de Provence en 2014 pour Loupo.

« En lisant Bosco on peut être sûre de n’être jamais déçue. Dans La Viking les rebondissements s’enchaînent à un rythme effréné et outre la fusion de ces deux jumelles on découvre la face cachée de l’Indonésie car je pense que toute l’histoire n’est pas romancée. C’est un livre très prenant. Mais c’est Bosco ! »

Muriel Gaillard

  *** LA PROCHAINE FOIS JE VOUS L’ÉCRIRAI de Philippe MEYER

Editions Les Arènes. Sorti le 25 avril 2024. 304 pages. Prix : 22€. JPEG - 69.6 kio "Pour l’amour des Voix, tel était le véritable spectacle imaginaire que l’on se faisait JÂDIS… en écoutant la radio avec Philippe Meyer. En effet, « La prochaine fois je vous le chanterai, était une émission radiophonique particulièrement savoureuse et gourmande qu’on écoutait religieusement chaque samedi midi sur France Inter avec Philippe Meyer aux commandes de 12h à 13 heures. Une heure sacrée pour certains, dédiée principalement à la chanson française, avec tout ce qu’elle avait de bon, de pittoresque, mais aussi de loufoque avec notamment la plus que fameuse « chanson hôn » proposée par un auditeur, et qui se distinguait par un texte généralement - et involontairement - comique. Et ce ne sont pas toujours d’illustres inconnus qui eurent l’honneur de cette Palme valant de l’or… Cette belle émission qui s’est arrêtée en 2016, après une quinzaine d’années d’existence était avant tout celle d’une voix. Celle de Philippe Meyer, qui au même titre que celles des regrettés Henri Gougaud et Claude Villers ou de François Morel (toujours bien vivant aujourd’hui le bougre !) nous emmenait sur les chemins de la poésie et du rêve en empruntant autant les vibrations d’un accordéon auvergnat que le son tonitruant d’un hélicon en furie au milieu d’une fanfare des Balkans avant d’écouter religieusement deux versions différentes de la même chanson selon le principe du « C’est bien mieux à deux ». A l’heure où la voix d’Henri Gougaud au « timbre cuivré et à l’accent capiteux » vient de s’éteindre, Philippe Meyer lui rend un vibrant hommage en écrivant au lieu de chanter. Tout en accord avec ce livre dans lequel il nous fait partager son amour d’une chanson française qui n’a plus tellement de patrons aujourd’hui. Lui qui ne voulait pas de patron pour régenter sa vie « sauf ceux que nous pouvons reconnaître comme tels consentait-il à écrire. Nostalgie quand tu nous tiens… Brel, Brassens, Bécaud, Ferré, Ferrat, Mouloudji, Moustaki, Aznavour, Patachou, Barbara… sont partis de la TSF et son vieux poste en bois. Celui dont l’œil vert lumineux nous emmenait visiter le monde d’un simple quart de tour, via Hilversum, Amsterdam, Vienne, Stockholm, Budapest et Paris Inter déjà où la musique classique sa taillait la part du lion. Ce livre-là va se lire par petites lampées, avec le temps de parcourir toute la série de portraits qu’il dresse, de Bertrand Tavernier à Michel Rocard, en passant par Pierre Desproges qui disait humblement « La seule certitude que j’aie, c’est d’être dans le doute ». Une certitude, ce bouquin-là est destiné à nous faire rêver. »

Jean-Pierre Tissier

 *** UN CIEL BLEU COMME UNE CHAINE de Valérie Van Oost.

JPEG - 161.8 kio
Éditions La Trace. 207 pages. Prix : 20€. Sortie le 9 mai 2024.

Un fait divers, deux fictions... Bienvenue dans une édition où imaginaire et réalité s’entremêlent. C’est l’histoire d’une affaire criminelle qui a inspiré deux fictions complètement différentes. Un film et un roman qui sortent à quelques semaines d’intervalle. Leur sortie percute l’actualité : le procès de l’affaire s’ouvre aux assises le lundi 6 mai. « L’imagination de Stéphane Demoustier, comme la mienne, s’est emballée à la lecture d’un article du Monde : En Corse, la double vie de Cathy la « matonne », signé Ariane Chemin et Antoine Albertini. Deux fictions totalement différentes en sont nées. Hasard du calendrier, le film, Borgo, de Stéphane, est sorti en salle le 17 avril et mon roman, Un ciel bleu comme une chaîne sort en librairie le 9 mai.. Nous avons échafaudé des fictions très éloignées l’une de l’autre à partir du portrait de cette surveillante de la prison de Borgo, en Corse, fascinée par l’univers du banditisme et par la série Mafiosa, et aujourd’hui accusée de complicité dans un double homicide. » Valérie VAN OOST

LE RÉSUMÉ Kathy est aussi fascinée par les séries télé que par les caïds. Elle a quitté Bondy, avec mari et enfants, pour Vitrolles, une carrière de surveillante de prison et la mer. Placée en garde à vue, sa trajectoire percute celle de Laure, une avocate, enferrée dans une vie bourgeoise. Leur face-à-face va agir comme un révélateur. Ces 48 h vont leur permettre de révéler leurs mensonges, leurs manques, leurs désirs et une ambition commune : cesser de jouer un rôle auquel elles ne croient plus. Inspiré d’une histoire vraie. L’idée est née à la lecture d’un portrait du Monde La double vie de Cathy la matonne signé de la grand reporter Arianne Chemin et d’Antoine Albertini. Mais l’auteure s’est éloignée de la réalité́. La dimension policière étant un prétexte. Valérie Van Oost s’est inspirée de ce qui l’aimante encore dans la personnalité́ de cette femme : son addiction aux séries télé́, notamment à Mafiosa. Elle a transposé l’histoire à la prison de Luynes dans la région marseillaise. Librement inspiré de cette affaire, le roman interroge les fictions qui nous imprègnent et le rôle que chacun essaie de trouver.

Le vrai procès se déroulera aux Assises des Bouches-du-Rhône à partir du 6 mai. Dix-sept personnes, dont Cathy Sénéchal, qui a inspiré cette fiction, comparaîtront devant la justice pour répondre de leur participation au double assassinat de Bastia-Poretta. Cette surveillante pénitentiaire de la prison de Borgo, fascinée par la mafia corse, s’est mise à leur disposition.

« Attention ! Ciel bleu mais roman très noir ! Bien plus que le vers troublant « Le ciel est bleu comme une chaine » écrit par Guillaume Apollinaire, alors en prison à la Santé, qui a inspiré le titre de cet ouvrage. Et bien plus encore par le bilan de l’expertise psychiatrique de Kathy, surveillante de prison. A savoir : projette dans sa vie des éléments de feuilleton télé. Avec cette note de l’expert : retrouver l’article sur la stimulation par les réseaux sociaux des mêmes zones du cerveau que la cocaïne. Et cette question : effet identique pour les séries télévisées ?
En effet, devenue matonne dans le sud parce que le gris de Bondy lui pesait sur le teston, Kathy est devenue adulte avec pour livres d’école, les séries télé. Toutes ! De La Petite maison dans la prairie à Fast & Furious et surtout Mafiosa aujourd’hui, en passant par Mac Gyver, Starsky & Hutch, Buffy contre les Vampires…. Pas très idéal pour maintenir ses distances avec des détenus qui parlent le même langage dans des cellules où la télé est allumée 24h sur 24. Et c’est en voulant rendre service à de jeunes types paumés, sans visites, mais truqueurs, qu’elle se prend au jeu de l’argent facile pour vaincre l’isolement (passage de téléphone, de shit, d’infos sur des libérations…) sans en mesurer l’engrenage. Prise au piège naïvement et dépassée par les conséquences, elle est assistée par une avocate aixoise BC-BG, débutante et commise d’office qui se demande dans quel monde elle débarque face à cette matonne au verbe des quartiers, indéchiffrable, avec des mots débités en excès de vitesse. Car la phrase choc de la Police interne « Et le cadavre de Marignane ? » est plus qu’un coup de tonnerre. « Kathy tu connais vraiment dégun ? »
Ces « punch-lines » bousculent Laure Faure, l’avocate « chicos » mais silencieuse (procédure oblige) issue des quartiers de Marseille qui n’en peux plus d’être comprimée par un monde qui n’est pas le sien. Un livre qui nous entraine – malgré des longueurs – sur les fractures de notre société. « Si le salopard inconséquent qui a engrossé ma mère à 16 ans m’avait reconnue, je porterais un prénom magrébin… » pense l’avocate qui vient de quitter ses Louboutin hauts perchés et dénoué ses longs cheveux noirs et de feu. Le ciel n’est pas si bleu que ça en Provence…"

Jean-Pierre Tissier

 UNE BD

  *** LA PISTE DES LARMES de Séverine Gauthier (scénario) et Stéphane Soularue. (dessin)

JPEG - 213.2 kio Prix : 23 €. 80 pages. Format : 24 x 29 cm. Roman graphique cartonné. Sorti le 18 avril 2024.
CHEMINS est une nouvelle collection de romans graphiques au souffle épique. Chaque album retrace le parcours de femmes et d’hommes contraints à l’exil et qui, au péril de leur vie, ont emprunté des chemins aujourd’hui reconnus comme des lieux de mémoire.
LE RÉSUMÉ. Nunna daul Tsunyi, en langue Cherokee, est le nom donné à la déportation des cinq grandes tribus du Sud-Est des États-Unis (Cherokees, Creeks, Choctaws, Chickasaws et Séminoles) entre 1831 et 1838. Ces populations ont été déportées dans des conditions terribles à l’ouest du Mississippi dans le Territoire indien qui deviendra l’Oklahoma, au début du XXe siècle. Leurs terres de l’Est sont alors remises aux colons américains, en application de l’Indian Removal Act passé par le Congrès des États-Unis en 1830. Bref, Diwali et Adsila sont Cherokees et vivent dans les montagnes Blue Ridge au nord de l’état de Géorgie et vont bientôt se marier. En 1838, quand le président Andrew Jackson ordonne la déportation forcée de la tribu après des années de résistance, ils sont conduits avec des camps de détention, avant d’être acheminés vers les terres inconnues de l’ouest, au-delà du fleuve Mississipi. Hélas, au cours de leur périple, ils sont séparés de force. Et tous deux assistent alors à la mort de leur famille, de leurs amis et de leur clan, le long de la Piste des Larmes.

« J’ai toujours préféré les Indiens aux cow-boys et cette BD a encore plus accentué mon sentiment d’écœurement face aux colons de tous les pays du monde. Décidément colon rime avec bouffon et sales cons ! On comprend mieux aujourd’hui pourquoi certains pays en ont marre de ce passé douloureux au plus profond de leur chair, comme avec les noirs et les Indiens aux USA, pas très glorieux et encore moins humaniste. L’histoire se répète malheureusement depuis des siècles, et ça continue ! La Piste des larmes porte tristement son nom. Un très bel album pour tous qui confirme le « Poussez-vous de là que je m’y mette ; sans vergogne. Il reste les larmes… »

Jean-Pierre Tissier

« Voilà une BD très originale qui nous fait découvrir les atrocités commises sur les Indiens massacrés et déportés, au cours d’une période inconnue ou très peu. Avec de superbes dessins pour illustrer le propos. »

Jean-René Gaillard

 ET TOUS LES AUTRES QUE L’ON AIME AUSSI...


  **** RÉGLEMENTS DE COMPTES À MARSEILLE de Denis TROSSERO

PNG - 500 kio Sorti le 25 janvier 2024. (Mareuil éditions-Collection Jacques Dallest). Prix : 21 €.
Le pitch. Depuis plus d’un siècle, Marseille baigne dans le crime, comme si la figure de « l’homme tué » immortalisé dans la grotte Cosquer planait au-dessus de la ville, tel un funeste présage. Il suffit de citer des affaires, des noms, de Carbone et Spirito aux frères Guérini, en passant par la tuerie du bar du Téléphone, la tuerie d’Auriol ou l’affaire des cliniques, pour comprendre que la cité phocéenne a depuis longtemps un rapport particulier à la violence. Et le temps n’y fait rien. Au contraire, Marseille semble même s’enfoncer toujours un peu plus dans cette spirale infernale avec la pluie de règlements de comptes qui s’abat sur elle depuis plusieurs années. Au secours Pagnol ! Que sont devenues les parties de belote sur les quais du Vieux-Port au rythme chantant de l’accent provençal ? Cette violence est-elle rédhibitoire ? Comment les autorités tentent-elles dans la douleur de dénouer les fils ténus de cette situation dramatique ? Avec quels moyens ? Pour quelles ripostes ? La doctrine a-t-elle changé ? Pilonnage, méthode pro-active… Ces contre-attaques sont-elles toutes vouées à l’échec. * Journaliste à La Provence pendant 36 ans, spécialiste de la rubrique « police-justice », Denis Trossero connaît la cité phocéenne et ses arcanes comme personne.
« La violence à Marseille est-elle rédhibitoire ? Telle est la question pertinente et impertinente que pose mon confrère et ancien collègue de La Provence Denis Trossero dans ce « pavé » de 400 pages qui résume une carrière de reporter spécialisé police-justice dans les colonnes du Méridional, puis de La Provence. Car dès les premières lignes, on comprend à quel point de non-retour est arrivée cette barbarie qui touche au hasard de l’occasion, des femmes, des hommes, des jeunes, des vieux… avec une escalade relevant peut-être de la psychiatrie… En effet, comment emmurer – peut-être encore vivante - dans une armoire métallique, une jeune étudiante de 22 ans Stéphanie Jusac qui a eu le malheur d’être prise en stop entre Aix-en-Provence et Marseille par un groupe de Polonais avinés, un matin de janvier 1998, et qui a subi les pires sévices dans un squat du Vieux-Port durant une semaine ? Aujourd’hui, malgré la prison à perpétuité assortie d’une peine de sureté de 22 ans, les coupables sont peut-être dehors…
Dans les quartiers, pas que Nord d’ailleurs, ça se flingue à la Kalach en plein jour toutes les semaines… Alors, Marseille serait-elle devenue totalement fada ? Pas le fada habité par les fées cher au regretté Yvan Audouard. Non, le fada alcoolisé, shooté, qui entend des voix, ou qui (peut-être) joue la comédie… Et il faut désormais ajouter à ce fracas, les dommages collatéraux mortels si craints et pressentis dans les années 2000 à Marseille, par le brillant trio Laurent Nunez (aujourd’hui préfet de police de Paris), Christian Sainte (passé Directeur national de la PJ) et Jacques Dallest (à l’époque Procureur de la République) visionnaires éclairés, malheureusement ! C’est donc une revue d’effectif du crime organisé ou pas, à l’image d’un OM décimé par les blessures et à côté de ses pompes, que dresse Denis Trossero véritable « disque dur » des prétoires avec toute son expérience et son écriture non dénuée d’humour. C’est un livre passionnant à lire par chapitres suivant qu’il y ait des « chavanes » dans l’air ou du mistral du côté de la Corniche… Car le casting des procureurs de la République est passionnant et pittoresque avec une Palme d’Or digne de la Croisette pour Jacques Dallest et François Mollins car leur connaissance des dossiers, le sens de la pédagogie au service des autres, et une dose d’humilité bienveillante mais à poigne, ont fait leur office. Alors que le casting des vieux caïds marseillais avec leurs surnoms dignes d’un Michel Audiard qui aurait signé à Endoume, est un florilège de nostalgie entre Tontons flingueurs et massacre dans les bars et autres lieux de rendez-vous. Mais on défouraille aussi à moto comme pour dézinguer le juge Michel qui voulait mettre de l’ordre dans cette ville si agitée en permanence, qui possède pourtant la plus belle baie du monde. L’OM ne manque pas à l’appel tout comme Christelle Rotach directrice des Baumettes de 2013 à 2017, femme à poigne dans un univers masculin. Elle était arrivée là pour faire la chasse aux ripoux disait-elle. Aujourd’hui, elle est Inspectrice générale de la Justice. Si « La Justice, tour d’ivoire, c’est fini », phrase prémonitoire de Jacques Procureur général honoraire désormais, à l’origine du Pôle national « Cold cases » de Nanterre, c’est néanmoins un voyage d’une incroyable d’intensité allant des Goudes au Stade-Vélodrome en passant par les Baumettes, l’hôpital nord et les quartiers nord qu’on effectue au creux de ces vagues de souvenirs douloureux et parfois comiques signés par Denis Trossero. Le tragique y côtoie la commedia dell’arte, et on ne sait comment traiter le mal ancré au plus profond de cet univers entre ombre et lumière. L’auteur fait 20 propositions pour sauver Marseille en fin d’ouvrage. Et si pour une fois, on écoutait un vrai Marseillais ? »

Jean-Pierre Tissier

  **** DUEL de Franck Leduc (Belfond noir)

384 pages. Prix : 20€. Sorti le 7 mars 2024.
JPEG - 55 kio Le résumé. Depuis que deux cars scolaires transportant plus de soixante enfants ont disparu sur l’autoroute, les équipes de police, les politiques, les médias et tous les Français n’attendent qu’une chose : un signe de vie, un élément qui permettrait de comprendre ce mystère. Jusqu’au jour où un car réapparaît, à Montpellier, vide, à l’exception du téléphone de l’un des gamins. Et un message : Ce soir, dix-neuf heures. Un homme appelle et exige de ne parler qu’avec la capitaine du Raid, Talia Sorel. Experte de la négociation antiterroriste, la jeune femme de trente-quatre ans débarque dans une affaire rendue d’autant plus compliquée que tous ses collègues sont convaincus qu’elle a un lien avec le ravisseur. Au même moment, dans les Alpes italiennes, Pierre Jonquet, 13 ans, s’interroge : cette colo dont on ne sort pas, ces parents dont on n’a pas de nouvelles, ces animateurs qui interdisent l’accès au 4e étage du chalet… Si Pierre, fils de flic, soupçonne un sale coup, il ignore que le compte à rebours est enclenché. Qu’il faut fuir, vite. Immersif et choc, un thriller d’une remarquable technicité par une nouvelle voix du genre.

« Avec Franck Leduc que je ne connaissais pas encore, le mot thriller prend vraiment tout son sens, tant le suspense monte crescendo, au fil des phrases, au point de devenir diabolique et carrément irrespirable. Car la tension est palpable lorsqu’on découvre que deux cars avec 65 enfants à bort ont disparu sur l’autoroute ! Sans laisser de traces… Avant de réapparaitre, quelques jours plus tard à Montpellier, mais à vide et avec l’exigence d’une rançon digne du transfert des vingt footballeurs les plus chers de la planète avec plein de zéros derrière le n°64 ! Très rapidement le RAID est sur le coup, mais l’auteur du rapt qui ne se manifeste que par épisodes troublants - mais incroyablement très précis – face à la profileuse-négociatrice, laisse l’impression d’un psychopathe de talent qui serait bizarrement tout près. Comme s’il y avait une taupe carrément au sein du RAID ou de la Gendarmerie. Et ce manipulateur hors-pair, semble petit à petit être de plus en plus près au point qu’un « Il est avec nous depuis le début ! » nous laisse pantois, bras balllands, cerveau en fusion, au bord de la rupture d’anévrisme. Un polar « wahoo » percutant et terrible qui laisse des traces mortelles dans son sillage tant il est proche d’un mix d’événénement tragiques et réels que l’on a connus ces dernières années. Rien d’étonnant que ce polar 4 étoiles soit déjà en cours d’adaptation pour une mini-série chez France Télévisions. Un thriller d’orfèvre ! »

Jean-Pierre Tissier

« Quand j’ai commencé ce livre je me suis imaginée dans l’annonce d’un cyclone, avec d’abord un très gros bruit, puis on est transporté dans l’œil du cyclone, et ça dure un bon moment… Et soudain, le silence ; la fin du cyclone ! Ce livre de Franck Leduc que je ne connaissais pas, c’est exactement la même chose, au sein du groupe d’assaut qu’est le RAID et du professionnalisme de ses membres. Terrible !"

Muriel Gaillard

  **** COMME SI DE RIEN N’ÉTAIT de Barbara Abel

JPEG - 31 kio Sorti le 11 avril 2024 (Récamier). 368 pages. Prix : 20,90€
Le résumé Dans l’existence d’Adèle, chaque chose est à sa place, toujours. Elle règne sur sa vie, parlemente avec le destin, orchestre le hasard qu’elle a appris à dompter mais qui – elle ne le sait pas encore –, est sur le point de lui exploser au visage. À la sortie du cours de musique de son fils, elle rencontre le nouveau professeur de solfège, Hugues Lionel. Leurs regards se croisent. Lui, semble troublé et dit la reconnaître. Qui est cet homme, et pourquoi l’appelle-t-il Marie ? Contrairement à Adèle, chez Hugues rien n’est sous contrôle, et le retour de cette femme qu’il pensait ne jamais revoir pourrait être le cadeau de la vie qu’il attendait depuis si longtemps. Quand bien même cette dernière prétend ne pas le connaître... On peut tous se rassurer par de petits arrangements avec la vie, avec les erreurs du passé, avec ce que l’on n’aurait jamais dû voir ni même entendre. Mais peut-on indéfiniment faire comme si de rien n’était…

« Barbara Abel - présente en août dernier au festival Blues & Polar - n’a pas son pareil pour nous égarer dans les méandres de la vie quotidienne jusqu’à la limite de l’intime et du domestique, comme pour nous »endormir« en nous fondant dans le décor... et d’un seul coup, nous livrer - mais au compte-gouttes - des infos cruciales et très personnelles. Celles qui vont laisser des traces, tels des clignotants qui s’allument préventivement et nous délivrent des signaux déterminants. Le suspense prend alors corps petit à petit dans cet univers bruxellois des beaux quartiers bourgeois chics et silencieux, faits de longues avenues arborées de magnolias ; et la pression monte pour une cuisson lente à basse température, mais déterminée à cuire »in perfecto« néanmoins. En brûlant même le fond de la cocotte-minute ! Car la balade de mise en situation se poursuit autour d’un piano, d’une partition de solfège, d’un verre en terrasse... comme dans une pièce de théâtre dont elle prend soin de planter le décor minutieusement avec des coups au cœur réguliers préfigurant les changements d’acte. Et ce n’est pas un hasard si son premier texte à ses tout-débuts, fut une pièce de théâtre... Elle nous balance alors, quand la cuisson est proche de la durée optimum, une flopée de changements de piste intempestifs et soudains qui s’adresseraient à un avion déjà au roulage, puissance maximum et sur le point de décoller... à qui on demanderait soudainement de faire demi-tour. Maitresse diabolique absolue des mots simples mais très efficaces, Barbarel Abel nous fait trépigner d’impatience comme si un poison lent injecté n’agissait qu’au goutte à goutte sur ses lignes ciselées. On tape du pied ostensiblement, on rage, on enrage, notamment lorsqu’on ouvre une boite dans laquelle un passé de famille incroyable resurgit, vil et à vomir, car cette situation folle dans laquelle finissent par tomber ses personnages pourraient très bien nous concerner. La folie pouvant tous nous rattraper un jour et nous faire passer à l’acte, alors qu’on ne s’y attendait absolument pas. Un régal de lecture brûlante et glaçante à la fois. On ne se méfie jamais assez de ses voisins ! »

Jean-Pierre Tissier

« Dès le début du livre, comme souvent avec Barbara Abel – invitée de Blues & Polar à Manosque en 2022 – on pénètre dans la vie de cette famille plutôt confortable. Et de suite c’est très perturbant ! On va très vite de rebondissements et on se sent de plus en plus mal à l’aise lorsqu’on voit que cette mère de famille ne réagit pas face aux évènements. Et d’un seul coup ça explose ! Tout est dans la psychologie du couple et de la famille. Tu ne lâches ce livre jusqu’au bout. Et là enfin tu peux respirer ! »

Muriel Gaillard

  *** LA MAISON DES MENSONGES de John Marrs

City éditions. Sortie mars 2024. Prix : 20,90€. 415 pages.
JPEG - 14.5 kio
Le résumé. Maggie et sa fille Nina vivent dans la même maison mais, parce qu’elle lui a fait subir des choses impardonnables, Nina garde sa mère dans le grenier qu’elle verrouille chaque soir. Elle ignore la plupart des secrets du passé et Maggie préfère rester prisonnière plutôt que de révéler la vérité.
« C’est un roman psychologique avec l’histoire d’une mère qui ne supporte pas que le chemin de vie de sa fille unique soit semé d’embûches ; quitte à endosser tous les crimes de sa fille qui présente de gros problèmes. Quitte aussi à se laisser enchainer par celle-ci et à rester prisonnière. Néanmoins celivre va de rebondissements en rebondissements avec de surcroit une fin totalement inimaginable ! Un très bon livre. »

Muriel Gaillard

  *** ARANEA La légende de l’Empereur d’Alexandre Murat.

Tome 1. Sorti le 4 avril 2024. (POCKET) pages. Prix : 9 €.
JPEG - 9.4 kio Le résumé. Et si les aigles de Napoléon recelaient un secret que personne n’avait osé imaginer ?Mai 1821. Napoléon sent la mort arriver. Avant de s’éteindre, il ordonne que sept aigles en argent bien particuliers soient distribués à des proches, initiés au grand secret qu’ils recèlent.
Novembre 2018. Alex, professeur réputé d’Histoire des Civilisations, et Mary, intrépide détective privée, sont embauchés par un milliardaire américain pour retrouver les aigles qui doivent mener à un mystérieux trésor. Face à Alex et Mary se dresse un adversaire de taille, Horacio del Monte, un des plus grands trafiquants d’art du monde. Il est également sur la piste des aigles, car ils doivent mener selon lui aux joyaux de la couronne d’Espagne, dont on soupçonne qu’ils ont été volés par Joseph Bonaparte lors de son règne sur ce pays. Au-delà de l’appât du gain, l’obtention de ce trésor espagnol serait le point culminant de sa carrière et de sa vanité sans borne. Alex et Mary vont devoir affronter de multiples obstacles et des adversaires déterminés avant de pouvoir percer l’un des plus grands mystères que Napoléon et sa famille aient voulu dissimuler aux yeux du monde.

« C’est un roman historique concernant Napoléon et la recherche des neuf livres sensés bouleverser la bonne marche du monde. La partie roman policier est captivante mais c’est surtout la partie historique qui est très intéressante car le livre contient beaucoup d’éléments historiques et il y a une vraie recherche qui rend ce livre vraiment très agréable à lire. »

Muriel Gaillard

  **** ARANÉA LE 9e LIVRE d’Alexandre Murat

(Editions Fleuve noir). Prix : 20, 90€. 320 pages.
JPEG - 28.9 kio Le résumé. Et si le savoir devenait une arme de destruction ? Avril 1939. Une expédition commanditée par Himmler se lance sur les traces d’un mystérieux livre au milieu des montagnes de l’Himalaya. Mars 2021. Alex, professeur d’histoire des Civilisations à Harvard, et Mary, à la tête de son agence de sécurité privée, sont loin d’imaginer qu’ils vont devoir, contre leur volonté, mener la plus dangereuse de leurs quêtes et affronter une redoutable ennemie. Du monastère de Gyantse au Tibet jusqu’aux Invalides, en passant par l’Argentine et les États-Unis, ils suivront les traces d’un ouvrage pour lequel les trahisons et les crimes s’accumulent. Car le pouvoir de cet objet est peut-être encore plus grand et plus terrible qu’on ne l’imagine.
« Quand j’ai commencé à lire ce livre, j’avais un apriori en me disant c’est encore un roman historique concernant Napoléon quand on voit le nom de l’auteur descendant direct du Maréchal Murat, beau-frère de Napoléon tout de même. Mais quelle agréable surprise ! C’est un vrai roman, passionnant, captivant, certes concernant Napoléon et l’Aiglon, mais outre l’histoire romanesque, il y a tous les détails historiques concernant les Invalides notamment. Et tous les tunnels qui sont dessous. C’est un vrai plaisir de lire ce livre… et maintenant je vais lire « La Légende de l’Empereur » sorti en 2022. »

Muriel Gaillard

  **** OBSOLÈTE de Sophie Loubière

Sorti le 1er février 2024 chez Belfond noir. Prix : 15,75€. 528 pages.
JPEG - 14.6 kio Le résumé. Depuis le Grand Effondrement de la civilisation fossile et les crises qui ont suivi, l’humanité s’est adaptée. Économiser les ressources, se protéger du soleil, modifier son habitat, ses besoins, et adhérer au tout-recyclage. Y compris celui des femmes. Afin d’enrayer le déclin de la population, toute femme de cinquante ans est retirée de son foyer pour laisser la place à une autre, plus jeune et encore fertile. L’heure a sonné pour Rachel. Solide et sereine, elle est prête. Mais qu’en est-il de son mari et de ses enfants ? Car personne n’est jamais revenu du Grand Recyclage. Et Rachel sent bien que le Domaine des Hautes-Plaines n’est pas ce lieu de rêve que promet la Gouvernance territoriale aux futures Retirées...

« Ce livre est classé dans les romans d’anticipation ; oui, mais jusqu’à quand ? Dès les premières pages on ressent un malaise, car l’auteure évoque notre mode de vie du XXIe siècle en abordant toutes les erreurs que l’on peut faire comme le gâchis de notre planète, mais aussi cet esprit de supériorité que l’on croit avoir atteint. Surtout l’homme par rapport à la femme. Très peu de siècles après le grand effondrement (le roman se déroule en 2224) il faut donc survivre, mais pour cela il y a des sacrifices à faire. Ce sont les femmes qui en feront les frais en étant juste là… que pour repeupler le monde ! Des mères procréatrices que l’on envoie ensuite au « recyclage » à 50 ans. C’est un livre qu’il faut absolument faire lire aux lycéens et aux jeunes générations et en tirer les conclusions. Particulièrement flippant, perturbant… et passionnant ! »

Muriel Gaillard


  **** DANS L’OMBRE DU PRÉDATEUR de Gérard SARYAN (Taurnada)

380 pages. Prix : 10, 95€. JPEG - 19.7 kio
LE RÉSUMÉ. Lorsqu’un adolescent est découvert crucifié sur une plateforme au milieu du lac de Lambecq, les villageois sont consternés. Qui a pu commettre un acte aussi odieux ? La même nuit, la sœur de la victime disparaît. A-t-elle été enlevée par l’assassin de son frère ? La capitaine de police Agnès Demare est envoyée sur place afin de prêter main-forte aux gendarmes. Ses faits et gestes sont relayés sur les réseaux sociaux par Jade, une célèbre influenceuse lilloise. Pour ces deux femmes que tout oppose, une enquête tentaculaire commence. La soif de vérité emporte Agnès et Jade dans un tourbillon où la proie n’est pas toujours celle que l’on croit. Méfiez-vous, la toile diabolique de Gérard Saryan va encore vous prendre au piège !

" On va de surprises en surprises avec ce 3e roman de Gérard Saryan qui réunit la Police Judiciaire et la Gendarmerie nationale pour une enquête au cœur des mystérieux étangs de la Brenne et de ce Berry pays des sorciers et des rebouteux que je connnais si bien...
Un mariage forcé pas toujours évident - même en 2024 - entre une capitaine de Police travaillant à l’instinct et des majors de Gendarmerie, militaires avant tout, vivant en casernement avec famille et enfants.
Et cette fois encore, comme dans bien des faits-divers actuels, où l’on qualifie le criminel de fou souvent bien trop rapidement, la notion de troubles psychiatriques et de discernement (ou non) du présumé coupable est le noeud gordien de l’enquête. Avec la balle dans le camp des experts-psychiatres qui ne sont pas toujours d’accord sur le diagnostic comme dans l’Affaire Elong Abé assassin d’Yvan Colonna dans l’enceinte de la Maison d’arrêt d’Arles.
Ici, à la suite à la défestration d’un présumé serial-killer travesti surnommé « La Demoiselle » et du coma de trois longues années qui a suivi, le réveil inattendu de ce dernier, totalement amnésique semble-t-il déclenche des inquiétudes. Car ce prédateur passionné de jazz auparavant qui frappait sans plan ni stratégie avec la patience d’un fauve, sur de très jeunes filles, avait un lien ténu avec la route des festivals de jazz en été. Et ils sont légion en France de Crozon à Nice en passant par Vienne ou Coutances...
Dans cette enquête de longue haleine où resurgit un instant, une protagoniste de « Sur un arbre perché » (son précédent roman) on navigue d’émotions en émotions avec pour point d’orgue un loup (un vrai !) qui pointe régulièrement le bout de son nez dans la brume du petit matin, ou au crépuscule comme un symbole étrange, si proche de Nohant, et de la Mare au diable de George Sand. Un bouquin sacrément diabolique qu’on ne lâche pas et qui évoque une fois de plus, les troubles de la personnalité qui touchent bien des gens ; que ce soit dans les grandes villes ou au plus profond des terroirs. Gérard Saryan sait saisir toutes ces subtilités avec beaucoup de nuances. Blues & Polar qui a été le premier festival à l’accueillir avec « Prison Bank water » croit plus que jamais en sa plume et à son imagination« subtile et addictive ».

Jean-Pierre Tissier

« Décidément je suis une fan inconditionnelle de Gérard Saryan depuis son exceptionnel Prison bank water et son superbe et étonnant Sur un arbre perché. Là, dès les premières phrases tu es happée dans l’histoire de ce meurtre épouvantable. Tu cherches évidemment qui est l’auteur voire l’auteure, mais jusqu’au bout du livre – après maints et maints rebondissements, on ne trouve pas ! Franchement, quand on commence un bouquin de Gérard Saryan on est comme pris au piège… et on n’en sort qu’à la fin, et on attend la suite. »

Muriel Gaillard

 *** DANS LE COLLIMATEUR de Sébastien GENDRON

JPEG - 23.9 kio Sorti le 1 8 j a n v i e r 2024. Editions PKJ. 200 pages. Prix : 16,90€. Le résumé. Seul depuis toujours, trimballé de déménagement en déménagement par ses parents militaires, abandonné par sa soeur qui a fui la maison le jour de sa majorité, Gabriel, dix-sept ans, n’a pourtant pas perdu espoir. L’année dernière, il a cru qu’Alice, la plus belle fille du de son ancien lycée, était amoureuse de lui. Dans l’établissement où il est arrivé en cours d’année, il pensait avoir enfin trouvé une bande d’amis parmi les élèves les moins fréquentables. Mais la vie ne lui fait jamais de cadeau et, après une nouvelle désillusion, Gabriel se retrouve plus seul que jamais. Lorsqu’un nouveau drame survient de manière inattendue, son monde fragile bascule. Traqué par un homme en noir sans pitié, Gabriel n’a plus le choix : il doit fuir pour sauver sa peau… et garder son terrible secret L’auteur joue avec les nerfs du lecteur, et ce jusqu’à la dernière page.
« Ce livre est classé dans la catégorie Livre Jeunesse et pourtant c’est un roman passionnant que bien des adultes peuvent lire avec plaisir même s’il y a des scènes de chasse parfois très dures à supporter. Jusqu’à la fin de l’ouvrage on se demande comment va finir ce pauvre garçon. Et la fin justement est angoissante et surprenante. Mais c’est de cette façon que ça devait se terminer pour lui. J’ai beaucoup aimé ! »

Muriel Gaillard

  **** KIM ET LES PAPYS BRAQUEURS de Patricia Tourancheau

JPEG - 17.1 kio
(Le Seuil) 240 pages. Prix : 19 €. Le résumé. C’est l’incroyable histoire vraie du braquage de Kim Kardashian, la star de téléréalité américaine de passage à Paris pour la Fashion Week, détroussée par une équipe de voleurs seniors. La nuit du 2 au 3 octobre 2016, cinq filous venus dans son hôtel de luxe dérobent sa bague de fiançailles et une flopée de bijoux, un butin de 9 M€, avant de repartir à vélo en gilets fluo. Les pieds-nickelés viennent de réussir le casse du XXIe siècle. Mais, avec la vidéosurveillance et les traces ADN, pas facile de garder le magot. Le télescopage entre ces « artistes « has been » âgés de 60 à 72 ans et la Queen mondiale des réseaux sociaux, c’est la rencontre de la bicyclette et du jet privé, du patiné et du bling-bling. C’est le choc des cultures entre des gangsters pépères tout droit sortis des films d’Audiard et l’influenceuse planétaire. Cette histoire tragi-comique d’une star 2.0 dépouillée par des voleurs sans retraite a tout de suite titillé Patricia Tourancheau.
« Un braco de vieilles canailles qui rapporte dix briques de patates d’aujourd’hui, en allant fureter du côté de chez Kim Kardashian (la star de la Télé réalité) venue discretos à Paname pour assister à la Fashion Week et y rencontrer son pote Karl Lagerfeld. Voilà ce qui arrive quand on se trimbale avec toute sa quincaillerie blingbling exhibée comme un boa scintillant au soleil… Actuellement en liberté provisoire eu égard à leur âge et leurs soucis de santé, et en attendant un procès qui drainera la crème médiatique des réseaux sociaux, les papys branquignols du casse raté du siècle la joue plutôt profil bas.
Le temps pour Patricia Tourancheau, qui avait déjà interviewé les gars du Gang des postiches dévalisés par Fourniret à la suite d’un tuyau entendu en prison, de prendre un malin plaisir à nous faire un cinoche sur cette épopée de « bras cassés » digne des Tontons flingueurs ». Et elle nous embarque rapidos dans un « road-trip » parisien où la « fashion lady » aux 132 millions de followers dans le monde, va se retrouver saucissonnée, comme dans les années 1990 quand une bande de malfrats dégotait leurs futures victimes dans Le Who’s Who. Le fameux Bottin mondain qui donnait tout leur CV… et même les adresses !
Eddie Barclay, Richard Berry, Simone Del Duca (84 ans, veuve du magnat de la Presse), Marie-Louise Carven (86 ans, veuve du grand parfumeur), Martha Barrière (veuve du PDG des casinos), le parfumeur Jean-Paul Guerlain, la mère de Vincent Bolloré, l’épouse de Charles Aznavour, Fabien Ouaki (PDG des magasins Tati)… ont tous subi ce sort très « charcutier » devenu aujourd’hui le très british « home jacking » bien plus violent moralement parfois à l’image des époux Tapie molestés dans leur maison de campagne. Car Nanar n’était pas très coopératif.
C’est là toute la patte journalistique de Patricia Tourancheau qui outre le comique de cet authentique braquage, nous présente une information très fouillée sur ces actes qui laissent des traces psychologiques importantes au-delà de l’argent. Ce bouquin est un Saint-Honoré, une Pavlova, un baba au rhum, ou un Opéra signés Michalak, Hermé, Allano, Lignac, Heitzler ou Grolet… qui côtoient le croissant et le café-crème sur le zinc d’un troquet de quartier. Du Audiard dans le texte avec Frédéric Dard pour tenir la plume. C’est savoureux, drôle, mais hyper informé. Car Patricia Tourancheau, autodidacte de bonne heure du journalisme et des faits divers, n’a pas été Grand Reporter à Libération pour rien. Elle est un authentique « disque dur » des grands procès qu’elle a tous en tête comme Pascale Robert-Diard son homologue au Monde. On attend le procès avec impatience, mais à ce jour tous les braqueurs sont présumés innocents…"

Jean-Pierre Tissier

* Journaliste spécialiste de la police, du banditisme, des criminels et des faits divers depuis 35 ans, Patricia Tourancheau – invitée l’an dernier à Blues et Polar pour son livre « Le Grêlé » Coup de Cœur Blues & Polar/Comtes de Provence 2024, - est aussi l’auteure de Grégory, la machination familiale, du Magot et du Grêlé (Seuil), de Guy Georges, la traque (Fayard), ainsi que d’une quinzaine de documentaires. Elle a coréalisé pour Netflix la série Grégory, le film Les Femmes et l’Assassin sur Guy Georges et adapté Le Magot en série pour Canal +.


  *** PRIYA LE SILENCE DES NONNES de Marie CAPRON

JPEG - 41.3 kio (Viviane Hamy éditions) 352 pages. Prix : 21,90€. Sortie le 8 mars 2024. Le résumé. Agent dormant de la CIA mis au placard au pays du pastaga, McKay est chargé de surveiller Tristan et Bérénice Martinez, héritiers d’un célèbre chimiste de la French connection et dirigeants d’une prétendue entreprise de phytothérapie. Quand McKay comprend qu’ils sont parvenus à mettre au point une terrible drogue qui rendra à leur famille ses heures de gloire, il voit là l’occasion de revenir en grâce auprès de sa hiérarchie. Parallèlement à ces faits, Priya, commissaire de 54 ans, finalise l’adoption de Lison Ober. En plein entretien avec la psychologue chargée du dossier, elle reçoit un appel du « boss », le commissaire divisionnaire de l’Unité centrale de criminologie. Avec Ziad, son jeune lieutenant, elle doit se rendre de toute urgence au carmel de Montmartre où des nonnes sont retenues prisonnières. A la découverte d’une effroyable scène de crime, ils sont loin d’imaginer l’horrible machination qu’ils devront déjouer… Géopolitique, services secrets, jeux de pouvoir, armes chimiques et humour noir sont les ingrédients de cette enquête aussi palpitante que désopilante. Un pulp polar addictif, la French touch en plus !
« C’est un livre très plaisant à lire qui met en scène les Services secrets américains et français. Ceux-ci essayant de comprendre les tueries en série qui sont le fait d’une nouvelle drogue actuellement en circulation. Et là, on touche du doigt l’actualité de 2024. Car cette drogue pourrait bien intéresser les gouvernements américains et français … pour leurs militaires ! Un bon thriller ! »

Muriel Gaillard

  *** * EDEN L’Affaire Rockwell de Christophe PENALAN

JPEG - 30 kio (Viviane Hamy éditions) 384 pages. Prix : 21, 90€. Le résumé Ses peluches étaient dans une corbeille en osier, ses habits sales dans un bac en plastique, ses jouets et ses livres sur ses étagères, parfaitement rangés… Les cahiers d’exercices et les manuels qu’elle n’avait pas emportés à l’école étaient restés sur son bureau, rien ne dépassait. Rien ne laissait penser à une fugue. Tout était là, à sa place. Bakersfield, Californie, 12 octobre 2004. Eden, 11 ans, a disparu en rentrant de l’école. Les recherches sont confiées à l’inspecteur Dwight Myers, anciennement sergent au LAPD, et à son coéquipier, Buddy Holcomb. Quand trois enlèvements de fillettes sont signalés dans le même temps à Los Angeles, la piste d’un terrible réseau criminel semble se confirmer. Mais à mesure que l’enquête progresse, des zones d’ombres autour de la figure d’Eden surgissent… Eden, l’affaire Rockwell est le récit haletant d’une disparition qui se transforme en une effroyable machination, ébranlant l’Amérique du début des années 2000. Tel un prestidigitateur chevronné, Christophe Penalan se joue des apparences et signe un premier roman aussi efficace que glaçant. «  »Pour un premier roman c’est une vraie réussite ! Ce livre relate une affaire qui a eu lieu en Amérique et qui commence par une disparition. Puis d’autres disparition s’ensuivent et nous font l’effet d’un véritable jeu de dominos. Tu en fais tomber un et tous les autres suivent. C’est un suspense de page en page. Un vrai « page turner’ comme disent les Américains avec de surcroit une fin surprenante. Bravo ! »

Muriel Gaillard

  **** ENQUÊTE & CHARLESTON de Mélanie Bantignies.

JPEG - 24.1 kio City éditions. Prix : 19,90€. 400 pages. Sorti le 21 février 2024. Le résumé. 1925. Après avoir voyagé pendant des années à travers le monde, Madeleine Hardwick se fait une joie de rentrer enfin chez elle, en France. Mais c’est avec stupeur qu’elle découvre que sa meilleure amie Léonie a été assassinée. Déterminée à comprendre ce qui s’est passé et à rendre justice, Madeleine se rend à Paris, sur les traces de Léonie. Avec l’aide de ses deux fidèles domestiques, John et Eugénie, elle va tenter de percer les secrets de sa défunte amie qui l’ont conduite tout droit dans la tombe. Mais au fur et à mesure Madeleine se rend compte qu’il faut toujours se méfier des apparences, et qu’un secret bien macabre se cache derrière la disparition de Léonie. Et surtout, le diable peut parfois se cacher derrière le plus charmant des sourires...

« L’histoire de ce livre c’est la quête et l’enquête que mène une riche personne pour savoir pourquoi son amie a été tué ? Mais au-delà de la recherche qui nous tient en haleine tout au long du livre, c’est aussi la vie parisienne des années 1920-1930, qu’on a surnommé »La Belle Epoque« à juste titre avec l’arrivée du charleston notamment, qui autant surpris que le rock’n’roll dans les années 60. Et c’est à nouveau, après la triste période 14-18, les excès de plaisirs d’après-guerre et la position des femmes dans la société et dans la famille qui est remise en cause. Et c’est particulièrement intéressant, car on se rend compte que finalement il n’y a pas eu beaucoup d’évolution. Un très bon livre instructif et passionnant ! »

Muriel Gaillard

  **** L’HOMME AUGMENTé de RAPHAËL GAILLARD

(Grasset. 352 pages. Prix : 22 €.) Sorti le 10 janvier 2024.
JPEG - 10.2 kio Le résumé. Raphaël Gaillard s’attaque à une machine à fantasmes : la perspective « d’augmenter » l’humain en l’hybridant à la technologie. Le directeur du pôle hospitalo-universitaire de psychiatrie de l’hôpital Sainte-Anne à Paris, et professeur de psychiatrie à l’université Paris Cité estime que de telles évolutions ne seront pas sans risque, notamment pour la santé mentale. Hier, l’intelligence artificielle était un fantasme de science-fiction. La voilà sur le point de nous remplacer dans bien des fonctions. Faut-il anticiper un affrontement entre la machine et l’homo sapiens ? Avec une hauteur de vue inédite sur une question brûlante, le psychiatre et chercheur en neurosciences Raphaël Gaillard montre que cette nouvelle intelligence, née en imitant notre cerveau, a toutes les raisons de s’hybrider avec notre propre intelligence. Le défi ne sera pas de rivaliser avec l’IA mais de réussir cette hybridation. D’ores et déjà, les interfaces cerveau-machine permettent à un homme paralysé de marcher ou de transmettre ses pensées. Demain, nous utiliserons l’IA comme nous utilisons nos smartphones, partout et tout le temps, comme un appendice de nous-même, voire en l’incorporant. Faut-il en avoir peur ? Nous avons déjà connu une grande hybridation avec l’avènement de l’écriture et de la lecture, signant notre passage de la Préhistoire à l’Histoire. Déposer hors de soi notre savoir par l’écriture, et se le réapproprier par la lecture, n’était pas si différent de ce que la technologie nous promet. Puisque cette aventure fut une réussite pour l’humanité, nous ferions bien de nous en inspirer.
« Avec « L’homme augmenté », le professeur Rafaël GAILLARD nous emmène dans une superbe chevauchée au travers de la longue épopée historique qui a construit et structuré les différents étages de notre cerveau, pour le faire « sapiens » par la découverte et maitrise de l’écriture et de la lecture. Également, par une chevauchée au travers des paysages très contemporains de la recherche neuroscientifique au cœur de ces nouvelles formes d’intelligence, dite artificielle (I.A). Certes, cette hybridation cerveau-machine ouvre un avenir déjà prometteur pour les soins médicaux et la juste compensation de certains handicaps moteurs ou sensoriels. Mais comme pour freiner et raisonner les ardeurs d’apprenti-sorcier qu’a de tous temps eu l’Homo sapiens, le psychiatre et chercheur en neurosciences, brise ce miroir aux alouettes par une question vitale : « Notre cerveau le supportera-t-il ? » Et à ce jeu de s’en remettre complètement à l’I.A, l’Homo sapiens que nous sommes devenus n’y perdrait-il pas son âme, ses émotions et sa raison... et nos enfants avec ? Mais fort judicieusement et comme pour apaiser l’étourdissement de toutes ces recherches scientifiques contemporaines, R. Gaillard ose nous régaler en faisant raisonner émotionnellement de grands textes littéraires et musicaux (ses humanités, semble-t-il) pour être ce Sancho Panza et venir calmer les ardeurs d’un Don Quichotte trop épris et ébloui de toutes ces promesses technologiques d’hybridation cerveau-machine ! Aussi, pour engager raisonnablement ce nouveau chapitre de notre aventure « sapiens » que sont ces nouvelles technologies, prenons le temps avec l’auteur de réfléchir à ce que nous avons fait de cette 1re hybridation qu’a été la maitrise de l’écriture et de la lecture. Sans surtout en perdre les larges bénéfices en termes de croissance neurologique, d’enrichissement scientifique, culturel et artistique, et de construction sociale … Et puisque « la lecture nous rend plus intelligent », ne nous en privons pas ! A commencer par cet essai réussi qu’est « L’homme augmenté ». Moi, j’en suis sorti largement grandi !"

Philippe Coutable

  *** UN COUP DE HACHE DANS LA TÊTE Folie et créativité de Raphaël GAILLARD

. JPEG - 25.7 kio 256 pages. Sorti le 24 janvier 2022. Prix : 22€. Le résumé. Qu’est-ce qui fait de nous des êtres capables de créer ? Lorsque Diderot écrit que « les grands artistes ont un petit coup de hache dans la tête », il consacre une idée qui traverse les époques et les cultures : qu’il s’agisse de la mélancolie selon Aristote, de la tempête des passions selon les Romantiques ou du manifeste surréaliste, tous célèbrent le lien entre folie et créativité, au point de considérer la folie comme l’ordinaire du génie.
Pourtant l’idée ne résiste guère à l’expérience quotidienne du psychiatre, qui raconte ici ses patients et montre combien la maladie les entrave et les livre à la souffrance.
C’est à partir de récentes études scientifiques qu’il devient possible de résoudre cette apparente contradiction : c’est du côté des parents, enfants, frères et sœurs des patients que pourrait bien se situer la propension à la créativité. Le lien entre folie et créativité devient un lien de parenté : notre ADN nous rend vulnérables aux troubles psychiques en même temps qu’il nous permet de créer.
C’est parce qu’ils sont la contrepartie de ce qui fait de nous des êtres humains que ces troubles s’avèrent si fréquents. Pour créer une œuvre, il faut se représenter le monde en pensée. Or l’acte élémentaire de penser est en soi un acte de création, et un pouvoir qui n’est pas sans risque : en façonnant nos représentations du monde, nous devenons capables de les enrichir à l’infini. Pour faire œuvre ou pour se perdre.

« Un coup de hache dans la tête » ! Contrairement aux apparences, ce titre qui frappe l’esprit n’est pas celui d’un thriller plutôt gore, mais un Essai sur la Folie et la créativité écrit par le professeur Raphaël Gaillard chef du service de psychiatrie de l’hôpital Sainte Anne à Paris qui lui a valu le Prix de l’Académie française en 2022. Et cet emprunt d’une phrase signée Diderot pour titre de son livre est l’occasion de tenter d’expliquer ce qui se passe à l’intérieur de notre cerveau et comment le soigner. Car 700 000 personnes (soit 1% de la population en France) sont touchées par la schizophrénie. Et aucun milieu social n’en est épargné…
En 250 pages c’est une introspection technique et savante que livre le professeur Gaillard bien plus abordable à l’oral notamment sur les radios et plateaux télé (France Inter, La Grande Librairie…) où il est considéré comme un « bon client » car très clair, et ne manquant pas d’humour dans son usage des illustrations.
Néanmoins, en picorant petit à petit dans ses chapitres, on apprend bien des choses sur cette « boite noire » de nos pensées et de nos actes de 1300 gr qui parfois connait de sérieux ratés sans en connaitre forcément la cause...
« Mais rien n’est simple écrit Raphaël Gaillard. Les troubles mentaux sont des pathologies et dans la compétence des psychiatres, les certitudes ne sont pas de mise. D’ailleurs, le métier de psychiatre a ceci d’étrange c’est qu’il sème le doute. Car on ne peut pas dire maladi,e mais trouble. Exemple : si un chef d’orchestre est sensé coordonner l’activité de notre cerveau ; qui donc coordonne celle du cerveau de notre chef d’orchestre ? »
Et pour se rapprocher du Polar : "Dès qu’un fait divers confère à la folie, la matière première faisant office de témoignage c’est le récit des patients. Mais à ceux qui veulent allier folie et créativité, Jean Dubuffet - le créateur de l’Art brut mort en 1985 - disait : « Il n’y a pas plus d’art des fous que d’art des dyspeptiques ou des maladies du genou… »
Cet Essai de haute valeur donne l’occasion de se poser la grande question éternelle du « discernement aboli » ou du « discernement altéré » lors du passage à l’acte en cas de crime et de confrontation avec la Justice. Car pour l’un c’est l’irresponsabilité devant la Loi sans aucune poursuite judiciaire, tandis que pour l’autre c’est la Cour d’assises, le jugement, une éventuelle peine d’emprisonnement... voire une remise en liberté sur les conseils d’experts-psychiatres, pas obligatoirement unanimes sur l’état réel du mis en cause. Un sujet hyper sensible, où là-aussi le doute subsiste en cas de récidive, et dont nous débattrons le samedi 24 août à Manosque au cours du 20e Festival Blues & Polar qui aura pour thème Polar et Psychiatrie. »

Jean-Pierre Tissier

« La Folie est-elle l’ordinaire de tout créateur ? Cette interrogation que nous offre « Un coup de hache dans la tête » de Raphaël Gaillard, psychiatre chef du Pôle hospitalo-universitaire de l’Hôpital Ste Anne, est un vrai voyage au centre de cette question qu’est le lien, avéré, mais dont il reste à en déterminer la nature, entre folie et créativité.
Un voyage, aussi bien de par le temps de l’évolution de l’espèce humaine que dans l’espace des gênes de vulnérabilité que recherchent scientifiques, psychiatriques et les différents courants artistiques au regard de leurs contenus cliniques.
Un voyage avec pour épicentre cette hypothèse : les troubles mentaux seraient-ils le pendant, voire le vecteur du pouvoir de création des êtres humains ?
Un voyage dont le carburant proposé est « le doute ». Essentiel pour qui prétend à cette démarche de réflexion intellectuelle, scientifique ou clinique. Surtout pour « ne pas faire système et accepter d’arpenter des zones d’ombre, des paradoxes et pertes de sens »
Le 1er fil de ce voyage conduit son auteur à conclure que, jusque dans nos gênes (quelque soient les longitudes et latitudes !) il y aurait bien dans notre humanitude une « relation de parenté, mais non de déterminisme ou de causalité directe » entre les prouesses grandissantes de notre cerveau et notre susceptibilité aux risques de troubles psychiques. Autrement dit, les troubles mentaux ne sont pas les vecteurs directs de la créativité mais, la puissance exponentielle de notre cerveau fait qu’à des moments « nous ne nous supportons plus ! » Et des « bugs » se produisent et ouvrent la porte aux troubles psychiques. Penser le monde en êtres de connaissances fait de l’Homo Sapiens que nous sommes un être vulnérable aux troubles mentaux, jusque dans son bagage génétique, donc transmissible ! « La folie est bien un voyage aux limites de l’extrême, donc non représentable avec tout le mordant et l’insupportable de la douleur éprouvée ». Alors que « la créativité, c’est l’intelligence qui s’amuse » (A. Einstein), mais dans la conscience que le réel ne se laisse pénétrer que par le jeu représentatif et paradoxal de la pensée, pour aller vers d’autres paradigmes de notre représentation du monde … c’est à cette juste fin que l’Homo Sapiens s’est alloué le Langage et l’Artistique ! Je finirai par cette magnifique conclusion de R. Gaillard : « Il semble juste que ce soit les artistes eux-mêmes qui nous instruisent sur ce qu’est la folie. Non parce qu’ils en seraient frappés, mais parce qu’ils témoignent de ce qui porte en germe et la folie et l’œuvre d’art ». Tel est le secret de la puissance de notre condition humaine, tout autant que de notre grande fragilité psychique... jusqu’au plus profond de notre génome ! »

Philippe Coutable

  *** FACTION RÉBELLION de FRANCK MEMBRIBE

JPEG - 27.3 kio Editions du Horsain. 265 pages. Prix : 10€. Sortie le 1er février 2024.
Le résumé  : Des militants écologistes radicaux de la faction « I » sèment la terreur. Leur mode opératoire : élimination physique des principaux responsables du saccage planétaire qui menace la survie de l’humanité par injection létale de Pentobarbital, produit vétérinaire utilisé pour euthanasier les animaux. Laurent, géo-économiste de l’énergie, est témoin de leurs agissements au cours d’une mission. En cherchant à entrer en contact avec eux, sa vie bascule. De Marseille à la Russie, de la Palestine à l’Irlande, un roman picaresque où « l’écologie punitive » à la papa est déclassée au profit de l’éradication active des pollueurs. Franck Membribe Méditerranéen mâtiné d’Helvète germanique, né à La Tronche en 1965, a posé ses guêtres entre Aix et Marseille en 1993. Tour à tour musicien, romancier, nouvelliste, juriste, comptable public, militant écologiste et syndicaliste, il s’adonne à l’éclectisme avec voracité.
« Mais où se termine la fiction lorsqu’on lit ce roman très prenant ? Car on y parle d’actions de militants écologistes qui luttent contre l’homophobie, la maltraitance animale et pour la préservation des zones humides. Des actions très classiques dans la panoplie de ceux qui veulent sauvegarder notre monde, mais là ils veulent toucher le point fort ! La tête ! C’est-à-dire tous ceux qui dirigent ces lobbies, et d’une manière définitive ! Et suivant nos convictions, on en viendrait à être d’accord avec eux. Ce roman est à lire au travers de ces faces, la littéraire romanesque et le côté militantisme. Passionnant. »

Muriel Gaillard

  *** OSCAR WAGNER A DISPARU de Jean-Christophe PORTES.

JPEG - 14.8 kio (Editions Hugo publishing). 380 pages. Prix : 19,95€. Le résumé. Une chasse à l’homme sous l’occupation. Paris, 1942. Lorsque Mo les-Yeux-Bleus, truand notoire et proxénète, patron d’une des boîtes de nuit les plus réputées de Pigalle, rencontre par hasard Oscar Wagner, il n’a d’autre choix que de le tuer. Mais cette disparition semble inquiéter beaucoup de monde, dont les voyous de la Gestapo française. Il apparaît rapidement que Wagner était au centre d’un jeu complexe entre services secrets allemands, Gestapo et même Intelligence Service. Il s’apprêtait à dévoiler un secret qui pourrait changer le cours de la guerre ! Quel est ce secret ? Et qui est vraiment Lizzie Van der Jagt, la mystérieuse secrétaire de feu Wagner ? Bientôt, Mo le tueur devient la proie d’une terrible chasse à l’homme en pleine Occupation.
« Ce livre est un roman à suspense plein de rebondissements, un vrai thriller, mais aussi un documentaire sur la 2e Guerre mondiale qui nous fait notamment découvrir le rôle de la Police secrète. Mais aussi celui des Français qui travaillaient pour l’Allemagne nazie et toute l’économie souterraine parallèle qui s’est poursuivie bien après la fin de la guerre avec la mafia marseillaise et corse. Cependant, dans quelle mesure les renseignements donnés par les Allemands devaient-ils être pris au sérieux ? Car ils ont peut-être contribué à la fin de la Guerre… Un livre complet et très intéressant. »

Muriel Gaillard

  **** LA LANGUE DES CHOSES CACHÉES de Cécile COULON.

JPEG - 185.3 kio Sorti le 11 janvier 2024. Editions L’Iconoclaste. 135 pages. Prix : 17,90 €..
Le résumé. À la tombée du jour, un jeune guérisseur se rend dans un village reculé. Sa mère lui a toujours dit : « Ne laisse jamais de traces de ton passage. » Il obéit toujours à sa mère. Sauf cette nuit-là. Cécile Coulon explore dans ce roman des thèmes universels : la force poétique de la nature et la noirceur des hommes. Elle est l’auteure d’Une bête au Paradis, Prix littéraire du Monde, Trois saisons d’orage, prix des Libraires, et du recueil de poèmes Les Ronces, prix Apollinaire
« Nous voyons des choses cachées et il n’y a pas de mots à ça » a dit la mère. Ainsi, le fils a passé vingt ans aux pieds d’une femme silencieuse et a appris de ses silences, jour après jour, l’anticipation des gestes qu’il faut savoir. Un don de guérisseur transmis de mère en fils avec une nuit pour guérir. Et repartir avant le lever du soleil. Aujourd’hui, la mère a vieilli et ne peut répondre à un appel. C’est sa première fois. Il part en sachant tout, mais seul désormais pour soigner et guérir. Soigner le cœur pourri des hommes et le cœur brisé des femmes. « Les cauchemars n’existent pas ; ce sont des rêves un peu tordus » disait-elle aussi. Alors il est parti… En ville, on n’avait pas besoin d’elle, alors aujourd’hui au petit matin, il suit ses pas vers un village perdu à 30 kilomètres de là, au Hameau du fond du puit. Cécile Coulon est une conteuse enchantée qui fait valser les mots et les sentiments avec allégresse et flamboyance. On est comme halluciné par ce verbe, ces lieux qui semblent inhabités, mais accueillent tout de même derrière une porte close, dans une cave humide, une chambre de presbytère... des personnages hors du temps. Violents, violence, violées… les tables parlent des souffrances endurées, les mots brûlent sur le bucher de la poésie... On lit ce livre d’une traite, comme emporté par la beauté glaçante du texte. Quel voyage au cœur de la condition féminine si maltraitée depuis des millénaires. Bouleversant et magnifique !"

Jean-Pierre Tissier

  **** L’OMBRE DES INNOCENTS de René MANZOR

JPEG - 35.1 kio (Calmann Lévy). Thriller. 368 pages. Prix : 21,50€. Sorti le 3 janvier 2024. LE RÉSUMÉ. Paris, bureau d’un éditeur bien connu. Alors que Marion Scriba, romancière, parle de son prochain polar, des policiers surgissent et l’interpellent, l’accusant du meurtre qui occupe la France entière depuis deux jours. Sur l’arme du crime, on a retrouvé l’ADN de Marion. En garde à vue, la romancière clame son innocence. Mais l’ADN n’est-elle pas la reine des preuves ? Acculée, Marion ne voit qu’une solution, certes folle : s’évader pour trouver le vrai tueur et se disculper. Wim Haag, un agent d’Europol qui a rendu son badge douze ans plus tôt, est rappelé pour cette enquête à haut risque. Très vite il comprend que quelque chose cloche : comment cette femme à la vie bien rangée, qui passe ses journées à écrire des histoires, peut-elle avoir un tel instinct dans sa cavale ? Entre Wim, persuadé que la fugitive a un secret, et Marion, bien décidée à débusquer celui qui l’a piégée, commence une traque sans merci…
« A partir du moment où tu as commencé à mettre ton nez dans ce livre de René Manzor, tu plonges illico dans une histoire totalement réelle avec de surcroit des faits criants de vérité mais tu vas néanmoins de rebondissements en rebondissements. Et cela ne s’arrête jamais… jusqu’au mot FIN ! Au début, on se dit évidemment que cette histoire pourrait arriver à n’importe qui, mais finalement NON ! Car l’héroïne est en fait et contre toute attente un agent « dormant » des Services secrets. C’est un livre passionnant qui nous parle de la face noire du monde. »

Muriel Gaillard

  *** « LE CAVALIER HILARE » de Bob Passion

JPEG - 11.3 kio Editions Vents d’ailleurs
Le résumé Vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, en plein milieu des steppes glaciales, Jacques Beauregard, un Belge, fuit les combats depuis Stalingrad. Il croise une colonne militaire allemande qui est bombardée sous ses yeux. Blindés, soldats et chevaux sont mis en pièces. Il découvre que ce convoi escortait un véritable trésor sous forme de lingots d’or... Mécanicien, terrassier, maçon, il construit alors un bunker de fortune à partir de tous les débris matériels et organiques ramassés sur les lieux. Il comprend vite qu’emporter une telle quantité d’or est impossible. Espérant revenir chercher le magot plus tard, il marque son emplacement en érigeant une statue monumentale, macabre mausolée incluant cadavres de soldats et pièces mécaniques, sans oublier la carcasse d’un cheval et un corbeau.
Une quarantaine d’années plus tard, Jacques vit à Marseille. Vieillissant, presque dément, il est le gardien d’un immeuble aux allures de squat, où vit Pascal, photographe et grand fumeur de haschisch. Le QG du quartier est un bistrot de légende, repaire d’esthètes de l’illicite, d’ivrognes et d’amateurs de psychotropes. Le temps a obscurci les souvenirs de Jacques et ses rares propos intelligibles passent pour les divagations d’un fou, tant ils sont hermétiques. Mais Pascal et sa bande, substances psychoactives obligent, sont toujours partants pour un bon délire...
Bientôt, tout s’accélère... Sur un air de rock, les agents de la Stasi déboulent, les services secrets français s’en mêlent, et la statue de Jacques devient un enjeu majeur pour l’art contemporain. Artistes et voyous, les piliers du bistrot aideront Beauregard à retrouver la mémoire et se lancent dans une équipée sauvage, à la poursuite de l’or et du meilleur haschich du monde.

« Si la couverture est plutôt surprenante pour un thriller, on l’oublie très vite, vu la qualité de l’écriture et de l’intrigue abracadabrantesque qui nous arrive, surprenante comme un sac de noix descendant du 15e étage à la Castellane… On débarque alors dans une sorte de spleen underground avec un mec imbibé de tristesse profonde, toujours sur le qui-vive et une intrusion dans des mondes parallèles au-delà des générations. Des fins de la 2e Guerre mondiale dans la spirale un peu folle de 1943 sur le front russe, à la période actuelle dans les plaines d’Afghanistan et d’Ouzbekistan avec des terrains de culture de l’herbe grands comme des stades de foot, tenus par les Talibans. Certains d’entre-eux ayant grandi dans les quartiers nord de Marseille avant d’arriver ici via des parcours incertains et radicalement islamisés. Et pour planter le décor de manière plus surprenante, on débarque pour de bon à Marseille – millésime 1983 - avec ses quartiers mêlant pauvreté, abandon, oubli et néanmoins solidarité entre paumés de la vie. Rien de commun à première vue entre ce soldat nordiste perdu dans la steppe d’Ukraine planqué sous une chenillette explosée et des junkies défoncés et plein de dope du matin au soir en écoutant les Clash et les Ramones dans des squatts… Et pourtant, c’est une tranche d’histoire du monde que délivre Bob avec Passion. La géopolitique en tout premier plan, telle une leçon explicative sur un autre ailleurs, empreint d’une grande limpidité. Comme l’a longtemps fait Bernard Guetta – le frère de David – chaque matin sur France Inter, avec beaucoup d’humanité et de lucidité surtout. On y suit Jacques rescapé miraculeux de la tourmente guerrière du IIIe Reich mais dont la mémoire flanche parfois… La Vodka, présumée coupable au banc des accusés ! « C’était juste un dimanche où l’on avait grillé des chevaux ». De cette phrase étrange l’homme qui a conservé son treillis et son casque lourd, guettant l’ennemi sous la mitraille nous entraine à la recherche du temps perdu… et d’un trésor de lingots d’or enfouis sous une chenillette blindée ! C’est l’occasion de réviser son Atlas de géographie tout en comprenant l’évolution souvent contradictoire du monde. Une aventure passionnante dont on se fait le film à chaque page avec des moments de nostalgie savoureux, comme ce moment magique où les photographes des années 70, chevaliers de la pellicule et du labo révélaient une image noir et blanc dans l’hyposulfite de sodium, la manipulant délicatement avec des pinces caoutchoutées, soufflant parois sur une zone pour faire monter les gris… « Le cavalier hilare » met du temps à faire apparaître toutes ces demi-teintes qui font le sel de ce roman ; mais l’aventure est si belle. »

Jean-Pierre Tissier

  ** * QUE CELUI QUI N’A JAMAIS TUÉ ME JETTE LA PREMIÈRE PIERRE de Vincent BAGUIAN

JPEG - 19 kio 224 pages. Sorti le 16 février 2023. Editions PLON. LE RÉSUMÉ. Quand, sous l’apparence rassurante d’un médecin chevronné, se cache un tueur en série, aussi efficace que discret... Depuis son enfance, le docteur Victor Baunard s’est donné une mission : débarrasser l’humanité de « salopards » restés impunis. Car, à ses yeux, rien n’est trop radical pour préserver tout ce à quoi il tient. Alors, éliminer des promoteurs immobiliers véreux, un dealer, un pédophile… qui, d’après lui, pourrait trouver à y redire ? Mais il a beau passer à l’action « sérieusement, méticuleusement », combien de temps peut-on assassiner sans attirer les soupçons ? Et jusqu’à quand peut-on dissimuler sa double vie ? Une plongée virtuose et bourrée d’humour dans le cerveau d’un médecin psychopathe.
« Tel un Zorro redresseur de tort, un rédempteur insoupçonné se muant en « lessiveur » face aux comportements inappropriés, violents et machistes, des vermines, pédophiles et autres racailles déshumanisées de haut vol, le docteur Victor Baunard né sous la plume de Vincent Baguian nous entraine dans un polar euphorisant et très hot avec des étreintes torrides dignes du « Journal du hard » du samedi soir sur Canal Plus. « Nous sommes tous des criminels en puissance » affirme le très cher toubib apprécié de tous à La Ciotat. Et dans cette optique, la racaille artistique du style rappeur « Je nique la police et ta mère et toute la société... » n’est pas du tout la tasse de thé de ce bon père de famille. Et le sort qu’il réservera à un de ces grandes gueules qui bouffent du flic en éructant dans un langage à gerber à chaque rime, ne nous choque guère tant la bêtise doublée de saloperies abjectes fleurit au cœur de ces phrases jetées sur le « flow », mais surtout dans les actes criminels qu’ils perpétuent sur des jeunes filles mineures et droguées de force. Un livre très très chaud parfois, idéal pour la plage et excitant à souhait. Mais il vaut mieux rester en pantalon, sous un parasol et éviter le slip de bain collant… si on est un mec ! »

Jean-Pierre Tissier

* Parti de rien, Vincent Baguian est devenu dans les années 80 concepteur-rédacteur pour les albums de Serge Gainsbourg avant de se lancer dans la chanson. Après un premier album en 1991 qui passe inaperçu (71 exemplaires vendus !), il se fait connaître du public en 1996 grâce à l’album “Pas mal“. Cette petite merveille produite par Richard Seff et couronnée par l’académie Charles-Cros contient une multitude de jolis jeux de mots et autres calembours délectables. Encouragé par Francis Cabrel, Vincent écrit alors avec son amie Zazie le conte musical « Sol en cirque » et sort en 2002 “Mes chants“ dans lequel il chante en duo avec elle et pour laquelle il assure de nombreuses premières parties. Il est également co-auteur des comédies musicales « Mozart l’opéra rock » et « 1789 les amants de La Bastille ».


  *** COMMANDANT FRANÇOIS CHANEL de Pascal MARMET

(Editions du Rocher). Sorti le 29 juin 2023. JPEG - 15.2 kio Le résumé. Parmi les milliers de voyageurs, Laurent erre seul dans le hall de la gare de Lyon, l’air paumé. Il vient de rater son CAP boulangerie et sa mère l’a mis dehors. Samy, escroc à la grande gueule, le repère rapidement. Il a bien l’intention de profiter de la naïveté de ce gamin aux chaussures vertes et l’entraîne dans un cambriolage. L’appartement dans lequel ils pénètrent est une sorte d’antichambre du musée des Arts premiers et regorge de trésors africains. Mais ils tombent nez à nez avec la propriétaire et collectionneuse. Comme elle s’est blessée en tombant dans les escaliers, ils lui viennent en aide avant de s’enfuir. Pourtant, quelques heures plus tard, elle est retrouvée morte, abattue de cinq balles tirées à bout portant. Le commandant Chanel, chargé de l’enquête, s’enfonce alors dans l’étrange passé de cette victime, épouse d’un ex-préfet assassiné quai de Conti peu de temps auparavant. Un polar haletant sur fond de sorcellerie qui nous dévoile les coulisses de la gare de Lyon et nous ouvre les portes du célèbre 36 quai des Orfèvres. Pascal Marmet est déjà venu au festival Blues & Polar à Manosque il y a une dizaine d’années.
« Voilà un polar très agréable à lire et une enquête qui nous emmène au Musée des Arts africains et dans les coulisses de la gare de Lyon à Paris. Un bon livre avec des personnages et des styles de vie très intéressants. A lire sans réserve ! »

Muriel Gaillard

  *** LE GRAND TEST de JACQUES EXPERT

(Editions Calmann Lévy noir). Sorti le 20 septembre 2023. Prix : 20,90€. JPEG - 53.9 kio Le résumé. Le grand test, c’est une opération d’une envergure exceptionnelle lancée par la gendarmerie pour relever les empreintes digitales de tous les habitants du village de Savennes, sans exception. Le capitaine Duquennes vient de l’annoncer, après deux mois d’enquête inutile, il a enfin déniché un indice : une empreinte, sur une barre de fer… Cette fois, on va découvrir qui a tué Sergio Destrebecq, le principal employeur du coin, un homme arrogant et désagréable, retrouvé le crâne brisé dans sa grange en feu. Dans le village, trois jeunes gens tremblent. Alexandre, Maxence et Virginia, des amis d’enfance, qui ont vécu ensemble la terrible nuit du meurtre. Ils savent que l’empreinte digitale appartient à l’un d’entre eux. Mais à qui ? Inéluctablement, le grand test va le révéler, au risque de fracasser leur amitié. À moins que…
« Écrire des livres, c’est d’abord raconter des histoires. Ici, tout commence par un drame plutôt mystérieux, une maison en feu avec le propriétaire qui meurt brûlé à l’intérieur... mais cela ne semble faire de peine à quasiment personne, même si la victime était le plus gros employeur de la région ! Et puis, petit à petit, on ressent qu’il y a eu une »grosse connerie » ; de celles que même de vrais ou de faux témoignages ne peuvent enrayer la propagation. La fameuse rumeur ! Alors, ça ressasse sérieux dans les mémoires, surtout dans la tête de ceux - ou celles - qui n’ont rien fait. Car c’est bien d’un crime qu’il s’agit. Et être entendu par les gendarmes, dans un petit village où tout le monde se connait, même quand on n’est coupable de rien, n’est pas une partie de plaisir et laisse toujours les mains moites et la gorge sèche. Personne ne dira le contraire ! Allez savoir pourquoi ? Et Jacques le bien nommé Expert, a l’art de faire monter la température. Voilà que des mots - encore jamais apparus - surgissent dans les conversations, tel « légitime défense » et la suspicion naît alors. Le doute s’immisce et le suspense commence. La marmite allumée par Jacques Expert commence à bouillir, et cela va durer un bon moment. Une lecture qui nous fait tourner les pages avidement. Un vrai polar des champs où la Gendarmerie est au premier plan. Mais n’oubliez pas de scanner le QR Code en forme de post-scriptum après la dernière page. Le suspense continue..."

Jean-Pierre Tissier

« Ce dernier livre de Jacques Expert se lit comme un article de journal avec grande curiosité, car il décrit un gendarme persuadé de tenir l’auteur d’un crime, mais qui pour arriver à ses fins se voit dans l’obligation de tester tous les habitants du petit village de Savennes. Tous sans exception ! Et là, bien sûr, il se passe de nombreux rebondissements qui nous tiennent en haleine. Encore un très bon polar de Jacques Expert… en la matière. »

Muriel Gaillard

  *** CHAMBRE 406 L’Affaire PABLO NERUDA par Laurie FACHAUX-CYGAN

Editions de l’Atelier 288 pages +cahier photos. Prix : 20 €. Sorti le 22 août 2023. JPEG - 7.5 kio Le résumé. Que s’est-il passé dans la chambre 406 de la clinique Santa María à Santiago du Chili le 23 septembre 1973 ? C’est là un mystère qui entoure la mort de l’un des plus grands écrivains d’Amérique du Sud : Pablo Neruda. C’est là l’histoire d’une énigme jamais résolue… jusqu’à présent et qui secoue encore l’histoire politique de ce pays. Cinquante ans après la mort mystérieuse du poète chilien, Laurie Fachaux-Cygan journaliste d’investigation et spécialiste du Chili a obtenu le Prix du Meilleur reportage de la Presse étrangère au Chili en 2015. Elle s’intéresse tout particulièrement aux héritages de la dictature sous Pinochet (1973-19990). « Livre de journaliste attaché aux faits et à leur exactitude, cet ouvrage nous plonge dans cette période hyper politique des seventies si chère aux films du cinéaste engagé Costa-Gravas bravant toutes les dictatures et leurs dérives de tortures et crimes atroces, de l’Amérique du sud aux Pays de l’Est communiste. A cette époque, le Chili attire les regards au moment où le président Allende réunit socialistes et communistes pour une Union qui hérisse l’hyper Droite catho de Pinochet. C’est le temps des lunettes noires chères à Franco, Videla, Jaruzelski…. cache-misères de ceux qui ne veulent rien voir que le Pouvoir ! Laurie Fachaux-Cygan qui a vécu au Chili notamment retrace les moments forts qui ont vu la mort d’Allende, celle du poète Victor Jara aux mains massacrés à coups de marteau et celle – toujours suspecte – de Pablo Neruda dissimulée sous un empoisonnement à la veille de s’exiler au Mexique. Un livre à lire lentement car on est plus dans Complément d’Enquête que dans un thriller. Mais Pablo Neruda, ½ siècle après sa mort – et quatre enterrements - continue de nous parler au travers de ses écrits, son action politique et sa poésie. Le mystère sur sa mort (crime par empoisonnement ou maladie ?) reste cependant toujours entier malgré la pugnacité de Rodolfo Reyes, neveu du poète qui se bat comme un lion pour obtenir la vérité, et soumis à la décision des experts et de la juge de la Cour suprême. Saura-t-on un jour ce qui s’est vraiment passé dans la chambre 406 ?"

Jean-Pierre Tissier

PS. Il aura suffit que l’on en parle ; quelques heures après notre interview avec Laurie Fachaux-Cygan qui paraîtra le semaine prochaine sur notre site, la juge en charge du dossier Pablo Neruda a décidé le 7 décembre - après avoir terminé son instruction en septembre 2023 - de clore l’instruction. Mais il y a encore possibilité de faire appel.


  ** TEMPÊTE DANS UN ENCRIER de Coline GATEL

Sorti le 15 novembre 2023. City Editions. Prix : 15,90 €. 368 pages. JPEG - 30.6 kio Le résumé. Mary Simple frise la soixantaine, mais n’a rien d’une retraitée pépère. Elle joue de la cornemuse (du Centre), est flexitarienne et boit du vin rouge (bio)... Depuis qu’elle a quitté l’Écosse pour s’installer en France, dans le Morvan, elle écrit des livres sur les plantes qu’elle vend autour d’elle. Un week-end, alors qu’elle participe à un salon du livre, elle tombe nez à nez avec le cadavre d’un écrivain, une plume plantée dans l’œil. La victime est un vieil acariâtre que personne ne supportait. Et l’arme du crime appartient à un auteur un peu trop prétentieux... Ni une ni deux : Mary décide de mener l’enquête et de démasquer le coupable avec l’aide d’un fringant auteur de polars et d’un étrange policier, amateur de sexagénaires en goguette... Et quand Mary Simple prend les choses en main, rien ne lui résiste ! Après des études en histoire, Coline Gatel s’est essayé très jeune au journalisme avant de se tourner vers la publicité et les métiers du livre, dont l’édition. Elle est lauréate du concours « À la recherche des talents de demain » avec son premier roman, « Les Suppliciées du Rhône » (éditions Préludes). « D’entrée, on débarque dans cette ancienne province du Nivernais aujourd’hui en Bourgogne-Franche-Comté, riche d’histoire, de châteaux, du Chablis, des escargots de Bourgogne et du crottin de Chavignol. Et pour cette première enquête parallèle de Mary Simple (prononcez Simpeule) écrivaine amateur écumant les Salons du Livre de série B voire C, on a droit à une version policière campagnarde ressemblant à Agathe raisin, mais en Bio ! Avec des séquences Déco, Brocante, Cuisine du terroir et Voitures anciennes que ne renieraient pas Sophie Davant, Valérie Damido, et Julie Andrieu. Le tout avec une bonne dose d’humour alliant bizarrement mouvement Mee too et romantisme. L’intrigue de Coline Gatel « gaffeuse hors-classe » nous entraine néanmoins au cœur d’un Salon du Livre quelque peu ringard et mal organisé, avec au petit matin un auteur retrouvé mort sur son stand, une plume plantée dans l’œil. Et l’œil énuclé regardant la victime comme Abel devant Caïn. Un style vif, très scénario téloche avec des techniques de recherche du coupable très impulsives, spontanées et souvent empiriques. Distrayant, parfait pour une lecture au coin du feu ou sur la plage, mais la fin – qui aurait mérité d’être plus simple et punchy - est plutôt embrouillée comme un écheveau difficile à démêler. Mais comme on ne rit pas tous les jours en ce moment, ce n’est pas bien grave. »

Jean-Pierre Tissier

  *** LES RÉGICIDES de Robert HARRIS

Traduction de Anne-Sylvie Homassel. Collection : Belfond Noir. Sortie le 2 novembre 2023.
JPEG - 39 kio Le résumé. Ils ont changé l’Histoire. Maintenant, ils doivent en payer le prix. 1649. Une poignée d’hommes menés par Oliver Cromwell signent la condamnation à mort du roi Charles Ier. Parmi eux, les colonels Edward Whalley et William Goffe, deux républicains déterminés à faire souffler un vent nouveau sur le pays. Onze ans plus tard, le protectorat a vécu. Alors que Charles II s’installe sur le trône, Whalley et Goffe sont piégés. Fuir ! Rejoindre le Nouveau Monde, trouver des partisans, éviter la prison et, plus que tout, échapper à Richard Nayler. Car ce fervent royaliste s’est donné pour mission de retrouver tous les régicides pour les envoyer ad patres de la pire manière possible. Et il réserve un sort particulier à Whalley et Goffe, ceux qui l’ont incarcéré sans raison des années plus tôt. Ceux qui l’ont privé de tout ce qui comptait dans sa vie… Des cachots de la tour de Londres aux vastes étendues d’une Amérique en quête d’émancipation, le maître du thriller historique signe ici une impressionnante épopée vengeresse, doublée d’une palpitante chasse à l’homme.
* Le formidable V2 de Robert Harris est paru en Poche le 2 novembre 2023.

Muriel Gaillard

  ** FELLINI BLUES de Jean-Pierre MILOVANOFF

(Editions Grasset) Sorti le 2 novembre 2023. Prix : 18€. 200 pages. JPEG - 10.8 kio Le résumé. Valentin, 50 ans, vit avec sa mère. Il a peu lu, alors qu’il travaille comme magasinier dans une bibliothèque, et nourrit un complexe d’infériorité intellectuelle. Il est fin cuisinier et amateur de bons vins. A l’orée du texte, il rencontre par hasard Marc Chalinski, chirurgien ORL. Les deux hommes ont le sentiment d’avoir été condisciples, mais ils ne sauraient dire où… Avant que Chalinski ne meure dans un accident, ils auront eu le temps de nouer un curieux rapport, Chalinski faisant appel à Valentin pour organiser chez lui des repas de fête ou garder sa luxueuse villa en son absence. La « timidité sociale » de Valentin n’empêche pas certains succès. Des femmes se succéderont dans sa vie. Outre Rose sa mère très aimée et très encombrante, et sa patronne, la tyrannique Mme Angin, il y aura Linda Lopez, étudiante en Lettres, intéressée et perfide ; Gaétane, névrosée ; Manon qui ne songe qu’à « réussir » ; Bettina, ex-femme battue ; et enfin Tancrelle, prof de français dont Fellini est le cinéaste préféré, qui l’aidera à surmonter ses complexes... Mais le bonheur d’un Valentin métamorphosé peut-il durer ? »
« Le charme discret de la mélancolie ; voilà ce que ce voyage au cœur de vies si diverses, si courtes et aux parcours incertains nous inspire, une fois lu assez vite. « Fellini Blues », titre qui nous a fait tilt évidemment à Blues & Polar, nous entraine dans quotidien souvent monotone pour les personnages, notamment pour Valentin, tourné comme un film en noir et blanc à l’italienne mais avec la bienveillance d’un Claude Lelouch fasciné par les sagas, et toujours très attentif aux gens dans leur ensemble. On ressent des sentiments diffus tout au long de la lecture de ce blues littéraire où Fellini n’arrive – et par hasard - qu’en fin de roman. Nostalgie, mélancolie et blues vont toujours très bien ensemble."

Jean-Pierre Tissier

  *** LES SECRETS DE LA FEMME DE MÉNAGE de Freida MC FADDEN

City éditions. 368 pages. Prix : 20,95€. Sorti le 4 octobre 2023. JPEG - 56.4 kio Le résumé. C’est une chance inespérée pour Millie d’avoir décroché un nouveau travail. Chez les Garrick, un couple fortuné qui possède un somptueux appartement avec vue sur New York, elle fait le ménage et prépare les repas dans la magnifique cuisine. Cela paraît trop beau pour être vrai. Et effectivement, la femme de ménage ne tarde pas à déceler quelques ombres au tableau… Son patron, Douglas Garrick, est d’humeur de plus en plus changeante. Et pourquoi sa femme Wendy reste-t-elle toujours enfermée dans la chambre d’amis ? Le jour où Millie découvre du sang sur une chemise de nuit, elle ne peut plus rester les bras croisés. Quelque chose se trame dans cette maison. Une situation à laquelle Millie n’est pas préparée et qui pourrait bien se retourner contre elle si elle continue de vouloir découvrir les secrets des autres…

« Encore une fois, lorsqu’on commence cette série consacrée à la femme de ménage on est complètement happé par l’histoire. Le suspense va crescendo et jusqu’à la dernière minute. Bref un vrai « page-turner » ! En revanche, ce livre très plaisant ressemble beaucoup au premier de la série qu’était « la femme de ménage » que j’avais beaucoup aimé. Je pense que Freida Mc Fadden ne devrait pas aller plus loin et arrêter là, sa série « Femme de ménage. »

Muriel Gaillard

  *** AVANT QUE CA COMMENCE de Marie-Laure BRUNEL-DUPIN et Valérie PERONNET (Black Lab)

Prix : 20,90€. 285 pages.
Le résumé. 2002. Mina Lacan, 25 ans, passionnée par les sciences du comportement, a convaincu la gendarmerie nationale, où ce métier n’existait pas, de créer pour elle un poste de profileuse. Avant que ça commence est sa première enquête. Si elle ne parvient pas à la résoudre, elle perd tout espoir d’imposer au sein de la Gendarmerie cette façon inédite de travailler. Déceler des indices oubliés, découvrir d’autres pistes… C’est le quotidien de Marie-Laure Brunel-Dupin, cheffe d’une nouvelle unité spéciale à la gendarmerie nationale. Sa cible ? Les dossiers non élucidés de crimes hors norme. Un univers à la Cold Case, glaçant et fascinant.
« Profileur, qui plus est Pro-fi-leuse ! Voilà un mot qui a eu bien du mal à exister au sein de la Gendarmerie nationale. Est-ce la médiatisation et la multiplication des faits-divers et l’engouement du public pour les disparitions douloureuses et inexpliquées, qui ont donc fait évoluer les techniques de recherches ? Toujours est-il que les séries TV américaines comme Cold cases ont fait œuvre de sensibilisation et que désormais il existe depuis 2001 un Département des sciences du comportement dépendant de la Division des affaires non-élucidées (DIANE) dont Marie-Laure Brunel-Dupin lieutenant-colonelle de Gendarmerie est devenue la cheffe pendant plus de 20 ans. Dans ce bouquin autant polar que fiction, voire essai parfois, qu’elle a coécrit avec Valérie Péronnet, la criminologue nous entraîne dans le bocage normand au pays de l’andouille de Vire pour poser les jalons d’une première enquête effectuée avec la nouvelle technique du profilage pour révéler et identifier un potentiel criminel. Et être ainsi crédible vis-à-vis de ses collègues enquêteurs un peu narquois au départ… Ce qui n’a pas été facile dans un corps d’Armée (Eh oui les gendarmes dorment à la caserne !) plutôt macho depuis des lustres. Et peu porté sur les questionnements assistés par ordinateur pour gagner du temps en rapidité et recoupements.
« Alors que les logiciels n’ont pas d’affect « précise la cheffe de la DIANE. C’est pour cette raison que ce livre est particulièrement réussi et convaincant. On y est autant dans la philosophie du doute que sur le terrain, et ça c’est propre à la Gendarmerie implantée sur le territoire et au cœur des campagnes. Et pour avoir personnellement suivi pendant deux ans les procès en correctionnel et d’Assises des Alpes-de-Haute-Provence au tribunal de Digne-les-Bains j’ai retrouvé là des accents de vérité ressemblant à des affaires suivies sur les bancs (peu confortables) de la Justice Bas-Alpine. Comme cette tentative de viol et de crime sur une jeune femme – parfaitement et méticuleusement préméditée - jugée à huis-clos sauf la Presse, et où j’étais seul avec le tribunal, la victime et l’accusé… arrivé libre à la barre et reparti après délibération du jury pour 8 ans d’emprisonnement ferme. « Avant que ça commence » est un livre agréable à lire et de référence, car on se met dans la peau de la profileuse, sorte de compromis entre enquêteuse et chercheuse scientifique, qui veut arriver à faire reconnaître cette spécialité ayant gagné sa crédibilité grâce à son humanité. « Mais aussi comme nous le confiait cet été notre Grand Témoin de Blues & Polar Jacques Dallest grâce à des enquêteurs nouvelle génération hyper motivés bien au-delà du temps de leur fonction si nécessaire. » Le dénouement de ce polar bien particulier est un beau moment de lecture au moment des aveux. Et l’on est gagné par l’émotion autant que par Mina jeune lieutenante effectuant se première enquête. « Mon boulot à moi, c’est de les mettre hors d’état de nuire dit-elle encore au petit matin d’une garde-à-vue pas encore terminée. Je m’étais tellement mise à sa place pour essayer de le choper que maintenant j’ai le vertige."
Difficile de dormir après des aveux expliquant le passage à l’acte avec tout ce qu’il peut avoir de dérisoire parfois dans sa motivation.

Jean-Pierre Tissier

  **** LA NUIT DES FOUS d’Anouk SHUTTERBERG

(Editions Récamier noir). Sortie le 2 novembre 2023. Prix : 20€.
Le résumé. Le résumé. Élise, jeune trentenaire atteinte d’une grave pathologie, découvre à la mort de son père l’existence d’une tante. Un secret familial. Elle décide de renouer les liens avec cette femme, seule famille qui lui reste. Alors que les rencontres entre elles se multiplient, surviennent d’étranges incidents. Comme la morsure d’un crotale, un venin vient s’infiltrer dans son quotidien. Mai 2022. Dole, Jura. Cinq squelettes sont déterrés lors d’un chantier. Placés dans des caisses en bois, parfaits parallélépipèdes, les corps ont été façonnés au fil de fer avant la rigidité cadavérique. Le tueur a figé ses victimes pour délivrer un message. Un jeu macabre semble avoir débuté... Le commandant Jourdain en charge de l’enquête l’ignore encore mais, dans ce dossier, la folie est à ses trousses.

« Cinq corps enterrés à 2 mètres de profondeur dans des caissons en bois, parfaitement carrés, sur un chantier en bordure d’un vieil hôpital psychiatrique. Juste à côté, une forêt de vieux chênes sacrés dont l’un âgé de 500 ans dit-on, surnommé « Le Chêne mystérieux », aurait avalé des jeunes vierges dans ses boursouflures jadis. C’est là aux replis incertains de l’écorce et des ramures noueuses que l’on vient discrètement glisser des bouts de papier porteurs de vœux pieux, comme sur le Mur des lamentations à Jérusalem. Non de loin de là, une vieille église où l’on pratiquait des exorcismes durant neuf jours dans les années 1970. Nous n’étions pas au Moyen âge, mais à une époque où la psychiatrie hospitalière balbutiait encore en Province et où l’anxiété et les crises d’angoisse ou de schizophrénie étaient soignées à grands renforts de tranquillisants, somnifères et autres remèdes de cheval. Cette anxiété-là, Anouk Shutterberg nous la transmet très rapidement dans cette Nuit des fous hyper-addictive dès la moitié de l’ouvrage ; le début étant destiné à faire monter tranquillement la pression et planter le décor. On passe alors, comme avec un bon coup de pelle derrière la pelle, dans un autre monde auquel s’ajoutent l(via un QR Code à scanner) les morceaux de musique judicieusement choisis au fil des événements par l’auteure pour scander et transformer notre lecture… et se faire un film. NOTRE FILM ! Vivaldi et ses quatre saisons, Shining avec Jack Nicholson, Eminem… en toile de fond pour pousser l’atmosphère déjà pesante à son paroxysme. Et si on se faisait un petit Scrabble ? Cette phrase-là résonnera longtemps et mystérieusement dans votre tête. Mais chut. SUSPENSE ! Après Jeux de peau et Bestial parus chez Plon, Anouk Shutterberg rentre désormais dans le cercle des auteures 4 étoiles de Blues & Polar. On adore ! »

Jean-Pierre Tissier

« A l’image de ses autres romans, dès que l’on commence ce livre, on est happé par une histoire qui nous transporte dans le monde ancien de la psychiatrie. Celui où l’on soignait encore à coups d’electro-chocs et d’anti-dépresseurs à haute-dose. Et on suit cette femme dans sa folie asssoifée de vengeance. Je n’ai plus lâché le livre et quand on lit les dernières pages, on se demande où commence le roman et où finie l’épouvantable vérité de l’enfance d’une petite fille. Un roman délirant et follement passionnant à la fois. Vivement le prochain roman d’Anouk Shutterberg ; grand nom du polar français qui ne cesse de monter... »

Muriel Gaillard

  *** LE TEOREM DES GRANDS HOMMES de Jean-Louis Nogaro

Sortie le 21 septembre 2023. Editeur Arcane 17 Association Collection Polar Rouge. Format : 13cm x 21cm. 286 pages. Prix : 23€.
JPEG - 19.4 kio Le résumé. Lorsque les gendarmes de St Malo découvrent un cadavre dans le Combi Wolkswagen d’un marginal, ils ne se doutent pas qu’ils viennent de déclencher un road-trip qui les mènera jusqu’à la région d’Aix-en-Provence, en passant par le Diois et le Massif du Pilat. Le tout au grand dam d’une officine cherchant à instrumentaliser des thèses complotistes afin de renouveler le pouvoir en place... Un polar prenant entre roman d’enquête policière et aventures périlleuses de détectives amateurs. Une sympathique galerie de héros...
Jean-Louis Nogaro professeur des écoles et également créateur des éditions du Caïman à Saint-Etienne est venu à Manosque pour le festival Blues & Polar 2010 consacré au « Polar et le parfum » pour son excellent roman « La Guerre à son parfum ».
« Un parti politique créé de toutes pièces comme un papillon sortant de sa chrysalide à l’aube des futures Présidentielles. Ça ressemble à une réalité pas si lointaine. Et le Parti social, libéral et chrétien (PSLC) mouvement ultra-réac style Zemmour que personne n’a vu venir, est en train de peaufiner ses armes à la veille de son premier grand meeting, sur la plage du Fort Duguesclin en Bretagne, où l’on vient juste de découvrir des ossements de dinosaure à un endroit où ils n’auraient jamais dû exister. Ce qui ravit les créationnistes…
Il y a là comme un écheveau à démêler avec de très nombreux protagonistes allant du groupe punk celtique en tournée au plongeur retrouvé mort dans la camionnette d’un type en galère désireux de l’emprunter, en passant par le gardien d’un refuge de la SPA massacré, puis à un journaliste régional en quête de scoop, sans oublier les flics et les gendarmes toujours soucieux de garder leurs prérogatives vis-à-vis du pouvoir, et un Berger allemand qui ne lâche jamais sa grosse baballe…. au point qu’elle en deviendrait suspecte. Bref beaucoup de monde, trop parfois, pour suivre ce road-trip qui nous emmène de Saint-Malo à Fuveau en passant par Die et sa Clairette avant de revenir vers Duguesclin. On est donc au cœur de cette enquête dont on pressent qu’il y a un loup quelque part car on est très proche de l’affaire Benala lorsqu’on découvre un téléphone ultra codé dénommé Téorem dont seules quelques hautes personnalités sont en possession, dans les mains d’un membre éminent du PSLC…
Comme un visionnaire, Jean-Louis Nogaro écrivain-éditeur de gauche nous met la puce à l’oreille dans une forme de mise-en-garde littéraire contre la flambée de l’Extrême-Droite - créditée de 40% (dans toutes ses composantes) au 1er tour dans un sondage de Toussaint, si la Présidentielle avait lieu aujourd’hui - en évoquant les épisodes barbouzards de nombreuses Républiques précédentes. Un livre à lire à lire au calme et sans trop d’arrêts car l’action est ténue mais haletante. »

Jean-Pierre Tissier

  *** CHOSES DITES de Nancy HUSTON

(Editions L’Iconoclaste). JPEG - 70.5 kio Grande figure des engagements féministes depuis les années 1970, Nancy Huston revendique le rire et l’autodérision comme armes de lutte. Pour la première fois de sa carrière, elle use de la forme poétique, brève et fulgurante, pour parler du couple hétérosexuel, dans tout ce qu’il a de plus cruel et banal : tout le monde en prend pour son grade, sans morale et sans surplomb. Pour la première fois l’Iconopop vous propose un livre bilingue, en anglais et en français. L’autrice a d’abord écrit ces poèmes en anglais dans les années 1990, à destination de son amant. Elle les a lus parfois sur scène, à la radio, mais ne les avait jamais publiés. Elle a choisi ici de les adapter elle-même en langue française et de faire coexister les deux versions. LA PHRASE. « J’ai mis du rouge à lèvres sensass sur mes blessures pour qu’elles baisent les tiennes » Nancy Huston. (Choses dites).

« Un jour nos chemins se sont croisés et ce fut comme un signe écrit Nancy Huston dans ce recueil bilingue qu’est « Choses dites ». Un panneau qui disait : par ici le bonheur et pointait l’abime. Impatients de prouver que nous – à la différence des autres lemmings *- nous savions lire, on s’est pris par la main et on a sauté. » L’extrait de ce poème déroutant Les Lemmings cultivés résume bien tout ce qu’un désastre amoureux (mais on ne le sait qu’à la fin) peut engendrer comme passion dévorante allant jusqu’à la dispute, la séparation, la mort ou le suicide. Dans ce petit livre précieux, on peut piocher entre Promesses, Syncope, Philosophie, Dispute, Rires jaunes, Crédit mutuel même … et trouver une phrase qui nous ressemble, un sentiment déjà partagé qui nous parcourt et fait frissonner. Joliment mis en page et illustré par Francis Jolly, ce petit livre de réflexions qui valsent au fil du temps est comme un grimoire de secrets à ressortir de temps en temps… car il nous ressemble peut-être. »

Jean-Pierre Tissier

(* mouton de Panurge)


UNE BD ... EN AVANT-PREMIÈRE !

  *** ESCAPE GHOSN de Michèle Standjofski et Mohamad Kraytem

(éditions Samir). Prix : 20€. Format : 16,5 cm x 23, 5 cm. JPEG - 156.6 kio Le résumé. 29 décembre 2019, Carlos Ghosn fuit le Japon caché dans une boîte de matériel son. C’est cette cavale rocambolesque, considérée comme l’évasion la plus effrontée du siècle, allant de Tokyo à Beyrouth en passant par Osaka et Istanbul, que relate Escape Ghosn, avec des détails exclusifs qu’a a révélés le principal intéressé, mais aussi et surtout avec une approche inédite, sans aucune complaisance, pleine de sarcasme, de suspense et de scoops. Le roman graphique narre en direct toutes les étapes de la fuite. Le lecteur se retrouve tantôt coincé dans la boîte de matériel son aux côtés d’un Carlos Ghosn inquiet et nerveux, tantôt dans la chambre d’hôtel en compagnie de Michael Taylor et de George Zayek, les deux baroudeurs qui ont orchestré l’évasion. Il embarque dans le Shinkansen, voyage en jet privé et assiste aux retrouvailles romantiques entre Carlos et son épouse Carole. Des flash-backs permettent de contextualiser l’aventure. Le lecteur découvre les enjeux de l’alliance Renault-Nissan, les objectifs démesurés de Carlos Ghosn, ses chefs d’accusation, les systèmes judiciaire et carcéral nippons, la position des politiques français, notamment celles de Sarkozy et Macron, les relations de Ghosn avec les grands de ce monde et la situation économique au Liban. Au fil des planches, le lecteur s’informe, s’étonne, s’inquiète, s’insurge et s’esclaffe face au dilemme cornélien que vit Carlos Ghosn : fuir le pays du soleil levant pour se consacrer à l’amour de Carole ou pour venger son honneur ?
« Depuis peu, sous l’impulsion d’attachées de Presse convaincantes et plutôt sympas, Blues & Polar s’est mis à la BD et à cette nouveauté qu’est le roman graphique. Plus compact, au format plus ramassé se rapprochant du livre et qui permet d’explorer un univers et des sujets proches du polar, d’une autre façon. L’évasion incroyable et rocambolesque de l’ancien patron de Renault-Nissan Carlos Ghosn, emberlificoté dans une affaire abracadabrantesque aux ramifications internationales et politiques, et emprisonné au Japon façon Strauss-Kahn méritait bien ce coup de génie des éditions libanaises Samir et de leur créateur Marwan Abdo-Hanna. A savoir proposer à Carlos Ghosn évadé au Liban un Escape game racontant son évasion digne de celle du comte de Monte Cristo, mais par les airs… Et on prend vraiment plaisir à suivre ce déroulé de l’histoire en sachant qu’on va la relire plusieurs fois afin de retrouver avec délice les petits conseils zen de l’égo du boss Carlos Ghosn devenu proche du Dalaï lama ou de Mathieu Ricard. Une belle réussite ! "

Jean-Pierre Tissier

  **** ALEX de Pierre Lemaitre

(Sorti en Livre de Poche en 2012). JPEG - 22.2 kio Le résumé. Alex, une jeune femme de 35 ans, essaie des perruques dans un magasin du boulevard de Strasbourg. Quelques heures plus tard, elle est enlevée par un inconnu qui la suit, jetée dans une camionnette et séquestrée dans un hangar désaffecté. Elle se sent épiée et suivie avant d’être violemment tabassée et kidnappée. Le roman est un thriller glaçant qui jongle avec les codes de la folie meurtrière.
« Maitre dans l’art du mystère, des mots simples et dérisoires à la façon d’un récit rédigé à l’écriture sympathique, Pierre Lemaitre nous entraine avec Alex, sur les traces d’une énigme au long cours ; et du dérisoire, on passe très vite aux mots lourds de conséquences. Virtuose du langage, Lemaitre il pose les jalons de la torture très haut car on est là dans le solde d’un règlement de comptes avec plusieurs protagonistes. Et le rythme de l’écriture du futur Prix Goncourt avec Au revoir là-haut est réglé comme le mécanisme d’une horlogerie fine et de précision, calqué sur les situations et les lieux, fait de mots résonnants tels une petite musique de nuit nous plantant le décor. Car avec Alex le maitre du thriller nous fait pénétrer dans l’intimité de certaines familles et de leurs secrets inavouables, souvent inavoués, mais qui resurgissent au fil du temps des années plus tard avec une porte qui se ferme brusquement, une coupure de courant, une main qui s’égare… comme des traumatismes profonds qu’on ne peut plus ignorer et que la souffrance fait éclore soudainement comme les une plante verte avec la vérité crue dans ses feuilles, enfouie depuis des lustres mais qui inexorablement ressort en poussant la terre et les sentiments sans ménagement, avec l’envie de vengeance folle. »

Jean-Pierre Tissier

 rouge]*** BLUES CAFÉ de Daniel Saint-Lary.

(Nombre 7 éditions). 342 pages. Prix : 20€. Parution août 2023. JPEG - 10.4 kio Le résumé. Quand le destin et le hasard révèlent les pires noirceurs de l’âme humaine. Michaël Werner est un écrivain à succès à qui tout sourit. L’argent, la vie facile, une femme sublime, tout. Mais s’il arrive qu’un facteur sonne toujours deux fois, un malheur frappe rarement seul. Et le malheur ne va pas y aller de main morte au cours d’une soirée au « Blues café », le restaurant musical en vogue sur le Canal Saint-Martin à Paris. Ce soir-là, le monde de Michaël Werner bascule, et va l’entraîner dans une spirale infernale qui l’amènera aux tréfonds les plus sombres de l’âme humaine... Jusqu’à être accusé d’un meurtre sordide commis dans la garrigue gardoise. Est-il ce coupable idéal que semble faire de lui l’enquête dirigée par le commissaire Dakowski, patron de la PJ de Nîmes ? Ou la victime toute désignée d’une machination machiavélique ? Saura-t-il trouver les ressources pour se sortir des décombres dans lesquels son destin l’a précipité ? Mais à quel prix ?

« À quoi tiennent nos vies ? L’épilogue de Daniel Saint-Lary et de ce Café Blues palpitant résume parfaitement ce polar très enlevé, très hot et chaud comme la braise parfois - notamment dans les préliminaires – et qui rappelle nos lectures d’OSS 117 tout gamin, quand Hubert Bonisseur de la Bat nous faisait monter la testostérone sous les draps en déshabillant et honorant, autant les princesses berbères que les espionnes soviétiques… Bref, ce livre réunit tous les ingrédients nécessaires à un bon roman policier fait d’action, de sexe décomplexé, de meurtres, de viols, et de musiques blues & jazz très seventies qui ne sont pas faites pour nous déplaire, sans oublier de belles références littéraires et politiques récentes non dénuées d’humour. Et des clins d’œil savoureux et appuyés au bien-vivre made in France d’un vraisemblable fin connaisseur en Bas-Armagnac, vieux Rhums et en gastronomie française type belles brasseries parisiennes ou nîmoises qui semblent nous tendre les bras. Un polar agréable à lire en ce moment sur une plage de Camargue, encore sous le soleil de l’été Indien…

Jean-Pierre Tissier

« Quel plaisir de lire ce livre. Non seulement l’histoire est est très intéressante, passionnante et tient parfaitement la route mais en plus l’auteur fait référence à beaucoup de livres, de poèmes, et de musiques. L’écriture est fluide, avec de bons mots qui m’ont fait sourire. Je ne connaissais pas Daniel Saint Lary, mais je lirai avec plaisir ses précédents et futurs ouvrages ».

Muriel Gaillard

  **** LES GENS DE BILBAO NAISSENT OÙ ILS VEULENT de Maria Larrea

(Grasset). Prix : 20€. 215 pages.
JPEG - 70.3 kio Le résumé.
L’histoire commence en Espagne, par deux naissances et deux abandons. En juin 1943, une prostituée obèse de Bilbao donne vie à un garçon qu’elle confie aux jésuites. Un peu plus tard, en Galice, une femme accouche d’une fille et la laisse aux sœurs d’un couvent. Elle revient la chercher dix ans après. L’enfant est belle comme le diable, jamais elle ne l’aimera. Le garçon, c’est Julian. La fille, Victoria. Ce sont le père et la mère de Maria, notre narratrice. Elle devient réalisatrice, tombe amoureuse, fonde un foyer, s’extirpe de ses origines. Jusqu’à ce que le sort l’y ramène brutalement. A vingt-sept ans, une tarologue prétend qu’elle ne serait pas la fille de ses parents. Pour trouver la vérité, il lui faudra retourner à Bilbao, la ville où elle est née. « Les gens de Bilbao naissent où ils veulent n’est assurément pas un polar, même s’il y a - à un moment du livre - une enquête policière espagnole en recherche d’ADN particulièrement poussée et déterminante pour la suite du roman. Mais trop de polars quand on est lecteur du comité de lecture de Blues & Polar, peut tuer le polar. Et il est bien de bifurquer vers d’autres horizons après un 19e festival qui a nécessité plus de 8 mois de lectures policières pour finalement retenir et sélectionner 4 invités « Coups de cœur » … qui soient disponibles fin août et ravis de venir à Manosque.
Pour son premier roman, Maria Larrea avec sa plume facile, incisive, crue, mélancolique et délicieusement poétique, mais aussi délurée et étonnante, nous entraîne d’une loge de concierge en sous-sol du Théâtre de la Michôdière à Paris jusqu’au sud de l’Espagne, à Bilbao, dans une maternité catholique secrète pour une aventure ébouriffante parfois, réalisée en flash-back souvent, mais particulièrement réussie. Il y a comme de la saudade du Cap Vert chère à Césaria Evora dans ce premier ouvrage qui semble couler de source. J’ai adoré ce livre et je vous le recommande chaudement. »

Jean-Pierre Tissier

  *** LE GOÛT DU CRIME de Emmanuel et Mathias ROUX

(Actes Sud). 272 pages. Prix : 23.50€. (Essai). Sorti le 3 mai 2023.
JPEG - 31.6 kio Une enquête sur le pouvoir d’attraction des affaires criminelles. De quoi sont faites ces histoires criminelles qui alimentent les discussions du déjeuner dominical et procurent aux écrivains une trame sur laquelle exercer leur imagination ? Quelle sorte de profondeur le fait criminel recèle-t-il pour que nous n’ayons jamais fini d’explorer certaines affaires qui nous fascinent, voire nous obsèdent pendant des années. L’ambition de ce livre est de répondre à ces interrogations en identifiant, à partir d’un grand nombre d’affaires, les ressorts de notre intérêt pour les histoires, les énigmes et les enquêtes criminelles. Toutes les questions que l’on se pose à Blues & Polar.
« Cet excellent ouvrage est à lire à petites doses car il dissèque, décortique, autopsie même le processus du meurtre chez des criminels connus car très médiatiques. Ce n’est donc pas un roman à proprement parler, mais un essai recommandé par Jacques Dallest notre Grand Témoin du festival Blues & Polar. On est donc dans la psychanalyse et c’est assez technique Intéressant évidemment, mais dur à lire. »

Muriel Gaillard

  *** LA SOURCE BLEUE de Bruno Carpentier (Ed.Melmac)

JPEG - 180.3 kio Sortie le 24 aout en librairie et dimanche 27 août en présence de l’auteur, au festival Blues & Polar à Manosque. Le résumé Le corps mutilé d’une femme est retrouvé sur un charnier celte dans une forêt du sud de la France. L’affaire est confiée à Ana Boyer, commandante de gendarmerie impliquée plus que de raison sur un territoire dont elle connaît sur le bout des doigts la géographie mais aussi les anciens mythes... Un thriller réaliste qui suit pas à pas les véritables procédures de gendarmerie.
« Les forces telluriques que l’on ressent dans certains lieux - comme pour moi au Prieuré de Carluc et ses tombes troglodytes, non loin d’Apt - sont un terreau et un ferment naturel pour donner naissance à un thriller, passionnant et ésotérique de surcroit. Surtout lorsqu’on creuse sur un sillon jusqu’alors profondément enfoui, mais toujours prêt à reprendre de l’activité pour peu qu’un élément déclencheur allume la mèche et ranime la flamme. Ici, c’est la séculaire « Source bleue » du village, aux vertus prisées par les jeunes femmes malades ou souhaitant un enfant, mais située au cœur d’un vaste projet immobilier contesté par le milieu écologiste, qui se trouve très vite au centre d’une enquête de police particulière avec des crimes ritualisés et féroces les uns à la suite, comme commandités par le Démon… Bruno Carpentier qui n’en est pas à son coup d’essai en la matière, nous entraine avec une habileté d’historien féru de ces « simagrées de bonnes femmes » entre chamanes, sorcières, et autres thérapeutes perchées… mais presque toujours des femmes ! Dans cette enquête de Gendarmerie très Polar des champs, bien loin des règlements de comptes à la kalachnikov des cités phocéennes, on erre entre Gréasque, Fuveau, Gardanne, thym, rossignols et romarin… Et en conjuguant au passé décomposé tout un maelstrom de symboles et autres tatouages dissimulés mais répertoriés depuis des lustres dans de vieux grimoires poussiéreux transmis au fil du temps. Et qu’il vaut mieux ne pas ouvrir parfois ; on ne sait jamais… Surtout quand on habite au cœur du vieux bassin minier d’Aubagne-Gréasque-La Gineste, avec des galeries souterraines courant partout sous les vieux terrils – sources de diableries – avec une forêt millénaire juste à côté, lorgnée par un promoteur sans scrupule. Et prêt à tout pour aboutir à ses fins. Mais une « Source bleue » ça se défend bec et ongles, et avec de la magie aussi. Ambiance très Melmat Cat comme venue d’une autre planète pour ce thriller dont on tourne avidement les pages, sous la lumière de la pleine lune. On ne sait jamais… »

Jean-Pierre Tissier

« Voilà un livre distrayant mêlant ésoterisme et intrigue policière en Provence, dans l’ ancien bassin minier de Gardanne... C’est également intéressant et instructif car l’auteur très féru d’histoire donne des explications sur les pratiques des »sorcières« de l’époque où elles étaient craintes et brûlées parfois comme à Riez en Haute-Procence. C’est un livre qui se lit facilement avec une quête qui tient bien la route. »

Muriel Gaillard

  *** LES PARTISANS de Dominique Bona de l’Académie française

(Gallimard). Sorti le 9 mars 2023. 528 pages. Prix : 24€.
JPEG - 10.5 kio L’historienne, connue pour plusieurs de ses biographies sur des personnalités du XXe siècle, consacre sa dernière œuvre à un oncle et son neveu, Joseph Kessel et Maurice Druon. Tous deux ayant été également membres de l’Académie française.
Le résumé. Retour au pays des grands hommes. C’est encore le temps des héros, des aventuriers, des bâtisseurs. La vie ne leur fait pas peur. Ils la défient, ils la dévorent. Ils la veulent à la mesure de leurs rêves enflammés. L’un est l’oncle, l’autre le neveu. Ensemble, en 1943, ils ont signé les paroles de l’hymne de la Résistance, Le Chant des partisans. Leurs liens familiaux, d’abord tenus secrets, cimentent une relation très forte, marquée par la tendresse et la fidélité. Mais aussi par la même passion : écrire. J’ai aimé faire revivre ces deux légendes : l’étincelant Kessel du Lion et des Cavaliers, et le lionceau Druon, son presque-fils, auteur à panache des Rois maudits. Entre eux s’est glissée une femme au parcours non moins romanesque : Germaine Sablon, chanteuse et combattante, figure indissociable de leurs destins entrecroisés.

« Captivant ! Furieusement captivant mais à lire lentement, très lentement ! Car de la rage d’écrire de Joseph Kessel à l’envie finalement un jour tarie par le temps, il s’est écoulé des dizaines d’années trépidantes allant de Londres à l’Afghanistan, comme supersoniques parfois. En y ajoutant des démêlés amoureux et paradoxalement festifs jusqu’à l’ivresse quotidienne comme seule la Guerre et le désir de vivre intensément a pu en fournir. Cependant, ce n’est pas une seule destinée, mais bien deux que Dominique Bona de l’Académie française consigne et campe avec talent et concision dans ce véritable memorandum réunissant deux futurs académiciens également : le lion Kessel grand reporter de France Soir quand il tirait à deux millions d’exemplaires par jour, et son neveu Maurice Druon, l’auteur des « Rois maudits », tous deux porteurs des paroles du merveilleux Chant des partisans coconçu musicalement par la Russe Anna Marly et qui donne le frisson aujourd’hui encore à chacune de ses écoutes.
On est là, ni dans une biographie, ni dans un feuilleton, mais plutôt dans une saga familiale virile soudée à l’écriture et au plaisir qui en découle, qu’il soit gravé pour l’éternité au crayon de papier, au stylo-bille, au stylo à plume, voire à la plume d’oie. Et Dominique Bona y succombe aussi nous entrainant avec une plume pugnace et détaillée dans ce voyage au bout de la vie dans lequel on voit passer – même pour ceux qui étaient enfants à l’époque – des noms qui résonnent encore comme Emmanuel d’Astier de la Viguerie, Romain Gary ou Hélène Carrère d’Encausse et des visages vus sur l’ORTF des débuts en noir et blanc et une seule chaine dans Cinq colonnes à la Une, Lecture pour tous, En votre âme et conscience… La chanteuse et combattante vaillante Germaine Sablon, est également de la saga Kessel et Druon qui ressemble à une aventure de bâtisseurs des temps modernes fonctionnant à la clope et au whisky comme « hygiène de vie ». Avec des rencontres où les femmes ont joué un grand rôle du côté de Kessel, lion flamboyant foudroyé subitement le 23 juillet 1979 en disant à son ami Georges Walter « Regarde le monde est merveilleux ! ». Tandis que Maurice Druon est mort dans son lit en prononçant « Excelsis » avant de s’éteindre. Un livre formidable ! Autant pour la Grande Histoire que pour les anecdotes dont il fourmille."

Jean-Pierre Tissier

  *** LA MARIÉE DE CORAIL de Roxanne Bouchard

(Editions L’Aube noire) Sortie le 31 août 2023.
Le résumé.
La seule femme capitaine d’un homardier est retrouvée noyée dans sa robe de mariée à des lieux de son bateau à la dérive. La mariée de corail c’est aussi l’histoire de ses personnages. Des hargnes, des colères refoulées, des vendettas, des batailles pour prendre sa place et toujours cette mer qui module le cours de la vie.
« Cette histoire se passe en Gaspésie pays plutôt rude, avec des pêcheurs de homards et de crevettes. Des gens entiers, habitués aux rudesses du climat et de la mer et où les femmes sont quasi-naturellement exclues à part l’héroïne de l’histoire qui deviendra corail selon la légende, lorsqu’on meurt en pleine mer. C’est un livre qui vous fait voyager dans des contrées où l’on n’ira certainement jamais, et où les personnages ne vivent que pour et avec la pêche. Un vrai bol d’air et d’eau salée ».

Muriel Gaillard

  *** MÉMOIRE D’AMBRE de vanessa Chevallier

Editions MonPoche. Prix : 9,20 €. Sorti le 11/05/2023. Format : 10cm x 17cm.
JPEG - 63 kio Le résumé. De son enfance, Ambre n’a gardé aucun souvenir. Désormais trentenaire et en proie à de fréquentes crises d’angoisse, elle espère sortir de cette amnésie et comprendre le mal-être qui la ronge depuis des années. Alors que ses proches refusent de l’aider dans sa quête, revenir sur les traces de sa jeunesse l’aidera-t-il à retrouver le chemin de la mémoire ? Lorsqu’au même moment un meurtre est commis dans le quartier, les fantômes du passé ressurgissent. Qu’est-il réellement arrivé vingt-sept ans plus tôt ?
« C’est un vrai plaisir que de livre ce roman plein de rebondissements qui vous tiennent en haleine jusqu’au bout, parce que même si l’on pense savoir qui est le tueur d’enfant, eh bien on se trompe… Tout comme pour le passé d’Ambre. Pourquoi se mutile-t-elle ? Autant de questions qui font la chair et le charme de ce livre dont on tourne les pages intensément. Vraiment passionnant d’autant qu’un tel format, ça tient vraiment dans la poche et qu’on peut le lire n’importe où ; dans le métro ou assis sur la pente douce d’une colline de Giono… »

Muriel Gaillard

  *** LES DISPARUS DE LA DURANCE de Sandrine Destombes.

Éditions Hugo Thriller. Sorti le 3 mai 2023. 375 pages. Prix : 19,95€.
JPEG - 12 kio Le résumé Martin Vaas, officier de la police judiciaire à Paris est appelé sur les quais, en face du 36 Quai des Orfèvres. Des pieds dans des baskets flottent dans la Seine, mais sans aucune trace de cadavres... Il apparaît rapidement que cette affaire fait écho à d’autres cold-cases. Appuyé par son équipe et par le commandant Lazlosevic, à la tête de la nouvelle division UAC3, spécialisée dans l’analyse comportementale et criminelle et des affaires complexes, l’officier Vaas va découvrir que cette affaire prend sa source, il y a plus de vingt ans, sur les rives de la Durance. Quand sept pieds sont retrouvés dans la Seine et que ces bouts de corps sont bien froids, c’est l’unité en charge des cold cases qui est chargée de l’enquête. De quoi largement remuer le passé, et peut-être faire émerger la vérité. Sandrine Destombes qu’on apprécie depuis plusieurs années à Blues & Polar se rapproche de nous, avec ce neuvième roman Les Disparus de la Durance.
« C’est une véritable tragédie grecque en forme d’Odyssée que ces Disparus de la Durance. Une histoire comme un fleuve au long cours, ponctuée de rituels pour des amants férus d’Euripide, Alceste, Tristan et Yseut, au point de se transformer moralement et psychologiquement pour parvenir au Nirvana absolu de l’amour à mort. Car jeter des pieds coupés au hasard des courants des fleuves de France, en s’inspirant de Moïse bébé sauvé des eaux est une énigme vraiment tortueuse qui nécessite pour la police Judiciaire de se triturer les méninges. Et c’est là que débute un passionnant mais énigmatique « bain-storming » où chacun dit ce qui lui passe par le cerveau pour essayer de démêler cette affaire et trouver le ou les coupables. Car rien n’est à négliger, même si l’idée parait plutôt farfelue. En effet, seule l’eau est le dénominateur commun de ces disparitions inexpliquées et le mobile ressemble à un fantôme glissant sur une brume à couper au couteau. Mais rien de plus normal pour des « cold cases » remontant à une vingtaine d’années. Une seule certitude : 11 cadavres et un rituel commun : des chevilles sectionnées. Avec un parcours allant de la Seine devant l’ex 36 Quai des orfèvres jusqu’à la Durance à Gap (Hautes-Alpes) en passant par Barbizon… Il y a vraiment des âmes tordues en ca bas-monde et Sandrine Destombes en grande spécialiste du thriller en a déterrées là des triplement étoilées. »

Jean-Pierre Tissier

« Encore une fois on n’est pas déçu à la lecture d’un livre de Sandrine Destombes. Les émotions et le suspense vont crecendo et tout s’enchaine sans aucune baisse de tempo. Voilà un livre qui vous tient jusqu’à la dernière livre. Un vrai régal. »

Muriel Gaillard

  *** MOI MADISON WASHINGTON de Thierry Maugenest

(Albin Michel) Sorti le 3 mai 2023. Prix : 20, 90€. JPEG - 94.6 kio Le résumé. Je m’appelle Madison Washington. Et si les journaux ont jadis consacré leur une à ce que j’ai accompli en novembre 1841 au large de la Caroline, ils n’ont fait qu’évoquer le fil de mes actes. Chacun a expliqué à sa manière comment j’ai mené la plus grande évasion d’esclaves de mon pays, mais ils n’ont rien dit ni de mes doutes ni de mes souffrances, face à l’adversité. Presque malgré moi, j’ai mis le feu au pays et ai été l’un de ceux qui ont précipité la guerre qui a libéré mon peuple de l’esclavage. Aujourd’hui encore, je me demande pourquoi ce rôle m’a été confié par la Providence. Tout ce que je sais, c’est qu’une force mystérieuse m’y a forcé. Comment la nommer  : esprit, voix, entité ? Le saurais-je jamais ? Celle ou celui qui me lit pourra sans doute répondre à ces questions. Voici mon histoire. Puisse-t-elle l’aider à percer mon mystère. »

« Après une passionnante trilogie policière consacrée à Carlo Goldoni - auteur prolifique italien des Rustres, La Locandiera… mort à Paris en 1793 - qui se déroulait dans les ruelles étroites et la moiteur érotique des alcôves des palais princiers de Venise, l’Aixois Thierry Maugenest venu dans le passé à Blues & Polar pour « La Septième nuit à Venise » revient en librairie avec un nouvel opus inspiré d’une histoire vraie, mais bien trop méconnue. Celle de Madison Washington esclave noir et premier afro-américain à avoir fomenté une révolte et la plus grande évasion d’esclaves embarqués en urgence sur un voilier devant les vendre aux enchères.
Et tout de suite, on découvre cette époque complètement folle où des hommes, à cause de leur couleur de peau étaient considérés comme du matériel, des meubles, du bétail, du mobilier… Moins considérés que les chiens, les chats et les chevaux de leur propriétaire ! Une situation ignoble, impensable, indigne à vomir, en totale négation de l’être humain, alors que ces chers « proprios » avaient le culot de se rendre sans vergogne à l’église, y prier un dieu dont l’idéal était pourtant Aimez-vous les uns les autres et d’y être bénis, suivant les prêtres et l’Etat d’Amérique où l’on se trouvait, au Nord ou au Sud. La douleur du fouet et celle des lacérations de l’âme ; laquelle laissera le plus de traces à ces peuples sans nom, ni adresse, réduits au statut d’animal ? Une question sur le traumatisme qui persiste toujours dans la population et explique bien des choses aujourd’hui. Car la soif de vengeance ne pouvait qu’advenir un jour de trop-plein. Et dans le lit de la rancœur, Madison Washington a mûri sa prise de risques. Comme une inéluctable décision, pourtant contestée par la Presse écrite de l’époque « Les Anglais peuvent-ils priver d’honnêtes citoyens américains de leur marchandise ? » écrivait le News Orléans Bulletin. C’était oublier toute la détermination de l’homme et du citoyen Madison Washington. « En relisant tous ces articles bien des mois plus tard dit-il, j’ai pensé à ce proverbe qui prétendait qu’aussi longtemps que les fauves n’auraient pas leurs historiens, les récits de chasse tourneraient à la gloire du chasseur. Voilà pourquoi je dois consigner la vérité. »
1842. Le plus célèbre des fugitifs des Etats-Unis en sécurité dans les Caraïbes n’accordera jamais le moindre entretien à propos de son histoire. Il était désormais un homme libre et il le reste pour toujours. Merci à Thierry Maugenest de nous avoir fait découvert un personnage devenu un homme extraordinaire. »

Jean-Pierre Tissier

« Dès que vous ouvrez ce livre vous prenez une grosse claque ! On connait tous l’esclavage par des livres, des récits, des films, des témoignages… mais jamais avec des descriptions aussi crues et réalistes. C’est une histoire passionnante bien que tragique mais il est - malheureusement - vrai que l’homme est plein d’inventivité en ce qui concerne les tortures morales ou physiques. Encore un livre que nos élèves, collégiens, lycéens… devraient lire peut-être s’il y avait moins de discrimination. Passionnant ! "

Muriel Gaillard

  *** LIENS DE SANGS de Ivan Roussin (Plon)

Sortie le 1er juin 2023. Le résumé 1988, Santiago du Chili. Le pays s’apprête à basculer enfin vers la démocratie. Fils d’un militant socialiste disparu sans laisser de trace lors du coup d’état de 1973, Guillermo a obtenu l’accord de Sciences Po pour se rendre dans son pays natal étudier cet événement historique. Il est accompagné par Ethan, son meilleur ami, dont une partie de la famille a été exterminée dans les camps de la mort. Pour les deux garçons, c’est un périple dont ils ont toujours rêvé. À leur arrivée ils découvrent une société chilienne fracturée par des années de dictature. Le voyage initiatique se mue vite en une apnée angoissante. De centres de torture en exécutions arbitraires, les deux amis découvrent la terrifiante face sombre de la junte militaire. Guillermo est néanmoins plus que jamais déterminé à résoudre l’énigme entourant l’absence de son père. Quitte à se confronter au mal absolu, si c’est le prix à payer.
« La courte période de transition du Chili en pays démocratique avec l’élection de Salvador Alliende (2 ans, 10 mois et 7 jours) jusqu’au putsch militaire et sanglant du sinistre général Augusto Pinochet a fait couler beaucoup d’encre, mais aussi de sang. Notamment dans les stades de football qui comme en Argentine sous la junte militaire étaient transformés en prisons et centres de torture. Sans oublier les massacres perpétrés en mer ou en haute montagne chilienne avec des opposants prisonniers jetés d’avion… et le « suicide » de Salvador Alliende sous les bombes putschistes. Ivan Roussin nous fait revivre cette période que seuls les films et les écrits peuvent désormais porter à la connaissance de la jeunesse. Un livre passionnant et utile ! »

Muriel Gaillard

  **** LA POÉSIE DU MARCHAND D’ARMES de Frédéric Potier

Editions de l’Aube. Collection Aube noire. 272 pages. Prix : 19,90€. Sortie le 9 juin 2023 JPEG - 18.6 kio Le résumé  : Abdel Lounès, sulfureux marchand d’armes servant d’inter¬médiaire aux fleurons de l’industrie de défense française, disparaît sans laisser de traces. Le lendemain, ¬l’arsenal de Lorient, où se construit une nouvelle génération de frégates et de drones destinés aux pays du Golfe, est visé par une attaque terroriste. Plusieurs groupuscules, allant de l’extrême droite aux pacifistes radicaux, figurent parmi les suspects. À moins qu’il ne s’agisse d’autre chose encore, mettant en cause des équilibres économiques et géopolitiques majeurs. La capitaine de police Nina Meriem est chargée de cette enquête pour le compte des services secrets français. Des zones d’ombre surgissent très vite dans ce dossier où s’entrechoquent sécurité nationale, enjeux financiers et ambitions politiques... Un véritable thriller politique qui entraîne le lecteur dans les dédales de -l’industrie de l’armement et de la raison d’État. Frédéric Potier ancien élève de l’ENA, préfet, a été conseiller au cabinet du Premier ministre et à la prési¬dence de l’Assemblée nationale. Il a déjà publié, chez le même éditeur, La menace 732 qui avait obtenu **** par Blues & Polar. Ce roman politique prémonitoire écrit juste avant l’élection présidentielle est toujours d’actualité et la récente apparition de la manifestation d’Extrême Droite le 9 mai avec drapeaux noirs et croix celtique, visages cagoulés de noir en est l’illustration. Retrouvez l’interview 3 Questions de Frédéric Potier sur notre site www.blues-et-polar.com

« Ce n’est pas la girouette qui tourne ; c’est le vent ! » se plaisait à dire l’ancien Président du Conseil Edgar Faure pour expliquer ses grands écarts politiques à la Talleyrand, au nom de la Raison d’Etat. Dans cette optique, Frédéric Potier Prix du livre politique Edgar-Faure 2022 pour « La Menace 732 » ne déroge pas à la règle avec « La Poésie du marchand d’armes ». Notamment dans l’évocation des variantes de stratégies dans le domaine des ventes d’armes qui ont déjà dans le passé généré des revirements inattendus ou des « accidents de la route » étranges dans un escalier ou sur le rebord d’une fenêtre… En effet, le désarmement de l’Armée française passant de 1349 chars d’assaut dans les années 2000 à 222 en 2022 – sans compter la baisse de grands bâtiments dans la Marine – s’est fondu de fait dans l’impression de « mort cérébrale de l’OTAN » stigmatisée d’ailleurs par le Président de la République Emmanuel Macron, mais que la Guerre en Ukraine qui n’est pas une fiction a réactivée. Dans ce 2e thriller politique, on pénètre donc dans le domaine feutré et des mystères du Secret Défense et du Secret Bancaire où l’on ne donne jamais les noms des bénéficiaires des commissions versées aux « fameux intermédiaires ». Car, ainsi que l’a explicité Jean-Yves Le Drian dimanche soir sur France 5, outre les commandes de l’Armée française, insuffisantes pour amortir le coût des armes nouvelles, il faut vendre absolument à l’extérieur ce qui oblige parfois à ne pas être trop regardant sur les Droits de l’homme et des causes qui pourtant tiennent à cœur. Quitte à passer pour une girouette… Même si ce sont exclusivement le Premier Ministre et le Président de la République qui autorisent les exportations. Et c’est là que débute ce thriller qui nous tient en haleine du début à la fin. Car on ne vend pas des fusils, des avions, des bombes, des missiles, voire des sous-marins… comme des grille-pains. Et les « Routes de la poudre » ne sont pas un long fleuve tranquille. On y conduit sans plan de vol et il y a parfois du rififi sur la ligne. Mais avec les mots du poète en tête, comme le rappelle Frédéric Potier, car Arthur Rimbaud et André Malraux se livrèrent eux-aussi au commerce juteux des armes pour de bonnes, mais de mauvaises raisons aussi. Bref, tant qu’il y aura des hommes, il y aura des armes à vendre ! Un livre passionnant à bien des titres qui permet de découvrir – même au futur - des facettes obscures du pouvoir, de la lutte interne toujours en vigueur entre Police à la Gendarmerie, en passant par un étonnant et rare hommage maçonnique discret lors de l’enterrement d’un grand Serviteur de l’Etat. Encore un service gagnant pour Frédéric Potier !"

Jean-Pierre Tissier

« Dans la même veine que « la Menace 732 » - son premier polar politique - Frédéric Pottier ancien conseiller au cabinet du Premier ministre et à la Présidence de l’Assemblée nationale nous rappelle que la menace d’actions violentes de l’extrême-droite en France à la suite d’une dissolution de la chambre des députés dont il parlait visionnairement juste avant l’élection présidentielle d’Emmanuel Macron, reste toujours d’actualité avec le prochain vote porté par Charles de Courson et le groupe LIOT sur l’abrogation de l’âge de la retraite à 64 ans. Mais « La poésie du marchand d’armes » est avant tout, un livre qui nous fait, découvrir la complexité étonnante du trafic des armes dans le monde et combien la politique y joue un rôle bien particulier étrange, contradictoire sans morale et déterminant. Les notables et les industries d’armement y côtoyant les voyous. La capitaine Meriem mène donc l’enquête pour le compte des Services secrets français (DGSI) avec pour barrière la Raison d’Etat. Un livre vraiment passionnant. J’ai beaucoup aimé. »

Muriel Gaillard

  *** LA MORT EST DERRIÈRE MOI de Charles-Henry CONTAMINE.

Sorti le 2 février 2023. Editions PLON. 288 pages. Prix : 20€. JPEG - 13.2 kio Le résumé. « Pourquoi Sofia s’était-elle suicidée ? Elle que j’entourais de tellement d’amour, elle qui réchauffait de sa lumière tous ceux à qui elle prodiguait une affection simple, authentique, si rare au fond dans les univers dans lesquels nous évoluons. Pourquoi avait-elle bien pu se tuer ? Tout simplement parce que, ce 21 décembre à 16h 47 très précises, elle avait trop souffert. » Cette question, il faut que Pierre y réponde car c’est ce qu’on attend de lui. Qu’il dise pourquoi, qu’il rationnalise l’inexplicable. Pourquoi cette fois ce n’était plus possible pour Sofia ? Pourquoi a-t-elle décidé de se jeter sous ce train cet après-midi de décembre ? Le monde de Pierre vient de s’effondrer et il ne veut pas chercher le pourquoi. Il veut simplement laisser ses émotions le parcourir et tant pis si ça choque les gens. Après tout, qui faut-il être pour juger le veuf d’une suicidée ? Ça bouillonne en lui. Déglingué, ivre de musiques et de toxiques, Pierre se révolte et s’enfuit, cherchant en vain la lumière. La vie est une suite de cycles, on ne reste pas pour toujours dans les ténèbres… * Ancien journaliste et coauteur du superbe ouvrage qu’est « La Route du Blues ». Il se partage aujourd’hui entre écriture et navigation.

« La colère au lieu du chagrin, ça ne mène à rien ! Cette phrase tourne en boucle comme un sample dans la tête, dès que l’on se plonge dans ce premier roman très addictif de Charles-Henry Contamine. Mais bon sang, bon Dieu, pourquoi se jeter sous le métro, un 21 décembre à 16h 47 ? Noël et Jour de l’An dans le collimateur du monde entier. Il faut avoir un sacré blues dans les tripes et le cerveau, comme un tord-boyaux dur à évacuer. Un de ces blues pur jus du Delta, râpeux à souhait, générateur de fantômes comme ceux des gamins pendus aux arbres qui ont inspiré « Strange fruit » à Billie Holiday… Bon sang ! Un spleen puissance 1000, un blues à l’âme si dingue que même partir en Bretagne, avec Pierre à la Fin de la terre, Pointe du Van balayée par une force 8, Gwen ha dû violenté par les embruns, que ça ne suffirait pas. Mais pourquoi ? Pourquoi Sofia se foutre sous le métro de Paris un 21 décembre ? Découpée, massacrée… Découvert macabre hallucinante comme un zombie à l’institut médico-légal ! Même l’Ankou n’a pas de réponse à ce suicide. Alors Pierre, seul avec lui-même, dont la tristesse, la peur, le désespoir le poussent à boire comme un trou, se met à tout casser, même les amitiés fidèles, à chier ivre-mort, sur la moquette dans le salon et en barbouiller les murs comme dans une fresque immonde… Le trou, le vide, et puis la psychiatrie, ultime étape avant la descente définitive aux enfers. Ce premier roman est du pain bénit pour qui aime les blues, et une belle source de réflexion pour les autres. Et comme l’auteur est un fin connaisseur de petits et grands vins (Pommard, Châteauneuf-du-pape, Terrasses du Larzac, Pic Saint-Loup…) cigares et musiciens des « seventies », la B.O du livre est un régal de voyages illustrés allant – suivant le moment - de Nina Simone à Pink Floyd en passant par Nick Cave, BB King, Jimmy Page, Trust, le boss Springsteen, Jim Morrison, les Beatles, les Stones, les Kinks, Muddy Waters…. via une errance nocturne hallucinée dans une taverne à deux doigts de vendre son âme au diable comme Robert Johnson. On y croise aussi Iggy Pop et une antiquaire brune pimentée à se damner. Pour arriver à ce qu’un jour, la mort soit enfin derrière toi, mon pote ! »

Jean-Pierre Tissier

 **** CELLE QUI PARLE AUX MORTS de A.K. TURNER

(Editions Alibi). Sorti le 31 mars 2023. Prix : 22 €. 330 pages. JPEG - 52.1 kio Le résumé. Cassie Raven est technicienne à la morgue de Camden le jour, apprentie taxidermiste le soir. Son job consiste à préparer les corps et assister le médecin légiste. Elle coche toutes les cases du stéréotype de la fille bizarre : un peu gothique, piercée et tatouée de partout. Elle est persuadée que les cadavres peuvent vous donner des indices sur les causes de leur mort, à condition de les « écouter ». Un matin, elle trouve comme première cliente son ancienne prof, Mme E., celle qui l’a aidée à sortir de la drogue et des squats et qui l’a remise sur les rails quelques années auparavant. Conclusion du médecin légiste : mort accidentelle par noyade, donc pas d’autopsie poussée. Cassie n’y croit pas, elle pense à un assassinat. Mais comment le prouver ? Pas simple, surtout qu’elle n’a pas vraiment la cote auprès de la police et qu’elle a sur le dos l’inspectrice Phyllida Flyte, coincée et glaciale, qui la suspecte d’avoir volé un cadavre à la morgue...
« Celle qui parle aux morts travaille en médecine légale et prend grand soin des morts qui passent par ses mains. Mais parallèlement à son travail elle découvre que toute sa vie passée n’était qu’un mensonge et qu’elle a un père qui est accusé du meurtre de sa mère. Delà découle tout le roman qui se lit d’une traite car on entre complètement dans les différentes enquêtes menées pour savoir la vérité. Un très très bon livre ! »

Muriel Gaillard

  *** KEPONE de Philippe Godoc

(Editions Viviane Hamy). Sorti le15 mars 2023. Le résumé. Marc Montroy, journaliste à L’Écologue, se rend à Hopewell en Virginie, la « capitale de la chimie », pour enquêter sur le scandale du chlordécone, aussi appelé Kepone. Il y rencontre le Pr Ashland, qui l’encourage à orienter ses investigations du côté de Farma, société basée officiellement au Brésil et dirigée officieusement depuis les Antilles françaises.Apprenant que son père, Célio, est atteint d’un cancer, Marc rentre précipitamment en Guadeloupe. Célio est persuadé que sa maladie est due au chlordécone. Utilisé de 1972 à 1995, ce pesticide a pollué des terres et des eaux à la biodiversité unique. Max, l’ami indépendantiste de Célio, voit là l’œuvre des Békés qui, non contents de posséder les richesses des îles, s’en sont pris une fois de plus aux descendants d’esclaves. Alors que Marc pense rédiger un simple article relatant un écocide passé, des morts violentes en lien avec son enquête surviennent. Avec Max, tout aussi décidé à découvrir la vérité, ils sont loin d’imaginer l’engrenage infernal dans lequel ils viennent de tomber. En brassant les eaux troubles du scandale lié au chlordécone, Kepone nous offre une plongée vertigineuse dans les grands courants contestataires de nos sociétés. C’est aussi un thriller haletant et savamment documenté.
« Voilà un très bon polar avec pour sujet les Antilles et leur histoire, et en prime la culture de la banane. Un journaliste-enquêteur et – heureusement pour lui – des amis pour l’aider. En effet les tontons-macoutes ne sont pas des tendres et il ne fait pas bon d’être à proximité de leur machette lors d’une expédition de nuit à l’intérieur d’un container. Impossible de lâcher le livre avant la fin de chaque chapitre. Un régal de lecture. »

Jean-Jacques Rousseau

  *** BAIN DE SANG de Jean-Jacques Pelletier

Editions Le Mot et le reste. Le résumé. En fin de carrière, l’inspecteur Dufaux se voit confier une enquête hors norme lorsqu’un bain rempli de sang se retrouve exposé dans une vitrine, en plein Montréal. Ce pince-sans-rire, un brin cynique, devra résoudre une série de meurtres avec l’aide de son équipe de jeunes geeks. Sous le coup d’une enquête interne, Kodack, Parano, Paddle et les Sarah seront pour- tant décisifs pour tirer cette histoire au clair. Au cours de ses investigations, Dufaux croisera une galerie d’hommes et de femmes plus originaux et insensés les uns que les autres, et pourra compter sur le soutien de son épouse, récemment décédée. Avec son équipe de flics 2.0 et un humour manié au scalpel, l’auteur parvient à rafraîchir les codes du roman policier.
« Un polar qui se déroule chez nos cousins québécois avec une enquête glaçante, une équipe d’enquêteurs non-conformistes et un peu geek… Et au milieu de tout ça, un sergent, détective aux affaires internes. Voilà tous les ingrédients qui repoussent le moment de poser ce livre. »

Jean-Jacques Rousseau

  *** MEKIRO de Robin FISCHHOFF.

« Prix de la Gendarmerie nationale 2023 ». Prix : 13, 99€. (PLON). Date de parution : 6 avril 2023. Le résumé. Dans l’archipel des Gambier, au cœur du Pacifique sud, le cadavre sauvagement mutilé d’un jeune homme est retrouvé dans une église abandonnée. Ce meurtre, survenu au bord d’un lagon réputé maudit, rappelle étrangement ce à quoi avaient déjà été confrontés les premiers missionnaires : des phénomènes primitifs, terrifiants, que l’on disait issus d’un mystérieux monde souterrain. Plongé dans une atmosphère inquiétante, teintée de superstition et de légendes polynésiennes, le capitaine Aloïs Keller mène l’enquête. Mais, alors que ses recherches virent à l’obsession, son flegme et sa raison vacillent. En s’obstinant à percer des secrets enfouis, ne va-t-il pas devenir, à son tour, la proie d’un chasseur monstrueusement insaisissable ?
« C’est un bon roman qui nous fait voyager car l’histoire se passe en Polynésie et l’intrigue nous fait découvrir les us et coutumes des peuples polynésiens et la culture des perles fines. Voilà une lecture très divertissante et une bonne intrigue. Très agréable à lire. »

Muriel Gaillard

  *** SUSPICION (S) de Ophélie Cohen.

(Phénix noir). Prix : 15,95€. 300 pages. Sorti le 30 mars 2023.
Le résumé. Aaron est un petit garçon plein de vie, rêveur et heureux. Le jour de son dixième anniversaire, son monde s’écroule lorsque son père quitte la maison. Rachel est une mère aimante et une épouse dévouée. Elle perd néanmoins pied lorsque, Hugo, son mari abandonne leur foyer pour se réfugier dans les bras d’une autre femme. Hugo aimait Rachel à la folie. Mais la routine a eu raison de ses sentiments. Sans penser aux conséquences de son acte, il retrouve le frisson de la passion dans les bras de Marie. Nathalie est brigadier-chef. Au menu de son quotidien, violences conjugales, agressions sexuelles et abandon de famille. La découverte d’un corps sans vie, dans le bois de Lèves, va bousculer toutes ses certitudes. Elle se jette corps et âme dans cette affaire, mais en sortira-t-elle indemne ? Quatre personnages. Quatre points de vue. Une histoire sombre. Saurez-vous démêler le vrai du faux de cet enchevêtrement familial ?
« C’est un très bon livre qui retranscrit très bien l’état d’esprit des gendarmes qui sont chargés de faire la part du vrai et du faux dans les accusations d’attouchements sur mineurs par une femme, une mère en instance de divorce. Tout le livre tourne autour de l’instillation du venin que la mère veut faire passer à son fils quand son mari la quitte. C’est un vrai roman noir mais tellement proche de la réalité… Jusqu’à la fin, on ne sait pas de quel côté va pencher la balance. En faveur de la mère ou en faveur du père ? Mais que devient l’enfant dans tout ça ? Un livre très prenant ! "

Muriel Gaillard

  **** L’INTRUS de Bénédicte de MAZERY

(Editions Plon). Sortie le 6 avril 2023. Prix : 21€. Format : 14 x 22,5 cm. 288 pages. Le résumé. Élise et Romain forment un couple heureux : bons jobs, un appartement, une vie ponctuée par le déjeuner du dimanche avec Mina, la mère d’Élise. Jusqu’au jour où Élise se découvre enceinte. Pas question de garder cet intrus, elle n’a jamais voulu d’enfant. Elle va avorter. Mais à la consultation, Élise découvre qu’elle est enceinte de sept mois. Terrorisée, elle s’enferme dans le mutisme. Pour éveiller en elle l’instinct maternel, Romain lui offre un reborn baby. Et Mina s’installe chez eux pour apprendre à sa fille les gestes d’une mère sur ce bébé de silicone, si semblable à un vrai, si rassurant. Tout semble rentrer dans l’ordre, le ventre d’Élise grossit soudain. Mais à la naissance, Élise ne parvient pas à créer de lien avec son véritable enfant. Tom est “trop vivant”, il l’inquiète. Plus Élise doute d’elle, plus son attachement au reborn se renforce. La mère parfaite, c’est Mina, qui prend le relais de sa fille auprès de son enfant malgré les réticences de Romain. Au fil des jours, tandis que Tom se laisse dépérir aux côtés du reborn immuable, les rôles de chacun deviennent de plus en plus confus, jusqu’à ne plus savoir ce qui se joue réellement… L’intrus n’est pas forcément celui qu’on croit.
« Si vous êtes une femme, qui plus est une mère de famille, ce livre va vous mettre mal à l’aise car on y raconte l’histoire d’un déni de grossesse, d’un « reborn baby » en substitution d’un vrai bébé, de l’évolution d’un syndrome de « baby blues » assorti d’une belle-mère plus qu’envahissante. Néanmoins, la cerise du gâteau, c’est la fin du livre… et alors, là ; on comprend tout. A LIRE ABSOLUMENT ! »

Muriel Gaillard

  **** BESTIAL de Anouk SHUTTERBERG

(Plon). Prix 19,90€. 438 pages. Sorti le 25 mai 2022. Le résumé. 2007. Cinq pré-adolescentes disparaissent subitement en plein jour dans un quartier touristique de la capitale. Les « disparues du 9e ». Même profil : jolies et toutes âgées de douze ans. Malgré l’acharnement du commandant Ribault et de son équipe en charge de l’affaire, aucune piste sérieuse n’émerge. Mis à part, peut-être, ces mystérieux colis reçus par les familles des victimes dont le contenu laisse les policiers sans voix. 2019. L’affaire classée refait surface : cinq autres jeunes filles se sont volatilisées selon le même modus operandi. Le commandant Stéphane Jourdain et le capitaine Lucie Bunevial reprennent le dossier…De découvertes macabres en découvertes macabres, parviendront-ils à retrouver leur trace ? Une enquête qui va broyer le groupe de la 1re DPJ parisienne telle une mâchoire avide d’en découdre.

« Ce thriller est une plongée dans l’enfer et il colle totalement à notre société en évoquant un sujet qu’aucun parent ne souhaite vivre un jour. Il exprime la perversité humaine au plus haut point. L’auteure maîtrise totalement l’intrigue jusqu’au dernier chapitre. Car elle frappe fort, droit au but, implacablement et décrit les pires cauchemars. Un thriller percutant et une auteure à suivre après « Jeu de peaux » qui était de la même veine. »

Marie-Pierre Fiore

« Après avoir lu « Jeu de peaux » et commencé celui-ci avec les références musicales et les liens affichés, j’ai eu une première surprise avec la pianiste inclassable qu’est Katia Buniatishvili que j’adore. Ensuite, il faudrait mettre un petit message d’avertissement aux lecteurs qui sont également parents… Nous entrons en effet dans une histoire sordide où les enfants n’ont pas la meilleure place. Ce roman est glaçant et triste, mais encore une fois, comme dans les thrillers, il est difficile de ne lâcher ce livre car on veut enfin connaître le dénouement de cette enquête et la recherches des fillettes kidnappées. »

Jean-Jacques Rousseau

  *** LES HOMMES EN NOIR Servir ou faillir de Jean-Michel Fauvergue

(Plon). Prix : 20, 90€. 315 pages. Le résumé. L’ancien patron du RAID nous plonge au cœur de la lutte antiterroriste avec ce premier roman nourri de faits réels. Gaby a enchaîné les missions délicates et les succès à la tête de l’unité antiterroriste. Élu député, puis nommé conseiller spécial auprès du ministre de l’Intérieur, il poursuit son combat contre le fondamentalisme par des moyens politiques. Mais, dans l’ombre, un danger le guette : il a pour nom Wahid. Il veut venger ses « Frères » tombés sous les balles de Gaby et de ses hommes. Il tisse patiemment sa toile, y mettant toute son énergie, sa détermination et sa ruse. Leur face-à-face fera trembler les plus hauts sommets de l’État…
« On trouve dans ce roman une partie de fiction pleine d’action mais proche de la réalité de la lutte anti-terroriste. Ces hommes qui risquent leurs vies pour nous et qui vivent l’enfer par la suite après avoir été confrontés aux massacres et aux pertes des leurs. Ce fameux Syndrome de stress post-traumatique qui impacte leur vie personnelle. Un livre qui dévoile très bien les deux parties différentes, mais si proches des « Hommes en noir ».

Marie-Pierre Fiore

« Ce roman commence avec des attentats sanglants racontés par les membres de l’Unité d’intervention du RAID sous forme de rapport avec des terroristes qui sont les protagonistes du roman, mais qui deviennent au fil des pages de véritables personnages avec leur histoire personnelle. J’ai beaucoup aimé cette structure de lecture et il est très difficile de lâcher ce livre avant la fin, car on veut - enfin- connaitre ce Wahid. »

Jean-Jacques Rousseau

  **** LE CERCLE DES POLARDEUX MARSEILLAIS

et de leurs complices. (MELMAC). Un hommage à l’ami Philippe Carrese parrain de Blues & Polar décédé le 5 mai 2019… bien trop tôt. Sorti le 8 avril 2023. 300 pages. Prix : 15 €. Le pitch. 22 écrivains et 4 photographes, soit 26 signatures artistiques et littéraires pour ce Cercle des Polardeux marseillais né autour d’une table à Marseille, à la pizzeria Chez Noël, lors d’agapes amicales avec jaune anisé, rosé, rouge, pizzas et aïoli… jusqu’au noir qui les réunit. Premier opus d’un projet qui se veut récurrent, ce Cercle-là ne se trouvera que dans quelques librairies, essentiellement marseillaises, ou lors de salons du livre et de dédicaces organisées pour lui. Et sur Internet, version papier et numérique. Les 26 auteurs qui ont participé à cette « première saison » du cercle des Polardeux sont : côté écriture, Alexandre Clément, René Frégni, Paul Pisapia, Thierry Aguila, Mathieu Croizet, Bruno Richard, Martine Plaucheur, Patrick Coulomb, Pierre Luciani, Jean-Claude Roméra, Vincent Crouzet, Bernard Vitiello, David Humbert, Marie Van Moere, Ellen Coulomb, Catherine Pasquet, Sylvain Dunevon, François Tonneau, Guillaume Chérel, Adriel Nera, Henri-Frédéric Blanc, Flora del Sol. Côté images : Claude Almodovar, Guillaume Origoni, François Mouren-Provensal et Serge Assier.
« 22 v’là les Marseillais ! Quel bonheur de voir fleurir au printemps cette belle initiative portée par l’ami Patrick Coulomb, vieux complice journaliste, rocker et polardeux. « Même au ras du pavé, Marseille a toujours quelque chose à dire » comme l’exprime ce cliché noir et blanc d’atmosphère nocturne et humide signé de François Mouren-Provensal. Et la cité phocéenne ne se prive pas de le faire savoir, même si ici on peut avoir de la gueule… et être taiseux selon le moment, le jour et l’heure ! Tranquille ! c’est ce qui motive des Goudes jusqu’au Vélodrome. La ribambelle de plumes et signatures de tous poils qui composent cette évasion littéraire n’est pas toute du même tonneau, mais elles ont toutes le cœur en bleu et blanc. Et cela donne un florilège d’imaginaire plutôt savoureux. René Fregni, notre parrain historique de Blues & Polar est évidemment de la joyeuse équipe, car ici le polar ne sent ni le hareng fumé ou la vodka des polars nordiques, où l’on ne mange guère... A Marseille, au contraire, c’est plutôt jaune, poulpe, pizza et rosé ! Et il suffit d’une contrariété pour faire semblant de signer et saigner et découper dans la foulée, un huissier venu réclamer 58 000€ pour le séjour de son père en EPHAD, en 51 morceaux … via 51 Pastis a dans le buffet ! Un pari pour se donner de la force pris devant la Bonne-Mère, au moment où l’esprit a vrillé. Eh oui quand le tintouin frappe au cabeston, ça peut devenir du sérieux dans la démesure. Et René Frégni qui nous avait plutôt habitués depuis plusieurs romans à la poésie des vieilles pierres chantantes du Contadour quand le mistral souffle sur les pas de Giono au cœur des lavandes, n’y va pas de main-morte dans sa nouvelle baptisée « Un 51 pour l’huissier ! » dont le format permet d’aller à l’essentiel assez rapidement. Donnez-vous en à cœur joie avec tout le plaisir de ce format bien trop délaissé en France. Car ces écrits-là peuvent se déguster nouvelle après nouvelle, avec un chichi et un p’tit noir bien serré sur le quai de l’Estaque. Et là, si on vous voit rire comme une baleine (quoique ?) il n’y aura personne pour vous engueuler ! Vous direz que vous êtes du Cercle blanc et bleu.

Jean-Pierre Tissier

Ces Polardeux-là seront dimanche 27 août au 19e festival Blues & Polar à Manosque autour du pique-nique musical et culturel animé par le Pierre Meige & friends.


  **** TUEUR HORS-SÉRIE de Marc Jolivet

Sortie le 13 avril. Editions Plon. Prix : 21,90€. Le résumé. Dans ce premier roman noir, le comédien bien connu Marc Jolivet nous entraîne sur les traces d’un monstre tourmenté par un visage grêlé, (à l’instar du livre de la journaliste de Libération Patricia Tourancheau « Le Grêlé » gendarme et tueur en série) pour mieux nous faire entrer dans la tête d’un tueur hors-série. Un récit dans l’esprit humoristique des frères Coen, où l’auteur y transcende avec brio, à la façon de Bac Nord, un fait divers réel qui a défrayé la chronique.

"A roman noir, humour très noir ! Le tueur en série François Verove, ancien gendarme de la garde Républicaine devenu policier a sévi pendant 30 ans dans la peau d’un sérial killer, sans jamais être pris, ni inquiété - car insoupçonnable -avant de mettre fin à ses jours en septembre 2021.
Cette traque authentique qu’a relatée la Grand reporter de Libération Patricia Tourancheau dans son livre Le Grêlé a inspiré l’humoriste écolo bien connu Marc Jolivet, qui pour son premier polar s’est carrément glissé dans la peau du monstre pour imaginer et raconter son parcours. Mais sans garantie du gouvernement ; SGDG comme on dit ! Un portrait déjanté et foutraque qui évoque un gamin boutonneux, acnéique, au visage comme massacré par une averse de grêle, lui valant toutes les brimades imaginables à l’école… Fasciné par la République, la patrie, la Justice, le châtiment, la vengeance et le désir de devenir le premier Président de la République de gauche pour la Peine de mort, notre Paul Balder (nom d’emprunt) va bien vite être habité par une molécule déclenchant dans son cerveau des pulsions violentes incontrolables. Et la cavalcade macabre va commencer… Au fil des pages, alors que les crimes, les viols et l’horreur se succèdent, la découverte de l’ADN enclenche un beau jour le mécanisme de la rédemption. Et l’homme va se calmer et ne plus faire parler de lui. Ecrit comme une pièce de théâtre, voire un monologue dont il a le secret, avec des ramifications façon tuyaux de poêle qui nous ramonent les bronches, et des clins d’œil aux Pierre (Dac et Desproges), ce Grêlé-là devenu Tueur hors-série avec Jolivet, nous embarque dans un délire fictif faisant côtoyer le « monstre » Fourniret et le professeur Féderer, car Jolivet est un fada de tennis, mais aussi Patricia Tourancheau la journaliste de Libé à l’origine de la découverte du vrai serial killer. Jusqu’au bout les dédoublements de personnalité et les vies parallèles s’enchainent et s’imbriquent avec des personnages qui ne sont pas sans rappeler ceux du film Cassos de notre ami Philippe Carrese. On tourne les pages avidement pour connaître sa vérité. Imaginée mais implacable !
Tout ce périple est animé par une bande-son accueillant au fil des pages les Kinks, Nick Cave, les Troggs, les Beach boys, Simon & Garfunkel, Earth, wind & fire et même les introuvables Dave, Dee, Dozzy, Beaky, Mick & Teach des seventies… Ce qui n’est pas pour déplaire à Blues & Polar. Une pépite pour un premier tir d’essai !"

Jean-Pierre Tissier

NB : Incapable de romancer d’horribles crimes sans penser aux victimes, la moitié des droits d’auteurs de Marc Jolivet sera reversée à l’association Assistance et recherche des Personnes disparues (ARPD).

« Pour un premier polar, c’est une véritable réussite ! Je l’ai lu d’une traite sans interruption. C’est vraiment très bien écrit. Et la particularité de l’ouvrage, c’est que l’auteur qui n’est autre que le comédien Marc Jolivet, habitué des monologues sur scène, écrit à la première personne. En effet, il se met dans la peau et dans la tête du « Grêlé », François Verove, ce gendarme à la peau vérolée, qui pendant 35 ans sera un tueur-en-série de haut-vol sans être jamais inquiété ; et qui mettra fin à ses jours, dans le Gard le 27 septembre 2021, là où il était installé en bon père de famille, dès qu’il a été identifié. La journaliste Patricia Tourancheau ancien Grand reporter de Libération qui avait suivi cette affaire a été la première à identifier que l’auteur de ces meurtres était un gendarme. Marc Jolivet en incarnant le « Grêlé » fait donc part de ses pulsions et de ses sentiments avec notamment une fin surprenante où il fait un « pied-de-nez » au système judiciaire. J’ai adoré ! »

Muriel Gaillard

« Longtemps, j’ai été flic. Après, j’ai mal tourné. Vers le cinéma et ses scénarios. A double titre donc, l’affaire du Grêlé m’a toujours fasciné. Chaque matin, sur le chemin de mon bureau, en passant rue Sainte Croix de la Bretonnerie, devant l’immeuble où il avait assassiné et torturé deux personnes, je dévisageais les passants, convaincu que les tueurs reviennent souvent sur les lieux de leurs crimes. En vain, bien sûr. Ironie du sort, au pied du bâtiment se trouve Le Point-Virgule, haut lieu du spectacle comique et ce pied de nez m’est revenu à la lecture du roman de Marc Jolivet. L’humour a tous les droits. Et le devoir de s’en prendre aussi à l’horreur. Marc Jolivet le sait qui s’y est employé, et avec brio. Loin des habituelles compilations de procédures policières, son approche originale, l’audace assumée de rendre humain le monstre dont il s’inspire, font de ce livre une œuvre unique dans un genre innovant. Entremêlant d’un humour subversif le réel et la fiction, imaginant ses paroles, ses pensées et jusqu’à ses rêves, Marc Jolivet prend le parti de remonter de l’enfance du Grêlé, pourrie par un visage boutonneux, une adolescence tourmentée, une vie vouée à l’ordre mais émaillée de crimes, puis le long silence jusqu’à ce que la science parvienne à son identification et sa fuite dans la mort. Pourquoi tueur hors-série ? Vous le saurez en dévorant, comme moi, ce livre. Le rire tue la peur ».

Simon Michael

  **** COLD CASES de Jacques Dallest.

Editions Mareuil. Sorti le 26 janvier 2023. 381 pages. Prix : 22€.
Le résumé.Jacques Dallest, ancien Procureur de la République à Marseille puis Procureur général de la Cour d’appel de Grenoble, qu’il a quittée pour une retraite (sûrement littéraire) a dirigé en 2021 le groupe de travail qui a rendu un rapport à la Chancellerie pour améliorer la prise en charge des « cold cases », les fameuses affaires non résolues devenues des séries très suivies à la télévision. Et surtout améliorer les relations avec les familles des victimes. Ce groupe de travail était composé d’une quinzaine de personnes, magistrats, policiers, gendarmes et avocats. « Cold cases » le nouveau livre de Jacques Dallest est préfacé par Éric Dupont-Moretti. Garde des Sceaux et Ministre de la Justice.

« C’est un gros pavé passionnant dès les premières lignes et qu’il convient de lire doucement, tant les explications sur la Justice et les rencontres de Jacques Dallest en qualité de « visiteur des peines de longue durée » auprès des grands criminels et tueurs en série français (Francis Heaulme, Guy Georges, Michel Fourniret décédé depuis, Nordhal Lelandais…) tous enfermés à Ensisheim, « la prison des hommes perdus », sont des instants d’émotion et de tension très forts, même pour le lecteur ! On entre avec lui dans la cellule individuelle impeccablement rangée à l’instar de celle de Michel Fourniret ou dans un maelstrom total comme chez Francis Heaulme. On est alors comme Jacques Dallest face à des pervers retors qui ont violé et donné la mort à plusieurs reprises. Et on frémit en lisant. Il faut donc ingurgiter toutes ces affaires le plus posément possible. Car il y a tant à lire et à découvrir dans ce nouvel ouvrage, véritable Bible imposante consacrée aux disparitions inexpliquées en France regroupées et passées à la loupe sous le nom de « Cold cases ». Cette dénomination que les Français connaissent depuis de nombreuses années via la série télévisée américaine éponyme de CBS reprise par TF1. Mais ce livre est bien plus. Il est carrément un mode d’emploi sur les usages et les procédures de la Justice afin qu’elle soit pour tous, véritablement. Une Bible à futur ministériel… Et de rappeler qu’une instruction sur une disparition n’a aucune limite. L’Affaire Ben Barka est ouverte depuis 53 ans bientôt et celle de la tuerie de Chevaline depuis 10 ans.
« Le cold case nait de l’erreur, de l’insuffisance et de la désinvolture » écrit Jacques Dallest en pugnace authentique et éclairé. « Car, poursuit-il en citant le Marquis de Sade, rien n’encourage comme un premier crime impuni. »
Avec une précision chirurgicale toujours empreinte d’humanité, l’ancien Procureur de Marseille et Grenoble où il a côtoyé le crime à de nombreuses reprises, décortique l’instruction sous tous ses aspects, de l’acte à l’enquête de police, puis à la punition – en cas d’arrestation - en passant par la rédemption éventuelle… Et le nouveau Pôle national de Nanterre consacré aux Disparitions inexpliquées dont il est à l’origine, a déjà de nombreux dossiers à étudier. 391 enquêtes de « cold cases » y sont sur la table et 48 dossiers y sont ouverts à l’instruction comme « Affaires inexpliquées’. Trois pouvant mettre en cause Nordhal Lelandais, Patrice Alegre et Willy Van Coppernolle ayant été ouvertes en priorité en septembre 2022. Un ouvrage d’une richesse incroyable qui donne des pistes de travail pleines de bon sens, en rappelant que la mémoire criminelle en France, c’est la Presse quotidienne régionale et les journalistes locaux qui la détiennent, car ils étaient là, bien avant l’informatisation et le téléphone portable. "

Jean-Pierre Tissier

Jacques Dallest sera à Manosque le 26 août 2023 comme Grand témoin du 19e festival « Polar des villes/Polars des champs » avec d’autres invités écrivains et experts.


  *** DERNIER PARKING AVANT LA PLAGE de Sophie Loubière

(Éditions Phénix noir). Sortie le 13 mars 2023. 357 pages. Prix : 15€. Nouvelle édition complètement revue par l’autrice.
Le résumé. Été 2003. Station balnéaire de Saint-Jean-de-Monts, en Vendée. Un adolescent disparaît... Puis deux, puis trois... Certains sont retrouvés, d’autres non. Qui les enlève ? Pourquoi ? Que sont devenus ceux dont on n’a jamais retrouvé la trace et comment expliquer le silence prostré des rescapés, surgis de nulle part ? Quel sombre trafic s’organise dans la discothèque La Maison Bleue ? Dans une ambiance faussement relax de village vacances, Dernier parking avant la plage aborde par le biais d’une intrigue minutieusement ficelée les thèmes contemporains et cruciaux de la disparition d’enfants, de la démission parentale et de l’adolescence qui se cherche.
« Expérience insolite et rare que de recustomiser son premier ouvrage écrit en 2003 en mettant un peu d’huile dans le moteur à thriller et en changeant les essuie-glaces comme l’explique avec humour dans son épilogue Sophie Loubière. Un polar écrit il y a vingt ans à l’aube d’une belle carrière littéraire où la musique a toujours tenu un rôle important.
Avec une bande son fidèle aux goûts éclectiques de l’animatrice nocturne de « Parking de nuit » sur France Inter, elle illustre bien cet esprit journalistique aimant à mélanger les arts tant ils se complètent et ont leur utilité pour planter le décor de plage en été sur la côte vendéenne, quand les discothèques étaient les phares de la nuit pour une jeunesse en quête de drague, de drogue aussi, et de conneries surtout. Mais les disparitions de jeunes, filles ou garçons, demeurent des sujets récurrents qui illustrent très régulièrement la rubrique des Faits Divers dans la Presse quotidienne régionale. Et ici, dans le triangle Saint-Jean de monts-Challans-Village-Vacances VVF, des drames anciens nés de l’impondérable du destin et de vengeances inassouvies côtoient le rythme estival des séjours au bord de mer. Entre animateurs « relou » de soirées karaoké ou cocktails enivrants, les parents s’amusent pendant que les ados s’ennuient s’il n’y a pas de Play station ou autres jeux vidéo… Et évidemment, les premières entourloupes de l’adolescence à priori faciles, peuvent être dangereuses car la nuit tous les chats sont gris, sauvages et sans pitié. Un polar très Gendarmerie, avec une dose de suspense qui tient en haleine agréablement. »

Jean-Pierre Tissier

« Une nouvelle fois, on n’est jamais déçu en lisant un roman de Sophie Loubière. En effet, dès les premières pages on est pris dans l’ambiance de ce village-vacances où les parents espèrent bien passer un séjour tranquille ; les enfants étant occupés durant la journée par les animateurs. Ce qui laisse tout loisir aux mauvaises personnes pour agir. Le suspense est fort bien mené, car dès la première disparition d’enfant tout le monde est suspecté, sauf ceux – évidemment * à qui on ne pensait pas. C’est un agréable et prenant moment que la lecture de ce livre. »

Muriel Gaillard

 UNE BANDE DESSINÉE

  *** RED CREEK SHUFFLE de Corbeyran, Pacheco et Saint-Blancat

Éditions L’AQUEDUC BLEU. Sortie en librairie le 6 avril 2023. 156 pages. Prix : 18€. Le résumé. Quand des crimes étranges sont commis en Californie dans les années 50, symboles de l’avènement du burger, du milk- shake, d’Elvis et de l’anti communisme forcené, un détective privé Giuseppe Peccato et une journaliste new-yorkaise Jane Sinner s’intéressent à une base secrète en plein désert... Entre X-Files et American Grafitti, ce récit scénarisé par Corbeyran, dessiné par Pacheco et mis en couleur par Saint-Blancat combine l’originalité du fantastique avec la puissance des séries policières.
« Eh oui, tout arrive ! Voilà que Blues & Polar se met à la BD, policière, bien sûr, mais avec une touche musicale rock’n’roll, référence à Elvis Presley qu’on ne pouvait ignorer… Outre les dessins de haute volée, clairs et expressifs, on pénètre vraiment, comme dans un polar, au cœur de l’univers des films américains des années 50-60 entre flics, cow-boys, détectives privés, minorités ethniques délaissées, ignorées, parquées, dénigrées, toujours soupçonnées… Et à ce petit jeu sur fond de guerre froide avec les Russes, chicanos, blacks, et indiens sont considérés comme des sous-hommes ; et que quelques-uns soient retrouvés déchiquetés et éviscérés dans le désert n’émeut pas grand monde, à commencer par le Shérif du bled. Et c’est une belle enquête faite de mystère, de fiction, d’un clin d’œil aux Dalton, sans oublier un zeste d’érotisme et une journaliste motarde en short plutôt bien gaulée, que nous propose le trio Corbeyran, Pacheco, Saint-Blancat. Avec même en prime, une escapade vers l’espace avec cette fameuse base américaine dans le désert - qui existe vraiment et dont on parle périodiquement - où des visiteurs d’une autre galaxie seraient précieusement conservés en toute discrétion. Une BD ludique, fantastique, distrayante, plaisante, et instructive qui vaut assurément un très bon polar, mais en plus rapide. Expérience à renouveler. »

Jean-Pierre Tissier

  ** LE FILS DU DRAGON de Jean-Luc Aubarbier

(City éditions). Prix : 18.60 € / 320 pages.